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Davy Croket :  Salut, pour ceux qui vous connaissent pas, est-ce que vous pouvez vous présenter asez simplement ?

Tha Trickaz : Salut, on s’appelle Tha Trickaz, on est un groupe de musique électronique et on vient de Paname. Et on est influencé par le hip-hop, la basse music, les mangas, le kung-fu et les choses funs.

Davycroket : Qu’est-ce que vous faisiez avant Tha Trickaz, ou encore maintenant ?

TT : Bah on fait que Tha Trickaz, lui (dj iRaize) a un autre projet qui s’appelle Tha New Team et moi (Fho) j’ai un autre projet qui s’appelle Dirtyphonics. Donc on fait de la musique H24 à vrai dire.

Davycroket : En ce moment vous êtes sur une tournée ?

TT : Là, pas spécialement, c’est la saison des festochs. On termine souvent des festivals, il y a 2 semaines c’était après Method Man et Redman, ce soir c’est après Bloody Betroots, donc on va dire que tout se passe bien (rires)

Davycroket : Est-ce que vous pouvez nous parler un peu du label Otodayo Records ?

TT : On l’a fondé il y a 6 mois dans le but d’accélérer le processus des labels qui sont quelques fois un peu longs pour sortir nos tracks. Tout simplement plus rapidement, et de manière gratuite. Tout le monde y a accès. On s’est rendu compte que c’était une manière directe de toucher son public et de leur faire plaisir, et d‘avoir une réponse. On se rend compte que les titres gratuits qu’on a fait, que ce soit  « No rescue », « Cut like a guillotine » qui ont eu un putain d’accueil, plus que certains titres de l’album, alors que quelques fois tu fais la démarche de sortir un album.

Je pense qu’aujourd’hui un album des fois a moins de places qu’une chanson qui va buzzer,  parce que les gens sont là avec des iphones alors tu fais écouter à tes potes, tu fais écouter un track, une nouvelle chanson, ton tube d’aujourd’hui. A une époque, on se faisait écouter de la musique, on écoutait des albums ensemble et des CDs et aujourd’hui ce n’est plus un format qui est maître.

Au-delà de s’adapter, on a fait ce label vraiment dans une démarche gratuite, que ce soit The Geek et VRV et les Creaky Jackals qui produisaient de la musique gratuite avant et qui font leur buzz autour de ça. C’est mortel. Et depuis qu’il y a des Gramatik, Pretty lights aux Etats-Unis qui ont prouvé qu’on pouvait sortir des niches de musique qui étaient moins populaire que l’EDM de base. Faut le dire quand même, aujourd’hui Gramatik joue à côté de Tiesto, il fait des mainstage. Et tant mieux. C’est-à-dire que le chill hip-hop, la musique un peu plus calme rejoint l’EDM sur des mainstage et nous sommes hyper content  de tout ça !

Davycroket : C’est assez impressionnant d’ailleurs l’envolée qu’il y a eu autour  du chill hip-hop, chillwave etc…

Fho : C’est vrai, après avoir écouté de la musique vénère , que ce soit en musique électronique ou autres, après la Nu-disco ou depuis le dubstep  pendant des années, les gens dans leur caisse avaient envie d’écouter un son plus chill. Au final, quand j’écoute aujourd’hui Pretty lights ou Gramatik, j’ai l’impression d’écouter du MrScruff mais revisité version 2014. On est un peu dans l’esprit Ninja tunes, Soulful, avec plus de samples. Voilà ça revient et tant mieux parce que nous, c’est nos bases avec Tha trickaz, c’est le hip-hop et le sampling.

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DC : Chez nous, on vous suit pas mal, et on suit aussi pas mal The Geek & VRV, on voulait savoir comment s’était passée la rencontre entre ces deux groupes  ?

