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On ne dit pas « la French Touch c’est quoi ? » mais « la French Touch c’est qui ? » ; on ne répond pas « Daft Punk, point barre » mais « Daft Punk, Alex Gopher, Motorbass, Air , Cassius… et Etienne de Crécy, pardi ! ». Crash-test de son nouvel opus offensif, Super-Discount 3.

Jeunes trappeurs « provinciaux » que nous sommes, nous avions re-découvert Etienne à Aucard de Tours 2012 (big up à la Béton Family et aux Îlots qui n’en finissent pas de nous faire découvrir les vieilles légendes dans notre contrée tourangelle partiellement inculte de la Techno).

On re-re-découvrait le divin chauve en 2014 au Festival Au Fil du Son, où jamais nous n’avions voyagé autant que pendant ces deux heures. Epoustoufflés par l’énergie du DJ, la scénographie (celle de la tournée Beat’n’Cube) et hameçonnés par l’entêtant Night – cut the crap-, thème d’un Dj Set Teaser qui filait des coups de crocs à la mémoire. Nous l’ignorions, mais c’était l’entrée du cheval de Troie dans notre esprit, une stratégie commerciale finement élaborée pour que ce Super-Discount 3 rafle le diamant.

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Surprenant, pour ceux qui connaissent l’Etienne des débuts. En 1996 sortaient les premiers maxis Super Discount, avec l’idée rebelle de détourner un certain marketing produit par l’industrie du disque. Qui eut cru qu’un « Super Discount 3 » placarderait les murs du métro parisien, 20 ans plus tards, d’affiches géantes et vertes fluo ?

Etienne, dans les années 90, croquait des tazs à pleine dent et écoutait de la techno/house/acid truculente et transpirante. Mais les choses sont périssables et les gens vieillissent, s’adoucissent. Et PAF, ça fait de la house légère calibrée pour les ondes.

Ne tenons pas de discours de vieux con, d’anti-capitaliste primaire et caetera ; disons-le d’office, cet album est un pur produit marketing, il n’est pas jusqu’au boutiste, radical pur, authentique ; mais il est rondement mené, pour reprendre une périphrase chère à Hervé Mathoux dans Fifa 15. C’est un album réussi.

Et pour cause, selon les interviews que j’ai pu lire, Etienne veut la réussite à tout prix. Honnête, il avoue vouloir perdurer, être à la page, quitte à travestir sa musique, pour pouvoir casser sa pipe en boîte de night. En conséquence, « Super-Discount 3 » sent moins l’humidité et la sueur d’un hangar bondé de raveurs, mais plutôt le parfum sucré des robes à froufrous de la clubbeuse.


Créer ton clip sur HashTag My Ass

Pour séduire cette cible, Etienne n’a pas lésiné sur la com’. On a donc eu droit à un matraquage du « clip interactif » Hashtag My Ass dont l’image et le son était fait pour les réseaux sociaux. Un titre so2015, quoi. La galette comporte, d’autre part, toute une panoplie de sample d’expressions hypes à base de « What the fuck ? » , « Selfie ! » « Hashtag », « Ass », « Amazing », enfin, you know, de l’angliche de djeunz du ouaib’…

Etienne est simple, humble, a les pieds sur terre. Il observe ce qui marche dans les clubs mainstreams et n’a aucun mal à l’avouer. Il reconnaît ne pas être un DJ shivaïte aux huit bras, démiurge du dancefloor, mais achète régulièrement des disques et a le nez fin. Ainsi, en écoutant la 3ème tracks, « WTF », on sait qu’Etienne a acheté des disques de Kolombo. Il nous le confirme dans son interview à Tsugi où il admet vouloir capter ce genre d’énergie que diffuse le Dj colombien (en fait il est belge mais ça lui irait mieux d’être colombien).

Malgré tout ça, le disque est dansant, comme un bon album pop sans prétention. Moins subjugué que lors de son live cet été, on a goûté cet album comme un spéculos trempé dans le thé : ce n’est ni de la porn food grasse et jouissive, ni un fin met de gourmet, mais c’est doux et appréciable.

Difficile de na pas bouger son popotin sur SMILE par exemple, la 5ème piste en featuring avec Alex Gopher. La CIA s’en serait servi pour faire parler des twerkeuzes terroristes. Suite et fin des comparaisons culinaires, si cet album est de la soupe, alors tous les cadors de l’industrie devraient nous servir la même tambouille et dans ce cas, Royco serait très vite en déficit !

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A propos de l'auteur

Rédacteur Musique et Critique Ciné.

Diplômé en littérature comparée et communication, a étudié la naissance du fantastique en littérature et sa transposition cinématographique ; chroniqueur cinéma et musiques actuelles sur le web.

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