Superpoze revient avec la BO d’un film qui fait rêver. Le film sort aujourd’hui dans vos têtes… Lecture !
Les experts sont tous d’accord pour dire que la scène beatmaking française est dans ses plus belles heures depuis quelques temps. Des villes deviennent de véritables pépinières de talents et ces derniers attaquent la musique et la scène d’une façon nouvelle. À y regarder de plus près, certaines de ces villes ont plus les atouts demandés par une directeur de Thalassa que celui d’un label, et pourtant…
C’est le cas de la ville de Caen, fief du Calvados et de bon nombre d’étudiants normands. Il y a quelques temps déjà, les caennais voient émerger Combien Mille Records. Petit label d’amis qui devient, en un temps record, une véritable usine à releases pêchues et travaillées. Entre deux cris de mouettes rieuses à col blanc et de ce bruit de faisage de mayo produit par les guindes qui viennent taper les mâts des bateaux, on distingue un nouveau son.
Dans les recoins de la rue, un certain Gabriel commence à développer son propre univers musical pour son premier EP. Et là, magie de la Normandie et de la pluie, Superpoze voit le jour et devient, en un temps record, l’un des artistes émergents de la scène caennaise. Son second EP sur Combien Mille confirmera cette position et ira jusqu’à le mettre dans plusieurs avions pour jouer en Europe et au delà. Aujourd’hui Superpoze, c’est donc deux EP à forte recommandation d’écoute, des collaborations avec Kuage – son mystérieux groupe – ou encore avec Stwo et un maxi chez le renard français Kitsuné.
À partir de là, on peut dire que nous sommes en présence d’un mec qui gère. Il connait la musique et on commence à vraiment connaitre la sienne. Alors, quand on commence à entendre parler d’un album, on se tient prêt à écouter une nouvelle fois ce son qui le caractérise. Cette petite invitation au voyage qu’on avait déjà croisé dans ces précédentes releases.
Je reconnais ma médisance. Je pensais Superpoze bon dans un style mais incapable de franchir une quelconque frontière vers de nouveaux horizons musicaux. Mais il est une légende qui dit qu’à chaque éclipse, un mail promo te fera changer d’avis.
Alors que la Lune et le Soleil jouait l’un avec l’autre comme un samedi soir sur Canal abrité par une putain de couche de nuages, la prophétie m’a fait me pencher sur Opening. Nouvelle sortie de Combien Mille orchestrée par Superpoze. Belle surprise que de pouvoir se lancer dans l’écoute de cet album et PUTAIN de grosse surprise que de se retrouver face à cette ouverture dans un style encore inexploré par l’artiste.
Là où les APC, MPD et autres machines semblaient avoir retenu l’attention du jeune caennais, c’est désormais de grands espaces qui s’offrent à nos oreilles. Impossible de ne pas donner à Opening une envie de cinématique. Le “son Superpoze” est loin et l’on se retrouve donc à marcher sur des terres inexplorées avec une musique touchante et vraie qui suit le prolongement de Jaguar – pour ne citer que lui. Ainsi, l’album nous laisse entrevoir un son touchant mais surtout des mélodies enfin osées comme jamais auparavant.
D’aspect concis (8 titres), Opening dégage néanmoins une sacré puissance par les émotions qu’il dégage. Superpoze se la joue strip-tease musical et nous laisse, sans doute, entrevoir un peu plus de son imaginaire. Si cet album n’est que de la musique, il suffit de fermer les yeux pour aller se balader un peu plus loin. Je vois souvent la musique comme une magie de déplacement immobile, un système de téléportation érodé qui ne fait pas bouger le physique et, avec cet album, Superpoze me donne envie de mettre un pied devant l’autre. Simple outil de lutte contre la flemme ? Non. Superpoze signe là un album vrai qui fait bon à entendre. Aussi bien dans les oreilles que dans les idées. À quand le film qui va avec ?
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