Le MC le plus irrévérencieux du Rap Jeu sort enfin son premier EP, NQNT : après deux mixtapes et plus d’un an de retard par rapport à la première date de sortie annoncée, on peut dire qu’on l’attendait celui-là !
Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, il convient de présenter ce rappeur atypique qui sort peu à peu de l’anonymat qu’implique l’underground, notamment grâce à internet. Originaire d’Aulnay-Sous-Bois, il a commencé à se faire remarquer il y a une poignée d’année grâce à ses collaborations avec (entre autre) Georgio et les Lyonnais de L’Animalerie.
Gros kickeur armé d’un flow puissant, il se démarque surtout à l’aide de ses lyrics complètement décalées : ses textes subversifs dessinent en creux un personnage torturé aux tendances psychotiques et dépressives. « J’suis pas sûr d’être fait pour vivre dans la moyenne » clâme-t-il dans Journal Perso, une de ses tracks les plus intimiste, extraite de sa mixtape NQNTMQMQMB.
Ses références vont du film d’horreur de série B à la pornographie (il a récemment affirmé dans une interview donnée à l’Abcdr qu’il était plus influencé par les vidéos X qu’il regardait que les sons qu’il écoutait, étant donné qu’il gratte beaucoup entre deux pornos), ce qui donne, comme on peut s’y attendre, des textes un peu glauque. Citer dans un même son Lisa Ann et Michael Myers ne lui pose aucun problème, bien au contraire. Vous commencez à cerner le personnage ?
Avec NQNT, VALD persiste et signe : en plus de quelques tracks qui tournent sur Youtube depuis un moment (Autiste, Smiley ou encore Shoote un ministre que l’on ne présente plus), l’on trouve sur cet EP de très bons inédits. Le très entraînant Par Toutatis, dont le refrain résonne comme un mantra, est une des perles de ce projet. Notre MC y déroule sur un gros beat trap une suite d’egotrips complétement décalés dont lui seul à le secret, du style : « Chaque anniversaire j’ai de nouveaux MC’s pour mon dessert, je vais finir obèse débile et hautain« . Un véritable délice.
Toujours dans l’egotrip, mais dans un genre différent, Sullyvan est aussi plutôt marrant : se prenant l’espace d’un instant pour Eminem, VALD nous présente son Slim Shady à lui (bien qu’il refuse l’amalgame, le rapprochement est trop facile pour ne pas être fait), qu’il introduit en ces termes : « La légende veut que Sullyvan ait au moins 300 ans, qu’il laisse les blarf’s en sang ». Charmant, et très divertissant !
On retiendra aussi Vie de Cochon, un texte très sombre posé sur une prod plutôt douce qui narre les déboires d’une génération perdue, qui passe plus de temps à regarder des vidéos de bondage (on en revient encore au porno, décidément) entre deux cuites qu’à véritablement vivre. Cette thématique de la jeunesse en pleine déliquescence hante tout NQNT, et plus globalement la plupart des tracks de VALD : elle se devine dans Aulnay Sous Bois, portrait de la cité d’où il vient, ou encore dans PF ou CQFD (les deux bonus tracks, bien sympa). Chez VALD, l’ennui et la déprime mènent à la déviance.
En conclusion, on a la un excellent premier projet, qui, on l’espère, inaugurera une grande carrière pour ce MC qui commence vraiment à faire ses preuves. Et si certain regrettent déjà ce qu’ils apellent « L’ancien VALD », lui reprochant, entres autres, de trop s’aventurer dans des expérimentations trap et de s’éloigner de son côté amateur un peu brouillon (normal quand on enregistre ses sons dans sa chambre), notre rappeur à une réponse toute prête pour eux : « Sache qu’on suce pas V parcequ’il sent le fric, je fais pas de tube Espagnole à la Gusta Me »
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