poldoore-the-day-off

Quelque part entre le Détroit de la Motown des sixties, la East Cost jazzy-rap des nineties et le Los Angeles branchouille d’aujourd’hui des studios de la Cold Busted, un jeune belge flegmatique mixe pour nous, et ça nous fait l’effet d’un Daïquiri siroté dans une piscine à cascade surplombant le versant sud du Mont Lee. Ah…

Le moins qu’on puisse dire, c’est que les biographies de Poldoore n’inondent pas le web. Que sait-on sur le bonhomme ? Rien, mis à part qu’il a été élevé aux USA mais a décidé de venir découvrir ses origines et de vivre en Belgique, informations elles-mêmes relayées par un type qui disait ne rien savoir de Poldoore, excepté qu’en réalité il s’appelle Thomas Schillebeeckx.  Qualifier sa musique serait un beau schmilblik, tant le jazz, le hip-hop, le break, le funk et la soul se côtoient sans gêne ni peur des différences, comme dans une soirée mélange-poils interraciale.

On en prendrait tous les matins au petit déj, ce que Morning glory nous suggère à peine le diamant s’est-il posé sur la galette : un premier morceau très percutant donc, grâce à un riff efficace et un refrain d’une guitare électrique teintée blues. Clairement, le premier titre est le meilleur, un tube en puissance qui causera des trépanations à la pelle tant le titre donne envie de bondir au plafond. De quoi se mettre sur pieds de bon matin. Dans l’instrumentale pure, on parviendra à tutoyer le Nirvâna une dernière fois avec Natural High sept titres plus tard. Cette track propose un buvard sonore, un lâché prise bienvenu au sein de l’architecture parfois un peu hiératique de l’album, très contrôlé. Ici un synthé aérien  nous fait vaciller et les breaks se chargent de nous ramener sur terre.

Autre facette de ce kaléidoscope musical, c’est la verve rap. Dans Sweet Memories  on croit entendre Pete Rock & CL Smooth, une influence indéniable du DJ. Un brin nostalgique, très années 90, ce ying trouve son yang dans Heard it all before. Les rimes de The 49ers qui, quant à lui, a quelque chose à voir avec Jurassic 5, sont soutenues par la voix soul de Bodhilynn.

De la soul et des voix féminines comme dans Ahhh Yeah c’est ce qui nous presse de se manucurer les ongles de pieds dans une baignoire pleine de mousse, et de tâtonner à l’aveugle dans les abîmes savonneuses de la baignoire, à la recherche du contact plastique de ce fameux dispensateur canard d’orgasmes.  On l’aura compris, c’est un son qui nous fait se sentir femme et nous pousse à prendre  soin de soi. A noter les 10 dernières secondes sublimes d’une voix soul samplée, dont on avait coupé la chique jusqu’ici, cantonnée à répéter la même syllabe et qui l’achève enfin dans un ultime effort, bafouée par les distorsions conclusives d’un DJ pressé.

The Day Off a la douceur ces jours de congé où on ne fout rien, rien d’autre que de se laisser caresser les tympans par les  chants synesthésiques de ces divas noires savamment samplées.

A propos de l'auteur

Rédacteur Musique et Critique Ciné.

Diplômé en littérature comparée et communication, a étudié la naissance du fantastique en littérature et sa transposition cinématographique ; chroniqueur cinéma et musiques actuelles sur le web.

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