TT : Sur internet. Eux, ils sont de Paris, de région parisienne, comme nous, donc le contact a été beaucoup plus facile. On s’était déjà croisés dans plusieurs soirées, puis de fil en aiguille… On a le même manager, le même booker. Ils sont passés au studio, ils avaient pas de matos encore et nous on utilise le même matos qu’eux aujourd’hui en live. Au début, ils étaient en mode un peu à checker, à savoir comment ça marche. On leur a dit « Allez-y les yeux fermés les gars, c’est cool, la machine ça marche tout seul, les pads c’est cool, vous allez voir ça marche bien ». Là, ça fait déjà peut-être 20, 25 concerts qu’ils font depuis alors que ce n’était qu’il y a 6 mois. The Sound You Need les a aussi accompagnés, et ça a permis de monter encore plus en termes de visibilité. En fait c’est tout simplement  des gens chez eux qui font du son, qui posent du son, et ça devient gros par la force des choses, c’est pas plus compliqué que ça..

DC : Qu’est-ce que vous en pensez vous justement des chaînes Youtube qui relaient les sons d’artiste ?

TT : Nous, c’est nos amis en fait. Justement, dans notre démarche gratuite, on cherche les grosses chaines qu’on peut alimenter. Du moment que, eux, ils mettent Otodayo Records à la fin, nous on est gagnant parce qu’ils vont nous faire gagner leur public à eux, de la visibilité. Pour être indépendants aujourd’hui en musique, c’est hyper important d’avoir des gens indépendants qui le gèrent. Et aujourd’hui, que ce soit avec Tha Trickaz, Da New Team ou Dirtyphonics, c’est grâce aux blogs qu’on est là, parce que nous, on est des groupes de la génération internet. Pour te dire le son qui a été le plus vu de Tha Trickaz c’st un son sur UKF. UKF a posté un son et on savait que c’est un truc qui allait explosé.

DC : Et comment ça se passe pour vous le live sur scène ?

TT : Sur scène, c’est différent. Il y a le côté production où on utilise des ordis, des plugs, des instruments, on bosse, on est tous les deux derrière l’ordi, on est en train de faire des clics. Sur scène, c’est autre chose, on a d’autres instruments, on a des platines CDs, on a des platines vinyls pour scratcher, des pads qui sont un peu l’élément principal du live. En plus, on a des boîtes d’effets tels que les Kaoss pads, Pho a un Virus en plus, donc un synthé. La majeure partie du live est basée sur un jeu de construction. On reprend nos chansons, on les déstructure. On prend un beat, on va jouer tous les samples, toutes les basses. C’est un peu la déstructuration restructuration du morceau à la fin. Et ça nous permet d’enchaîner les morceaux comme on ne peut pas le faire en mix.

DC : On a oublié de vous demander, mais comment vous êtes-vous rencontrer ?

TT : A l’école, en 6ème. On était dans la même classe au collège, donc on se connaît depuis trèèèès longtemps.

DC : Vous avez commencé la musique quand ?

TT : On faisait de la flûte en sixième tous les 2, comme tout le monde haha. Tha Trickaz on a commencé en 1999. On s’est acheté des platines à l’époque, on a commencé à scratcher. On avait un pote qui avait un ordi. On a pris l’ordi, on a enregistré sur Cubase, on s’est dit qu’il y avait moyen de faire un beat de hip-hop. On avait des samplers mais c’était trop compliqué parce qu’on n’avait pas de séquenceurs. Donc là, on a commencé à squatter des logiciels. Après il y a Reason qui est arrivé, c’était carrément fou, on pouvait mettre des samples dedans. On a commencé à vraiment faire nos premiers beats avec Reason. Après cubase est arrivé. Il y avait un gars qui avait un cubase craqué, nous on était comme des fous, on pouvait enregistrer de l’audio, donc là avancée technologique, on est dans les années 2000, mais nous on pouvait enregistrer de l’audio sur un ordinateur et on trouvait ça incroyable.

