Après le succès relatif d’Insaisissable et sans doute en manque d’idées quant à des scénarios de films estivaux, Hollywood nous sert cette année la suite de sa franchise avec un deuxième long métrage sobrement intitulé dans la langue de Shakespeare : Now you see me 2 (notez la subtilité du jeu de mots, c’est à peu près ce qui caractérise tout le film). Si le premier opus restait un divertissement agréable, sans grandes prétentions, que dire du second ?
Le synopsis des deux films reste simpliste : une bande de joyeux lurons magiciens a comme objectif de se servir de ses talents pour révéler la vérité sur les grands de ce monde et en profiter pour vider leurs comptes en banque lors de spectacles dont l’esbroufe n’a d’égale que l’irréalisme. Le dernier né fait ainsi sur le même schéma que son grand frère et propose une architecture ultra classique, malgré la tentative d’un scénario à tiroirs, et le tout se ressent comme un vaste Ocean’s Eleven auquel on aurait ajouté une baguette et un haut de forme.
Mince différence du côté de la caméra, Jon M. Chu vient prendre la relève de Louis Letterier, ce dernier ne figurant au générique qu’en tant que producteur. On ne peut pas dire que l’écart soit notable tant le tout s’avère aseptisé. La réalisation reste pour ainsi dire en tout points identique et malgré la relative lisibilité des scènes d’actions, le tout mise encore une fois sur les seuls effets spéciaux comme garants de la réussite des tours de « magie ». Si le concept n’est pas inintéressant en soit, le fait d’exploiter les capacités techniques du cinéma pour mettre en scène des tours de prestidigitation, il est finalement peu ou mal exploité.
Pire encore, le scénario, très simpliste dans son ensemble, essaie d’emprunter des chemins dangereux pour ce qui se réclame être un divertissement estival. Ainsi, il est tantôt ultra poussif et pédagogue, prenant le spectateur par la main et lui expliquant bêtement ce qu’il se passe à l’écran, et tantôt à twists maladroits. En effet, à plusieurs reprises Insaisissables 2 pense tromper son monde et instaurer suffisamment de mystères pour surprendre l’audimat en fin de séance. C’est hélas peine perdue tant l’écriture vire dans le cliché et que le moindre rebondissement est attendu. Sur le même terrain, le film essaie de justifier ses énormes incohérences (surtout avec le premier opus!) en les déguisant en tours de génie. De là à dire qu’on prend l’audience pour des débiles, il n’y a qu’un pas. Soit les scénaristes ont joué la carte (notez le brio) du culot maximum, soit le public visé est clairement composé de ramollis du bulbe ayant un QI ne dépassant pas celui d’une huître.
Côté casting, peu de surprises encore une fois, on retrouve les efficaces Woody Harrelson et Jesse Einsenberg. Lizzy Caplan vient rafraîchir un peu le tout. Si elle est distrayante, le manque de profondeur de son personnage reste son point le plus marquant. Une belle mention à Daniel Radcliffe, toujours aussi habile dans l’interprétation de ses rôles. Il fallait un certain second degré pour passer du sorcier à la cicatrice à la bande de magiciens modernes et il prouve une fois de plus qu’il ne s’est définitivement pas arrêté à Harry Potter.
Au final, malgré quelques petites idées ça et là, Insaisissables 2 vient s’embourber dans la facilité, dans une écriture pauvre et dans une idée très mal exploitée. En terme de films « magiques » on ne saura alors que trop recommander « Le Prestige » qui, loin de la superbe des effets spéciaux, vient nourrir son histoire d’un suspens véritable et d’un scénario soigné, ce dont ne peut malheureusement pas se prévaloir le long métrage de Jon M. Chu.
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