Pour commencer, on demandera a notre lectorat d’accepter l’axiome suivant : Ocho est le seigneur incontesté du Chopped & Screwed hexagonal (il suffit pour s’en convaincre de faire un tour sur son Soundcloud, rempli jusqu’au débordement de remix affreusement géniaux). L’on profitera que les haters soient occupés à grattouiller leurs boutons de fièvres en vociférant pour poser la seconde base de notre raisonnement : la Mafia 667 est sûrement le meilleur poss français en activité.
Par conséquent, si le premier sort une mixtape d’une trentaine de morceaux choisis des seconds accompagné de quelques unes de ses productions, l’on se retrouve devant un objet nécessairement majeur de l’histoire des Arts. Vous pouvez d’ors et déjà rajouter la date de sortie de ce projet (le 31 octobre 2015) sur vos frises chronologiques, au même titre que le jour où Ademo a vendu sa première barrette ou celui où Booba a acquis son roulleau de dolls fétiche.
On ne va pas se mentir, les yakuzas de la Mafia 667 ont la capacité de moissonner tout le bétail qui nous sert de scène rap, sauf qu’ils sont trop occupé à marmonner des incantations occultes en se flagellant les omoplates à coup de boyaux d’ovidés pour s’intéresser à des futilités comme un plan com ou des sorties commerciales. Du coup on ne peut que les juger sur leurs sons ; je ne vais pas vous mentir, c’est plutôt agréable de ne pas avoir à se farcir des comptes rendus de beef ou des replays en 180p d’On N’est Pas Coucher pour préparer un article.
Le seul mec de ce clan qui a quelque peu fait parler de lui ces derniers temps, c’est Jordee (a.k.a Lestat de Lyoncourt, le blaze d’un personnage d’Anne Rice, une rockstar bisexuelle de la Nouvelle-Orléans qui se trouve accessoirement être un vampire ), présent sur la tracklist de la tape de Weedim (Boulangerie Française), qu’il a marqué au fer rouge. Difficile d’oublier cette voix d’éphèbe accro au PCP qui enchaîne invocations démoniaques et référence toutes plus habiles le unes que les autres aux nombreuses drogues qui bouillonnent dans son sang.
Pourtant, les autres acolytes de sa secte ne sont pas déméritant. Pour ma part, j’ai un gros faible Zuukou et son banger Jouer Avec les Sirènes (que j’ai eu le plaisir de découvrir tartiné de flanger sauce codéine par maître Ocho dans la mixtape), peut être simplement parce qu’il convoque la mémoire du grand Oh Dae-Su sur une instru qui semble tout droit sortie d’un remake X d’Harry Potter.
Mais la force de la Mafia 667 c’est leur pouvoir de coordination. C’est quand ils conjuguent leurs pouvoirs noirs en kickant tous ensemble sur un même morceau qu’ils sont le plus marrants. Ils inversent même le fameux théorème qui veut que plus il y a de rappeurs d’une même équipe sur un morceau, plus celui-ci sera mauvais. Quand les deux bougres cités plus haut sont rejoints par Freeze Corleone, Osirus Jack, Norsace Berlusconni et compagnie, le rendu est de taille. Ne boudez pas les autres membres de la Mafia, leurs fourberies en solitaire valent aussi clairement le détour.
Difficile de chroniquer plus avant une tape aussi dense, il y’a vraiment matière à se faire fondre le crâne. Tout ce que je peux faire, c’est vous encourager à aller la choper de ce pas : elle est téléchargeable gratuitement, vous n’aurez même pas à taper sur votre budget conso pour la saisir.
Facebook // Twitter // Soundcloud // Bandcamp // 667
Laisser un commentaire