On pourrait définir une compilation comme la sélection de multiples fragments qui, mis côtes-à-côtes, dessinent l’ébauche d’un objet, d’un genre.
C’est un exercice de style très délicat. Il convient en effet de produire un objet qui balaie un spectre assez large pour prétendre cerner un tant soit peu le sujet étudié, tout en évitant de se disperser en proposant trop d’éléments disparates.
Au niveau du contenu de la compilation en lui-même, il faut parvenir à consilier l’objectivité nécessaire à la constitution d’une collection relativement exhaustive avec une subjectivité maîtrisée, sans quoi le rendu ne saurait être autre chose qu’une liste quelque peu rébarbative.
Dans 1Ø1, première compilation de On And On Records, 20syl (qui accumulait déjà les casquettes de MC, producteur et turnbalist) s’invente ici chef d’orchestre, proposant au grand public le meilleur de ce qui se fait en beatmaking actuellement. Voilà que s’empilent sur un seul projet des noms bien connus de nos lecteurs (plus ou moins assidus) : Jumo, Yann Kesz, Phazz…
101 c’est avant tout des chiffres vertinigineux. A savoir, 23 pistes de 23 beatmakers différents venant de trois continents différents (13 projets Français, 2 Japonais, 2 US, 2 Allemands, 1 Suisse, 2 Canadiens et 1 Belge). Au total, 1 heure, 26 minutes et 14 secondes de beat.
Pour ce qui est des titres, on a nos petits préférés.
Le hold-up trapesque de Yann Kesz, qui clot le projet, est une bombe en puissance. Intitulé Low Frequency, il est indéniablement taillé dans le club, on ne demande qu’à le voir exploser en live.
On a aussi été envoûtés par les synthés de Nikitch sur Hood & Pearl, démolis par le powerfunk tapageur de Shash’U, transportés par le groove inimitable de Freddie Joachim avec A Change We Need. Que du bonheur.
La force de cette compilation, c’est de réussir à transcender les qualités individuelles de chacun des fragments qui la composent pour créer un tout inoubliable. Un must-have du genre, à mettre entres toutes les mains.
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