La musique de Pavane est synonyme d’évasion mais en réalité c’est bien plus que ça.
Une envolée majestueuse, une « Echappée » belle comme le disait si bien leur premier EP. La musique de Pavane est synonyme d’évasion mais en réalité c’est bien plus que ça. C’est ce que nous pouvons ressentir en écoutant leur second opus « ppp » sorti le 16 septembre dernier.
Histoire d’une passion mais surtout de famille. Composé de deux frères, Damien et Ronan Tronchot, le duo s’équilibre parfaitement bien mélangeant le classique à l’électronique. Cette symbiose parfaite, nous la retrouvons à travers cet album alliant douceur et violence dans « Percée », avec les boucles de synthé créant une ambiance dark tout en laissant apercevoir l’espoir à travers les instruments classiques. Quand à « ppp » et « Pelléas » , elles atteignent des sommets en nous emmenant dans les tréfonds de notre être, voguant entre mélancolie et nostalgie, ou chaque notes de musique est une surprise.
Et n’oublions pas « Plumes » dominant et surplombant ce nouvel EP avec brio. Tout au long de la chanson des notes de piano, ainsi que de la flûte traversière pour annoncer cette traversée musicale et pour adoucir les aspects les plus sombres de l’électronique. Pas de répit donc pour l’ennui, Pavane nous étonne autant par leur maîtrise de deux mondes au antipode l’un, l’autre : le classique et l’électronique. En les associant, ils dévoilent leur proprestyle, leur signature musicale, en créant ainsi l’apothéose parfaite. Un coup de cœur approuvé par la rédaction de Davy Croket.
À l’occasion de la sortie de leur second EP « pppp », nous sommes allé à la rencontre de Damien Tronchot (l’un des membres de Pavane) pour connaître les dessous de ce groupe aux allures mystérieuses.
Vous êtes de retour avec un nouvel opus, 2 ans après la sortie de votre Echappée. Comment s’est passé la conception de ce second EP et quelles ont été vos inspirations et vos muses pour l’élaboration de celui-ci ?
Le premier morceau travaillé était « Plumes », il existe depuis le temps des premiers live de l’EP, du temps où je projetais déjà de renforcer la présence d’une guitare et d’une batterie dans le projet PAVANE. Il est parti d’un trait de flûte de Ravel, de Daphnis et Chloé. Puis Percée est arrivé, avec l’envie de triturer le son, de travailler sur la présence de souffle, j’étais dans une période plus sombre et « sérieuse ». J’ai voulu décomposer ce morceau en plusieurs parties et en faire une longue fresque, j’avais beaucoup de matières, différentes mélodies. L’été 2015, j’ai travaillé à la campagne, chez mes parents, en vacances avec ma femme et mon fils. J’avais installé mon studio dans une pièce en haut, au fond de la maison, j’ai fait Pélléas et ppp, deux morceaux plus doux, plus « émerveillés ». Nous étions en Bretagne , près de Rennes et allions nous ballader en forêt dans un lieu dans lequel je vais depuis l’enfance : le Boël, près de Guichen. C’est là qu’a été prise la photo de la pochette. J’étais parti pour un album, d’autres morceaux sont nés à cette période. Mon emploi du temps 2015-2016 m’a forcé à reporter le projet d’album. J’ai travaillé la réalisation de l’EP de Tim Dup, et nous sommes passés du duo au trio pour le live. Cet EP est une sélection de morceaux parmi mes travaux en cours pour compléter notre live en trio.
Quels sont les différences majeures entre le premier EP et celui-ci ?
Pendant la conception du premier EP , je ne pensais pas du tout à la dimension live. Je continuais à faire de la musique chez moi comme je l’ai toujours fait, mais sans penser que je devrais la jouer en public. Ce deuxième EP est beaucoup plus proche du live, de l’idée de jouer les morceaux avec notre trio. C’est aussi un EP un peu plus « rock », plus sombre, plus dans l’idée de l’aventure. La pochette est censée évoquer cela.
