1076866_dangelo-devoile-un-black-messiah-magistral-web-0204029704639

Tu te rappelles de ce clip filmant un type torse-poil en plan américain et traveling circulaire hypnotique et lascif ?  Ces mêmes pecs chocolats bien gonflés dont Diam’s rêvait (avant l’épiphanie d’Allah) pour son « Mec Mortel ». Oui, D’Angelo. Eh bien le type n’est pas mort. Il a sorti son nouvel album « Black Messiah » le 15 décembre.

Ou plutôt, le crooner n’est plus mort. Comme le Messie, il a ressuscité après avoir touché le fond.  Petit récap : D’Angelo déboule sur la planète Rythm and Blues en 1995 à 21 ans avec le tube intergalactique Brown SugarLa démonstration vocale et rythmique rassemble un million de fidèles derrière lui, qui le suivront en 1998 et 2000 pour ses deux prochains.

Le garçon a tout pour lui, une panoplie de voix déclinant toute la gamme pré-existante de la soul américaine, de Steevie, à Al, en passant par Marvin et Prince ; une plastique d’éphèbe et une prose romantique et délicate : « I’d love to make you wet In between your thighs (chaud) cause I love when it comes inside you (très chaud) / I get so excited when I’m around you (à la limite de la prédation sexuelle) ».

Il en résulte que la terre entière prend pour cible sa braguette et son nom est inscrit au sommet de toutes les listes des garden parties du globe. Schéma classique : le bonhomme ne supporte pas cette extrême popularité et le voilà qui sombre dans la drogue, l’alcool et le jardinage nocturne. Comme quoi, avoir deux aimants à la place des couilles n’est pas si enviable. Quelques paparazzi témoignent de cette déchéance en sortant des clichés d’un panda obèse d’un demi-quintal qui n’est autre que D’Angelo avec de l’eye liner dégoulinant jusque sur des pommettes enfouies sous une couche de graisse d’ébène. (c’était la minute people/oops)

An American story

Aussi banal qu’un scénario d’Hollywood, D’Angelo va plonger dans l’ascèse pour sortir la tête de l’eau. Si on se met sur la pointe des pied pour déjouer la muraille qui protège la vue du centre de désintoxication d’Antigua, on peut apercevoir l’afro-barde claquant des pompes, suant à grosse goutte pour détruire cette beude qui frotte le sol. Y paraît même que l’artiste s’usent les doigts à la guitare en répétant tout le jour. A contrario d’un bon blockbuster américain, la rédemption ne dure pas 120 minutes mais 14 ans. Décembre 2014, revoilà Jésus et ses litanies enchanteresses.

Ain’t that easy ouvre l’album ; quelques notes de basse sourdes et une voix enrouée sortent du marasme dans lequel D’Angelo était englué pendant toutes ces années. On voit se matérialiser devant nous le Golem qui s’arrache à la glaise et fait soudain irruption au monde, brute, confus, sauvage, mais de nouveau là, retrouvant un swing renaissant.

La prochaine piste, 1000 deaths porte le message d’une prédication messianique. On reconnaît le rock viril mâtiné d’une douceur soul propre aux compositeurs de cet album, les fabuleux The Roots.

Sugah Daddy signe un véritable retour du D’Angelo des origines, une instru latine et jazzy, une déclinaisons de 4 ou 5 voix différentes parcourant les champs du possible en matière de Soul Music, un flow dédalique et nonchalant …

Aussi iconoclaste que par le passé, le nouvel album de D’Angelo reprend les codes de la funk, de la soul, du RnB ; les étire ; les distend ; les pousse à leurs limites et les redéfinis. Come Untitled pouvait l’être, Black Messiah est sans âge, expérimental et visionnaire.  La définition d’un classique, quoi. C’est le cœur d’un barde ultra-sensible et excentrique qui nous est donné à entendre avec Black Messiah. On en raffole.

D’angelo sur le net

Facebook // Youtube

A propos de l'auteur

Rédacteur Musique et Critique Ciné.

Diplômé en littérature comparée et communication, a étudié la naissance du fantastique en littérature et sa transposition cinématographique ; chroniqueur cinéma et musiques actuelles sur le web.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.