« 20 ans de carrière, je n’ai jamais reçu de Victoire de la musique. Je n’en ai rien à faire, je peux remplir Bercy parce que j’ai un public… »
Après un long moment d’attente pour les amateurs de vrai rap, il est grand temps de se faire plaisir en jetant une oreille sur le projet du Boss des Boss. Tout le monde sait bien de qui je parle. Effectivement, le taulier, Kery James, revient en grande forme avec un nouvel album intitulé « Mouhammad Alix ».
« Ils font des singles, je fais des classiques. Vole comme un papillon, pique comme une abeille… »
Pour ceux qui auraient raté le coche de ces 20 dernières années, je vais vous faire un petit récap de la traversée de ce grand monsieur dans le monde du RAP. De son vrai prénom Alix, et fier de ses origines, il est un grand défenseur de son département le 94 mais est également beaucoup impliqué dans le développement des jeunes dans les banlieues. C’est en emménageant en cité avec ses parents et se laissant entraîner par la rue qu’il découvre le hip hop (autant la musique que la danse).
Ce style devient vite important pour lui et il se met alors rapidement à écrire ses propres textes et ainsi à travailler dès son plus jeune âge, avec de grands noms comme Mc Solaar (Morceau – Ragga Jam sur l’album « Qui sème le vent récolte le tempo »). Vers 13 ans il fonde le groupe Idéal J(unior) avec 3 potes (Teddy Corona, Selim du 9.4 et Jessy Money). Ils pourront compter sur les talents du regretté Dj Mehdi pour leur donner un coup de pouce niveau instru.
Après une montée en puissance avec l’album « Le combat continue » Kery lâche le rap, manque de basculer du mauvais coté de la rue et décide de se convertir à l’islam, tout cela dû à l’assassinat de son ami Las Montana. Il revient néanmoins en solo en 2001 avec « Si c’était à refaire » en prenant la tendance à contre courant et proposant un rap conscient.
Il est donc depuis reconnu dans le monde de la musique pour pouvoir proposer du rap conscient tout comme du rap hardcore en passant par tous les styles. On a pu, grâce à ça l’entendre à travers sa carrière aux cotés de la Mafia K’1 Fry (comme membre à part entière), tout comme le voir chez Michel Drucker chanter son titre « A l’ombre du Show-business » en featuring avec Charles Aznavour…
« La rue me murmure : « Kery tue-les ! Reprends ta ceinture, fais les capituler…»
Après s’être absenté quelques temps, il revient aujourd’hui avec ce magnifique projet. Mouhammad Alix : On peut reconnaître ici, une allusion à son prénom mais également au grand boxeur Mohamed Ali. Allusion que l’on peut retrouver sur la pochette de l’album tout comme dans le clip du même nom, mais également dans cette phrase très connu du sportif « vole comme un papillon, pique comme une abeille ».
Pour ce grand retour en force, il a su s’entourer de noms bien connus comme Youssoupha, Lino ou encore dans un autre registre, Fadda Freddy. Mais aussi des noms moins connus mais très prometteurs comme Toma, NOV, Cleo…
On retrouve à travers ce projet, le Kery égal à lui-même passant du rap conscient à du rap plus brut, mais toujours avec des textes engagés et très bien écris posés sur des instrus précises et très bien travaillés. Des sons sur lesquels vous pourrez retrouver des allusions à ses anciens classiques au sein de la Mafia, tout comme ses plus gros succès en solo mais également à ses origines qui le pousse à écrire et s’investir dans tous ses projets (même autres que musicaux).
« Échouer, ou réussir, mais au moins tenter sa chance. Moi je dis que plus le combat est grand, plus la victoire est immense.. »
Le morceau qui nous a le plus régalé sur cet album est bien celui sur lequel il a invité Le Prim’s Parolier et Monsieur Lino : Musique Nègre ! Même si entre nous, on a tout autant apprécié des morceaux comme : Vivre ou mourir ensemble, N’importe quoi, Ailleurs ou Mouhammad Alix.
Pour Musique Négre, c’est une ode à leurs couleurs ébènes, tout ça sur des paroles dures pour se faire entendre. Mais le sens premier de cette musique est d’attaquer les racistes et de répondre à la citation de l’auteur Henry De Lesquen : « une fois élu je supprimerai le financement public de la musique nègre ». Ce missile est une réponse claire et précise à cette attaque : Le hip hop n’est pas mort ! Il n’est pas prêt de disparaître ! (« Le rap est mort, vive le rap ! cf. Medine – Trône). Ils brisent l’esclavage moderne et dénoncent les débordements de nos « chers » politiques.
Kery repond au PDG de Guerlain avec ca punchline « Depuis le bruit et l’odeur je sens que je dérange la France. Je fais un tour chez Guerlain, je mets du parfum de violence. ». Youssoupha remet sur le devant de la scène la polémique du concert de Black M. Lino s’en prend au Vatican, qui avait justifié l’esclavage… Bref, un bon petit cocktail explosif pour faire remuer un bon petit paquet de monde et faire parler les réseaux sociaux. Ils vont même jusqu’à rapper dans leur dialecte d’origine, en Linguala pour Youssoupha et en créole pour Kery.
Au delà du texte, le clip (https://www.youtube.com/watch?v=rOvHghBZ1Yw ) est également monstrueux avec un nombre d’invités que l’on rêvait de voir réunis depuis longtemps. Vous pourrez y retrouver Medine, Sofiane, Kalash Criminel…
« J’suis venu choquer leurs gothas, choquer leurs gothas. Musique Nègre.. »
Comment conclure après tout ca, il remonte sur le ring plus fort que jamais. Le disque est déjà certifié classique ! 16 morceaux de qualité qui feront du bien à l’ensemble du rap français. Jetez y une oreille, vous tomberez accros direct. Des prods de fêlés, des textes travaillés comme peu de rappeurs savent le faire et le tout en proposant aussi des invités de marques. Bravo Monsieur Kery James !
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