Dans un futur qui ne semble pas si éloigné, une pluie de poussière s’abat sur la terre et annonce une extinction imminente . Matthew McGonaughey est un ancien pilote de la NASA au visage bruni par la pruine qui va tenter de sauver l’humanité en tentant un ultime voyage interstellaire.
Christopher Nolan n’en est pas à ses premières expérimentations du côté des blockbusters qu’il travestit avec plus ou moins de brio vers un cinéma plus cérébral. Avec The Dark Knight, il subvertissait la figure du super-héros et épaississait les traits de caractère d’une figurine lisse ; dans Inception, il faisait du Freud à la sauce holywoodienne. Interstellar est un détournement de space-opéra adapté à des considérations métaphysiques et à des spéculations fondées sur la physique quantique.
La relativité et la distorsion du temps est pour cet opus le gimmick que Nolan s’est amusé à trituré pendant presque trois heures. Une idée géniale et purement cinématographique qui met en scène des spectres communicants avec eux même à travers des rapports spatio-temporels différés. Qu’est-ce autre qu’une bobine projetée sur un écran blanc ?
Tiraillé entre son goût pour l’introspection et sa passion pour l’action et la mise en situation d’angoisse, Nolan peine à trouver l’équilibre. Le film qui s’étend sur 3h aurait bien pu en durer la moitié, s’il n’avait pas cette manie de la pyrotechnique et des effets spéciaux grandiloquents. Il en était de même dans Inception, dont la brillante idée de scénario était sabotée par d’excessives et inopportunes scènes de fusillades et de courses poursuite.
Et comme dans tout blockbuster made in USA, vous n’échapperez pas à l’héroïsation christique du personnage principal en sauveur sacrificiel de l’humanité, vous prendrez du Star-Spangled Banner plein les yeux, vous aurez des séquences émotions tire-aux-larmes foireuses (notamment une scène de retrouvaille vraiment ratée) mais pour une fois, vous ne verrez pas, mais même pas fugitivement, une seule scène d’ébats amoureux. Jessica Chastain reste habillée pendant tout le film.
Autre dualité en filigrane de cette bobine, le réalisateur filme le tourment de tout scientifique et de tout humain civilisé, déchiré entre son objectivité et sa subjectivité, le combat intérieur et tragique de ses passions et de sa raison. Quelques unes de ces illustrations sont magistralement données à voir comme dans ce plan général en plongé de deux éminents ingénieurs missionnés pour sauver l’humanité, se battant sur la banquise d’une planète désolée et givrée, animés par l’instinct de survie. Il y a là quelque chose de mythologique qui rappelle l’homme à ses origines quand bien même il aurait quitté son foyer à des milliers d’années lumières de chez lui.
En somme, il y a quelques étincelles brillantes dans ce film, trop vite étouffées par du gros bois grossier. Mais on ne peut lui ôter son mérite de nous pousser vers des réflexions culminantes à des sommets délirants et poétiques. Le trappeur d’images vous invite d’ailleurs à vous plonger dans cet entretien avec le paléontologue Yves Coppens réalisé par les Matins de France Culture qui se projette plus rationnellement sur l’avenir de l’humanité.
« L’humanité se prépare à un avenir plus extravagant que n’a été son passé »…
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