Après le semi-échec de « Batman v Superman » en début d’année, DC Comics était en recul face au géant Marvel qui ne cesse d’enrichir son univers durable et dont les succès s’enchaînent. Les critiques presses furent violentes et même si les spectateurs ont été un peu plus cléments, on ne peut guère dire que le film remplissait véritablement son contrat. La faute à un cahier des charges peut-être trop rempli et à des enjeux au niveau du film propre trop peu élevés. Surfant alors sur la vague des anti-héros qui a réussi à Deadpool, DC Comics nous propose cet été de retrouver une bande de bad guys bien décidés à en découdre. Alors, cette fois-ci, le pari est-il tenu ?
La campagne de communication autour du film fut pour le moins tapageuse, se prolongeant jusqu’à la Comic-Con de San Diego, Suicide Squad s’est auréolé ces derniers mois d’une hype non-négligeable. Un phénomène à double tranchant dans l’industrie du cinéma tant il peut être synonyme de promesses non tenues. Malgré cela, le synopsis restait relativement mystérieux : le gouvernement américain réunit, suite à la disparition de Superman, une équipe de criminels aux habilités à part afin de protéger le pays, le tout officieusement. Ces quelques lignes dévoilées à l’annonce du film suffisent finalement à résumer le scénario tant celui-ci n’a que peu de prétentions. Sans dire que l’histoire est mauvaise, elle n’est clairement pas la pierre angulaire du long-métrage qui se veut être du pur divertissement qui en envoie plein les mirettes. Ainsi, loin des enjeux sur le long terme de « Batman v Superman », Suicide Squad propose, malgré quelques pistes intéressantes pour la suite, qu’une story-line des plus classiques et dont on gardera un sentiment mitigé.
Côté réalisation en revanche, peu de choses à redire. Une fois n’est pas coutume ces derniers temps, le réalisateur habituel passe du côté des producteurs exécutifs. Ainsi, si la patte de Zack Snyder se fait moins ressentir (le tout est moins sombre et on ne retrouve pas forcément le grain de ses précédentes productions), son influence est tout de même là. On retrouve derrière la caméra David Aryer dont la filmographie marquante se résume à « Fury ». Ce choix reste donc un mystère mais n’en est pas un mauvais. Les scènes d’actions sont ultra rythmées, la caméra voltige sans rendre le tout illisible, chaque personnage a le droit à son petit moment de gloire, c’est du très bon rendu. Un plus notable : la 3D est bien exploitée. C’est idiot à dire en 2016 et pourtant ! Nombreux sont les films qui n’exploite pas ou mal le processus de la 3D mais Suicide Squad le fait avec brio. Les profondeurs de champs sont plus marquées, les effets de débris sont saisissants et quelques plans çà et là rendent joliment hommage à cette technologie.
Pour le reste c’est du classique : des cabrioles, des ralentis, des poses qui en jettent, des inserts sur des armes qui font « pan-pan » le tout joyeusement rythmé par des explosions. Le spectateur est venu voir un divertissement visuel et il est servi. Les points précédemment énoncés peuvent cependant être mis à la défaveur du film pour certains, tant ils peuvent alimenter les clichés des films d’actions, loin du côté subversif que Christopher Nolan a voulu apporter dans son interprétation des aventures du Chevalier Noir. Dès lors, heureux ou déçu, c’est selon vos attentes.
Le casting pour sa part ne fait pas le carton plein. Si Margot Robbie est absolument ahurissante en Harley Quinn, adoptant sa gestuelle et son côté délurée à la perfection, ce n’est pas le cas de tout les protagonistes. Ainsi, il est difficile de voir en Will Smith autre chose que Will Smith. Le choix de l’acteur fut d’ailleurs décrié et malgré l’investissement de ce dernier dans le rôle il peine à convaincre. Le reste est plus ou du même acabit. Ainsi, si le pyromane ne manque pas de charisme il reste quelque peu effacé durant la majeur partie du film et l’ensemble de la troupe joue plus les seconds couteaux qu’autre chose. Concernant le Joker, il est le point qui va venir caractériser le côté « mensonger » de la communication étant donné qu’il est quasiment absent. Sur son peu d’apparitions, le personnage ne convainc pas,, son exploitation est mauvaise, le jeu de Jared Leto absolument ridicule et on peine à trouver un quelconque intérêt au personnage, loin du brio qu’ont pu avoir certains acteurs dans l’incarnation de l’ennemi juré de Batman. S’il est un point qui fait « peur » pour la suite des films DC Comics, c’est bien celui-ci.
Sur le plan sonore, il est difficile de ne pas aborder la soundtrack du long-métrage. Cette dernière est absolument colossal. Enchaînant les titres cultes, de Queen à Black Sabbath en passant par Eminem ou encore Twenty One Pilots, elle est éclectique à souhait et vient enrichir la mise en scène de manière brillante. Il est à noter que du début à la fin, les producteurs et le réalisateur ont soigné la présentation de leur film. Dès l’apparition des logos de productions jusqu’au générique de fin (magnifique visuellement) on sent un véritable travail de cohérence dans le développement de leur univers et on ne peut que saluer cela.
Au final, Suicide Squad est comme un long épisode de ces Comics que nous regardions enfant : le scénario n’est pas l’essentiel, ce que l’on veut c’est voir les « gentils » parvenir à dessouder les méchants, point barre. Snyder et son équipe ont bien compris cela et nous serve un long-métrage de 2h16 bourré de bonnes intentions. L’immersion est totale et le spectacle est au rendez-vous, résultat :on ne s’ennuie pas une seule seconde. Reste à voir l’exploitation qui sera faite de l’univers Suicide Squad dans les sorties à venir !
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