En live, comment opérez-vous sur scène ? Quels sont les changements entre le studio et la représentation ?
Le studio, c’est moi tout seul. Je joue de tous les instruments, les drums sont des samples découpés dans des boites à rythmes, les lignes de synthés proviennent de mes synthés hardware et le piano de mon piano droit dans le salon. En live nous reprenons les différentes couches et les arrangeons pour se les répartir en trio. Quelques lignes de synthés ou de piano deviennent des traits de guitare. Le batteur rejoue les samples à sa manière et garde certains sons dans un sampler qu’il joue à la baguette. Je garde des lignes de piano et synthé, les samples de musiques classique et la basse, au synthé.
Accordant beaucoup d’importance au visuel, est-ce que nous aurons la chance un jour de pouvoir entrevoir la musique de Pavane en clip ou allons nous encore fantasmer ces mélodies dans les tréfonds de notre imaginaire ?
Mon frère Ronan a fait un clip pour « Plumes ». Il est simplement parti avec quelques plumes en forêt pour les filmer virevolter dans le vent. Mais , je ne suis pas plus pressé que ça de voir des clips sur ma musique. Car je la vois comme une sorte de musique de film sortie de son contexte, je l’aime sortie du contexte, pas forcément besoin de la réduire à seulement quelques images. Par contre j’ai envie de concevoir des futures musiques au sein de projets de films qui peuvent prendre la forme de clips. Des projets où la musique et le film se feront en parallèle, en collaboration avec un réalisateur. Plusieurs idées germent avec Ronan, qui est aussi réalisateur. J’ai une seule conviction : c’est que les timbres des synthétiseurs prennent des allures différentes selon les couleurs auxquelles ont les associe, et selon le niveau de saturation de ces couleurs. J’aime les paysages saturés de couleurs, j’aime aussi l’animation et le stop motion. J’ai toujours conçu mes morceaux de façon abstraite, par « envie spectrale », mais rarement par envie thématique. Je suis en train de changer à ce niveau là, et je cherche des inspirations plus concrètes, des combats idéologiques, comme l’écologie. C’est dans cet élan que j’ai envie de concevoir un futur album.
Que pouvons nous retrouver dans le baladeur de Pavane ou quels sont vos coups de cœur musicaux du moment ?
En ce moment : Kaytranada, Rival Consoles, James Blake, Bon Iver… Je reviens sur certains projets comme Gorillaz et réécoute énormément de musique de film notamment des films fantastiques, du James Horner, du John Williams. Je reste fasciné par Debussy, Ravel, et plus globalement par leur époque en France. J’ai découvert l’année dernière Déodat de Sévérac, un pianiste basque du début 20ème, avec des mélodies très tendres et parfois atypiques. J’attend le nouveau Yann Tiersen, qui me semble être un piano solo, car j’ai entendu des extraits fabuleux. Les éternels : Boards Of Canada, Daft Punk, Air, Sebastien Tellier, Radiohead. Sinon j’écoute beaucoup de musique baroque pour l’orchestration, la luxuriance des timbres des instruments de l’époque : du Rameau, du Haendel.
Pour les inconditionnels de votre musique ou les fan-addict, pouvez vous nous dire quand aura lieu vos prochains concerts ?
On sera à Nantes le 20 octobre, à Lorient le 8 Novembre pour les indisciplinés et une date Parisienne en novembre normalement.
Un dernier mot aux lectrices/lecteurs de Davy Croket ?
Venez nous voir en live en trio, nous essayons de créer quelque chose différent du disque, plus puissant et immersif. J’ai choisit volontairement de ne pas jouer en solo, mais c’est un vrai défi de trouver des dates en groupe avec cette musique ! Je remercie tous les professionnels, programmateurs et médias qui nous soutiennent et qui font vivre le projet.
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