SBTRKT (prononcez »Subtrakt » si vous ne voulez pas vous cassez la tête avec un tas de consonnes) est un petit génie de la musique électronique. De son vrai nom Aaron Jerome, il nourrit régulièrement les oreilles d’amateur du genre avec des véritables petits bijoux sonores. Et ça tombe, son dernier album, Wonder Where We Land, sorti sur le label indépendant Young Turks, nous en apporte un nouveau lot.
Rien que la tracklist donne envie : le producteur masqué nous a déjà habitué par le passé à des featurings de qualité (pour n’en citer que quelques un, on se souviendra notamment de sa collaboration avec Little Dragon sur son hit Wildfire, ou encore de ses multiples tracks sublimées par la voix de l’excellent Sampha). Ici, il passe à la vitesse supérieure : sont convoqués sur ce nouvel album Ezra Koening (le chanteur du groupe de pop rock Vampire Weekend), A$ap Ferg ou encore Raury, un jeune rappeur britannique qui monte. On est donc en droit de commencer l’écoute de l’album avec des attentes très élevées.
Et heureusement, il n’y a a aucun moment matière à déception. Construit comme un voyage dans un pays obscur peuplé d’étranges créatures, cet album est une suite sans fin de hits catchys comme pas permis (émaillée d’interludes sobrement intitulés Day 1 et Day 5, à la manière d’entrées dans le journal de bord d’un explorateur).
Après des projets plus homogènes dont nous avions déjà parlé par le passé, à l’exemple de son premier album SBTRKT ou de ses EPs instrumentaux, notre producteur masqué a choisi ici d’explorer un panel musical bien plus hétéroclite. Des compositions flirtant avec le hip hop et l’electro beat côtoient des tracks plus expérimentales, des productions dansantes sont suivies de chansons beaucoup plus calme. Au final, le rendu est inclassable, mais SBTRKT impose sa signature sur chaque chanson, apportant à l’ensemble une certaine cohérence qui devient plus évidente après chaque écoute.
De cet album, qui est très sûrement l’un des meilleurs de la rentrée musicale, où l’on retiendra quelques pistes qui se démarquent : outre les très attendues collaborations dont l’on a parlé plus haut, qui remplissent toutes leur promesses (Voices in my head nous révèle un A$ap Ferg plus sensible et technique que jamais, Higher démontre que Raury est vraiment un rappeur au flow tranchant comme un sabre, le New dorp New York avec Ezra Koening est déjà un hit), j’ai été agréablement retourné par Temporary View, où l’on retrouve la grande voix de Sampha, l’étrange et inquiétant Look Away avec Caroline Polachek ou encore Lantern, une instrumentale très dansante.
En résumé, voilà un album dans lequel il convient d’investir. Pour finir de vous convaincre, programmez vous une écoute intégrale au casque dans une pièce peu éclairée, de préférence sous une épaisse couverture, en vous laissant porter par l’enchaînement des titres : sensation garanties ! On attend déjà la suite avec impatience.
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