Biga-Ranx-Night-Bird-Cover-BD

Sorti le 15 mars dernier, Nightbird est le troisième album de Biga*Ranx après « On Time » et « Good Morning Midnight ». Un mois après sa sortie, on a eu le temps de digérer cette très bonne cuvée 2015. Sur la scène de l’Olympia il y a quelques semaine, cet artiste tourangeau comme certains de nous, moderne et éclectique comme notre blog – confirme son grand état de forme et poursuit son irrésistible ascension.

L’oiseau de nuit Biga*Ranx prend son envol sur ce nouvel album. Celui qu’on considérait jusqu’ici comme un jeune prodige s’est emplumé, à force de concerts (il est le 17ème artiste français qui ait le plus tourné en 2014) et de travail comme producteur sous le pseudonyme de Telly. Lui qui est passé par le dancehall, le rub-a-dub, le digital et un reggae plus traditionnel, lui qui sembler tâtonner à la recherche de son propre style s’est trouvé sur ce nouvel opus.

Rasta-robot

Et pour cause, Biga est aux manettes de la plupart des instrus avec Manudigital pour un rendu plus cohérent que sur les précédents opus où les riddims provenaient d’influences éparses. Là, c’est un rub-a-dub mêlé aux sonorités digitales qui émerge, avec un débit toujours plus rapide, diffus et distinct. En plus de moderniser la musique Reggae et de se l’approprier en un registre singulier, Biga s’attelle à la franciser. Pour vous donner une idée de ce nouvel art, écoutez Double Trouble (clin d’oeil à la dinguerie éponyme de M.I.A ?) fusion parfaite entre les influences reggae et le digital, l’un diffusant l’âme de la musique noire des collines ancestrales de Zion, l’autre dispersant la folie technoïde des nightclubs de nos métropoles modernes.

Une autre belle réussite du même genre s’intitule Prison House, dans la tradition des lyrics carcérales de la musique jamaïcaine. Diffusez cette piste sur un bord de Loire et quelques jours plus tard vous verrez des dreadlocks pousser sur les castors résidents des alentours. Le gimmick vocal « wawawa » renforcé par un riddim rétrofuturiste est redoutable de coolitude.

Quand Molière rencontre Sizzla

C’est sur le même titre, Prison House, à 2’10 » que s’introduit le français pour la première fois dans la carrière de Biga. Et ça ne pouvait être mieux réussi : avec une voix caverneuse venue des profondeurs de l’estomac , il sort une complainte toute rastafarienne avec des paroles françaises. On ne pouvait mieux convertir la langue de Molière au lancinements vocaux des vieux rastas jamaïcains. Cela fonctionne très bien aussi sur Keep on Trying qui alterne les idiomes avec un naturel déconcertant.

Mais il y a un revers à la médaille dans la composition de ces quelques vers en français: ça peut vite devenir cul-cul quand pour l’équivalent anglais, le sens aurait échappé à la plupart des auditeurs. Lorsqu’on entend « Ce soir les rudeboys dansent et chantent sous les étoiles…bienvenue dans l’après minuit des bandits et des zombies » d’un featuring avec Big Red dont on attendait mieux, on trouve ça un peu mièvre, limite ados… mais bon cela fait tout de même son effet.

Une dominante Rub-a-Lounge

Pourtant Biga sait être doux sans être doucereux. Nigthbird a son versant intimiste et onirique sur les tracks « Paris is a Bitch » et « Alone » par exemple, une ode à la nuit qui nous berce de son « Rub-a-Lounge », selon le terme donné par l’artiste lui-même à sa musique. Ce registre plus méditatif, un brin nostalgique donne de la profondeur à Biga et surtout, ajuste l’intérêt de ses albums qu’on pouvait, jusqu’ici, considéré comme en-dessous de ces performances scéniques. L’âge de raison, c’est aussi savoir exister sur plusieurs nuances d’émotions et le toaster tourangeau le fait bien.

Quelques jours après la sortie du nouveau Stand High Patrol – dont on retrouve quelques sonorités par ailleurs, comme sur Keep on Trying, « Nightbird » témoigne du bon état de santé du reggae dancehall français. On a hâte de voir les prochaines performances de Biga*Ranx au Free Music Festival à l’issu de laquelle nous espérons nous entretenir avec lui pour une captation vidéo. Stay tuned !

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A propos de l'auteur

Rédacteur Musique et Critique Ciné.

Diplômé en littérature comparée et communication, a étudié la naissance du fantastique en littérature et sa transposition cinématographique ; chroniqueur cinéma et musiques actuelles sur le web.

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