Minuit. Temps pas trop dégeulasse par rapport aux prévisions de Maïtre Romejko. La voiture fait route dans la nuit pour regagner la ville après une dernière sortie à la plage. Tout se passe bien et en dehors des quelques pa*****ns qui n’ont pas le même code de la route que nous, on est OKLM. Soudainement, on s’arrête pour admirer un orage qui commence à se faire plaisir au loin. Une petite recherche plus tard et on se rend compte qu’il est à 100 bornes de nous. Une fois la pause finie, on reprend la route sans plus vraiment savoir quoi écouter. Les radios se déchaînent pour nous faire vibrer sur les sons merdiques de l’été et l’autoradio n’attend que la galette qui fera la fin de la route : Knockin’ Boots de Julio Bashmore. Un CD reçu quelques heures avant le départ.
Dès les premiers instants, tout le monde pige que Julio Bashmore a changé de style pour son premier album. Il est loin le temps des Boiler plutôt pointues et de son mythique Battle For Middle You qui fait vibrer les têtes. Et non, ce coup ci, le producteur de Bristol revient à ses premiers amours avec un long format qui piochent dans des influences et des noms que tout le monde connaît : Cassius, Daft Punk et consorts.
Le titre eponyme – Knockin’ Boots – met tout le monde d’accord. Julio repart en arrière avec un sample savamment choisi. Ce sont les voix Jones Girls de 1980 qui ouvrent l’album avec un titre teinté de soleil. La flagrance du retour se fait surtout sentir avec Holding On.
Début chaloupé et doux avec un DJ friendly qui lui vaudra de se retrouver dans pas mal de sets. C’est de la funk à l’ancienne avec un mastering contemporain et, même si l’autoradio n’est pas passé sous les mains de Maître Jacky, les enceintes de la tuture frémissent à la voix de Sam Dew et ce sample de Keith Sweat. C’est du neuf avec du vieux sans pour autant tomber dans une enième tentative de brocante ou de sampling de pute.
Julio a la touche en plus pour nous faire plaisir et choisi ses échantillons avec maîtrise comme avec Plaza que l’on entend dans She Ain’t. Le morceau fait clairement revivre la vague disco des belles années pour le plus grand bonheur de notre pilote qui s’enjaille au volant avec un solo de klaxon.
La suite de l’écoute nous réserve de belles surprises avec des chanteurs parfaitement choisis. Après Sam Dew, c’est le tour de Bixby qui fait revivre la house soulful sur Let Me Be Your Weakness et J’Danna qui donne une touche plus sexy que jamais. Plus tard, on croise Seven Davis sur un morceau qui aurait sa place à la place des merdes débitées à l’heure sur les radios qu’on entend trop souvent.
Mais Julio ne s’arrête pas là. Non, surtout pas. Il reprend les commandes de son album pour l’emmener encore plus loin dans les genres et laisse transparaitre, au fur et à mesure, son style néo-avant-gardiste du futur sur certains titres aux hi-hats acérés.
Vient alors Umuntu. Le son le plus significatif pour illustrer l’exemple des mélanges que Julio a mis dans ce premier album. On se retrouve ainsi bercé par un Kleer vieux de 36 ans et une rythmique garage plus récente, le tout avec le flow du rappeur sud-africain Okmalumkoolkat qui, soyons honnête, n’est pas dans nos artistes les plus écoutés.
Les fans de Jessie Ware se retrouveront avec la voix de J’Danna qui s’amuse à nous faire croire qu’on a changé de CD sur un Simple Love plus doux que du coton lavé avec l’assouplissant de l’ours pédophile. Après un passage dans les rythmiques africains, c’est d’ailleurs cette voix qui refermera l’écoute de cet album avec You & Me. Message de paix non, mais d’amour.
Au final, Julio Bashmore nous livre un album qui souligne la simple joie de la dance-music à travers les styles. Tantôt dans les 80’s, tantôt dans les années 2000, Julio livre un album quasi-intemporel et résolument plus soulful que ce à quoi on s’attendait de sa part tout en gardant son savoir-faire. Et, malgré des samples à la « Dance Dance Dance with me » qui font tomber l’album dans quelques clichés, les pantalons pattes d’eph de Julio resteront l’une des surprises de l’été.
Je ne trouvais pas de vannes pour signer l’article. Rien de drôle ou simili-méchant.
Alors, je vous souhaite une bonne rentrée sans vous dire que je suis encore en vacances.
Pieral Amer
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