PNL a sorti le premier extrait de son nouvel album, Le Monde Chico, attendu pour la rentrée le 12 juin dernier. Il s’agit d’un clip (intitulé Le Monde ou rien), tourné dans la banlieue où prend place la série Gomorra (Scampia – Naples). Pour ceux à qui tout cela ne dit rien, présentation en quelques lignes d’une équipe qui a déjà pris en otage le rap Français à l’aube de la sortie de leur second projet.
PNL, c’est un duo venu tout droit d’Essonne qui diffuse un rap autotuné jusqu’à la moelle, usant et abusant de références aux sapes de luxe (« J’veux du L, j’veux du V, j’veux du G, pour désapper ta racli ») et à Tony Montana. « Rien de bien original » me rétorquera le hater de base. Pour changer, ce connard a tort.
Ce que produisent Ademo & N.O.S se trouve dans une sphère bien à part du reste de la production rap actuelle. Avec leur style particulier, PLN ôte au rédacteur que je prétend être une arme de premier choix, l’analogie. Il me semble hasardeux de les associer définitivement à un autre artiste de la sphère hip-hop : si l’emploi systématique et visible de l’autotune les place dans une certaine filiation avec la scène US actuelle, ils se distinguent cependant par leurs lyrics (chose rare de nos jours, on en conviendra) bien plus intemporels et pertinents que la mélasse usuelle.
Leurs textes sont crus, efficaces, dépouillés de tout trace d’artifice. Ils parlent de quête aveugle du profit (comme tout le monde) mais surtout pour évoquer son coût matériel et humain : « Pas de futur, wallah, dans les poches c’est le passé, sur le présent, un cadenas, tant qu’il y a pas assez ». De l’egotrip, il y’en a, mais il est plus employé comme un prétexte pour évoquer d’autres thèmes et valeurs : l’envie d’ailleurs, un Mal du Siècle post-romantique, le dévouement pour les siens (Que La Famille). Des choses que tout le monde revendique dans le rap, mais que personne n’explique avec autant de finesse et de puissance.
Mais le plus impressionnant avec le travail de ces mecs, c’est sûrement la cohérence de leur projet dans son ensemble. Si leur musique à quelque chose d’étonnament spontanée, une énergie que l’on s’entête à croire naïve, leur image est parfaitement verrouillée. L’on ne connaît pas le nom de leur(s) producteur(s) qui fait (font?) un travail exceptionnel, ni de leur réalisateur.
Ce dernier (au vue des nombreuses similarités que l’on trouve entres leurs vidéos , je pense que l’on peut avancer sans trop de risque qu’il n’y en a qu’un), a réussi à créer un véritable univers qui colle parfaitement à leur musique.
Dans chacune de leurs vidéos, on retrouve des plans du même hall de HLM. Cette récurrence matérialise la véritable incarcération sociale que subissent les protagonistes, appuyant avec maestria le discours.
Les sons de PNL sont des missiles taillés dans le béton, conçus pour faire voler en éclat toute l’industrie. Ils sont amenés à écrabouiller vigoureusement la concurrence avec le trône gigantesque qu’ils sont en train de bâtir. En attendant la suite, je ne peux qu’inciter ceux qui ne l’ont pas encore fait à dévorer leur premier album, QLF, un véritable tour de force.
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