Qu’est ce qu’on attend au juste d’une bonne sortie musicale estivale ? Je pense que l’on s’accordera tous pour dire que, dans l’idéal, elle combinerait une certaine légèreté, propre à la saison, ainsi qu’un groove implacable, solaire. Et il me semble avoir trouver le compromis parfait dans la Summer Tape du label Nowadays Records
Et il n’y a rien à redire, l’équipe de Nowadays Records comble aisément ces exigences. Après avoir sorti coup sur coup l’EP « Sauvage » de Fakear, suivi de près par Love For Eva des beatmakers de La Fine Équipe (chroniqué sur ce site), le label nous fait une nouvelle livraison de taille, disponible à prix libre sur leur Bandcamp.
Alors déjà, quand on ouvre une compil et qu’on tombe sur un inédit de Fakear, c’est bon signe. Le jeune Caenais, qui décidément ne semble vouloir s’arrêter de monter, pond ici un fantastique Rapace, à la croisée entre electro-beat franc et puissant et world lyrique. Ce forgeron sonore, frappant avec talent sa MPC au lieu de la traditionnelle enclume, fusionne habilement des instrumentales flirtant délicieusement avec la musique ethnique, des sonorités électro plus âpres et, en guise de vocals, des voix féminines déstructurées et insaisissables. Le rendu est affûté comme un sabre mais toujours aussi aérien, rien à redire.
La suite est assurée par SNKA & Khryo qui calent aussi une bonne claque avec leur Peach oldschool mais surtout rafraîchissant. Une ligne de batterie très propre, un piano jazzy juste impeccable qui se marie tout doucement avec des cuivres tranquilles : la recette d’un hip-hop qui prend le soleil, sentant à plein nez la pool party sous le zénith. Assurément un classique de votre été.
J’attendais La Fine Équipe au tournant, et je n’ai pas été déçu : après une ouverture samplant le fameux hymne de Cypress Hill Insane in The Brain, les quatre beatmakers déroulent tranquillement leur track intitulée Da joint. Le collectif n’a rien perdu de sa maestria : leur son est puissant, une espèce de hip-hop mutant dont ils ont le secret. En déformant tout les codes du genre et en jouant avec des sonorités électro, ils définissent une musique hybride aux influences éclectiques, chargée d’une énergie indéfinissable. Bref, on adore, on en redemande encore et encore.
On enchaîne avec Geteye, une des jolies découverte de cet opus. Le beatmaker, qui a déjà collaboré avec La Fine Équipe, lâche ici un son très frais, léger mais exigeant. Une instru très tranquille pour lézarder sous le soleil dont on abuse avec joie. « Mangrove », le morceau porte très bien son nom pour ne rien vous cacher, l’ambiance tropicale est bien présente.
Et la, sans prévenir, on tombe sur le son de Hoosky qui entame la seconde partie de cette Summertape, dans un registre tout autre. Ce Brandy est fait pour être balancé sur un dancefloor, une rencontre sympa entre une house trépidante et des vocals entêtants à la Pharrel période N.E.R.D. Ça tranche avec ce qui précédait, mais c’est tout aussi sympa. On reste mine de rien dans le thème de l’été, du fun et de l’entrain à revendre.
J’ai par contre été un peu déçu par les trois derniers morceaux. En effet, ils ont comme point commun, qui semble à vrai dire être une des lignes directrices du label, de proposer une musique transgenre et originale, mais pêche, du moins à mon sens, par un manque de propreté et d’accessibilité. Flashlight de Powell Beats est mélodieux et puissant, mais disperse son énergie dans des claviers trop saturés. Gold Crowns de Yann Kesz a le potentiel d’un excellent son, mais il lui manque ce je-ne-sais-quoi pour exploser véritablement : une structure plus audacieuse, une mélodie plus entraînante… Frustrant. Mais attention, ça reste tout de même de la bonne came sonore, il convient de ne pas l’oublier.
MrComb tire quelque peu son épingle du jeu, en proposant en clôture un Cherish The Drum qui mêle audacieusement des chants féminins à des lignes de batterie rapides qui roulent comme le tonnerre. Cette track fait tout de même bien son travail de conclusion, me permettant de finir mon écoute le sourire au lèvre, rafraîchi et enjoué.
En résumé, bien que par moment inégale, cette Summertape reste un indispensable de votre été. Impossible de passer volontairement à côté de cette sortie, alors, si ce n’est pas déjà fait, lâchez tout et foncez sur le Bandcamp ou le Soundcloud de ce label qu’il va falloir suivre de prêt. Et en bonus, si vous avez besoin d’un dernier argument massue, vous soutenez le Made In France musical indépendant et ça, ça n’a pas de prix, surtout si il est d’aussi bonne qualité.
Tiens et puis en bonus on te rajoute même le Summer Mix de La Fine Equipe !
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