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Bordel … Mr Dupieux, vous allez où là, vers un cinéma de papa ? Bon … okay, je vous l’accorde, c’est un cinéma papounet dans la marge. Bon, assez d’ironie maintenant, c’était seulement une petite attaque piquante, parce-que, tout compte fait, dans ton dernier film, tu as trouvé le chemin du roulement de toute réalité dans le réel ? Quoi ? Comment ?

Projet tenant le plus à cœur, son parcours a était semé de travail d’écriture et de recherche. Chez lui, tout est lié à créer une perception idiomatique telle que ne pas avoir froid aux yeux. Depuis ses clips au milieu des 90’s, et dans mes souvenirs d’enfance, Quentin Dupieux m’a foncièrement fait peur lors de sa première réalisation (malheureusement invisible sur le net) pour Jackson (Dracula’s On A Good Day – 1997). La scène du sac sur la tête d’un personnage hirsute qui mange une bouillie, et le plan du découpage de la main avec une scie, on en ressort pas indemne. Surtout que sa façon de montrer cela, assez surréaliste, et dans l’horreur, est resté longtemps chez lui (la scène du meurtre au couteau dans le Nightmare Sandwiches de Laurent Garnier).

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Après plusieurs clips, il crée début 2000 son premier moyen-métrage qu’il faut dire bien bordélique, amateur et relou au possible. Mais il y a une chose assez singulière chez lui, c’est cette façon de montrer l’étrange dans la banalité du quotidien, de part ses plans, les raccords totalement foutraque, et ses personnages en provenance de fantasme de cinéphile (Steak). Wrong Cops avançait progressivement vers un vrai récit, bien méchant et régressif, mais régit par un amour du cinéma, Réalité pose tout de travers, ou du moins pose la base la plus cohérente de l’auteur.

Quentin Dupieux s’est trouvé dans un scénario qui appelle au désordre, et qui marche sur deux points de vue : celle de la fille Réalité, qui se fait mal comprendre auprès de ses parents quand elle explique qu’elle a trouvé une VHS dans le corps d’un sanglier ; et de l’autre un cameraman d’émission de cuisine, qui rêve de devenir un grand réalisateur de film de genre. Face A & face B, comme un vinyl. Quand tout s’accorde comme un puzzle, les idées, les rêves et le réel sont un tout qui devient de plus en plus drôle et angoissant.

En filmant la folie de la création, il donne un malaise dans le montage, qui devient paradoxalement moins conceptuel que dans ses anciens films (Wrong ; Rubber). Il y a toujours l’exercice de style qui est là (le film dans le film), mais son savoir faire ne tient plus sur un fil. Les scènes avec le producteur sont drôles car jouant sur des tics minutieux, mais au fond, son cynisme reste présent. La musique de Philip Glass accentue l’angoisse répétitif des scènes, jusqu’à perdre la conscience, et là notre.

Quentin Dupieux a trouvé une vraie liberté artistique ici, qui en fait un pur moment de régal cinématographique, curieux et dans la science des rêves. Il y pas de codification qui machine l’habitude des spectateurs de rester passif. La folie de la création, c’est une chose actif, où on peut y laisser les ailes, tout en Réalité.

A propos de l'auteur

Rubrique Musique

Each Finger Has An Attitude, même le plus insaisissable des Fingers. Sinon, j'aime parfois manger des Fingers, et Mr Fingers. Fin de transmission.

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