Aujourd’hui c’est tout pété, mais nous à l’époque, c’était la performance. Voilà, ça a commencé un peu comme ça, puis de fil en aiguille, on n’a jamais lâché l’affaire, on aime ça, et on voulait faire de la musique à tout prix, faire ce qu’on avait en tête. Maintenant, ça va au-delà. De toute façon , le son c’est un truc où tu apprends toujours, où tu as toujours un peu cette répercussion de la technologie, surtout dans la musique électronique, où tu vas en fait pouvoir piloter des choses de manière nouvelle aujourd’hui. Avant j’étais (Pho) super réticent de faire de la musique avec un iPad, mais aujourd’hui il y a des trucs en tactile qui sont mortels, où tu as un accès, comme sur le Kaoss pad qui est double. Au lieu de tourner un bouton, tu en tournes 2 juste avec le bout du doigt. Et quand tu as ça en multipad, tu as tes 10 doigts qui peuvent servir et en musique, c’est une expressivité gagnée. Tu gagnes du temps, ça va plus vite, et le processus de ta tête à l’œuvre musicale est 10 fois plus rapide.

DC : Et pour la suite avec Tha Trickaz on peut s’attendre à quoi ?

TT : Pleins de collabs. On a une collab avec Apashe qui arrive, une collab avec 12th Planet qui sort en juillet sur SMOG en free download, une collab avec bip bip bip et bip bip bip, on vous laisse le mystere haha. On prépare beaucoup de sorties pour Otodayo records, et des sorties pour d’autres artistes. La semaine dernière c’était l’EP de CloZee avec « Falkon », le prochain c’est Dropout marsh début juillet et on prépare tous ceux pour l’été et la rentrée. On est toujours là à écouter du son qu’on nous envoie.

DC : C’est cool justement cette démarche de free download, d’étre proche du public.

TT : On a trouvé que c’était la manière la plus rapide pour qu’un public puisse écouter un track à nous. Il y a ce côté un peu nouvelle génération. Aujourd’hui, on s’est aussi rendus compte que quand on vendait une chanson, elle était moins lue. Donc pour le peu d’argent qu’on gagne, même si ça représente une somme, on préfère se passer de ça et avoir deux fois plus de lecture parce que derrière ça nous fait vendre plus de tickets. Il y a une autre logique en fait, et nous on a juste envie que le son aille le plus loin possible, qu’il dépasse les frontières.

Nous on a juste envie que le son aille le plus loin possible, qu’il dépasse les frontières.

DC : Comment vous le sentez pour ce soir ?

TT : Bah c’est cool, on passe après Bloody Betroots. Vu qu’on termine, on a une bonne place. On passe après des hommes masqués aussi (rires).

DC : Il y a un gros clin d’œil sur Naruto avec vos masques, mais est-ce qu’il y a quelque chose en plus ? Pourquoi vous portez des masques ?

TT : On trouve ça « stylé ». On l’a commencé un peu en test, et vu qu’on joue vachement avec nos mains, on n’est pas très expressif sans nos masques. Avant les gens regardaient nos gueules, et comment on galérait et comme le live est assez technique, on est assez concentré. Dans un autre sens, à l’inverse, on peut se lâcher plus avec nos corps. La communication ne se fait ni par la parole, ni par la gueule, mais vraiment par le corps et c’est un plaisir. C’est vraiment tu mets ton masque, tu rentres dans un autre perso, c’est une transformation.

DC : Est-ce que ça vous est déjà arrivé de vous retrouver avec des gens qui parlaient de Tha Trickaz et vous vous êtes là sans les masques à écouter ce qui se dit ?

TT : Tout le temps. Après on ne cherche pas l’anonymat. C’est vraiment pour le show en live, on met nos masques. On s’exprime que par nos mains, via nos actions avec nos mains et nos machines. On est arrivé un peu dans un monde de Dj’s, et au début, quand on a commencé à jouer avec les MPC, les gens ne captaient pas : « tu joues une partie de batterie sur ton instrument, c’est mortel » mais, avant que Guitar Hero ne sorte, les gens ne comprenaient pas. Et aujourd’hui, il y a une ouverture là-dessus, peut-être que les jeunes savent ce que sait un petit contrôleur midi, et même ceux qui ne savent pas voient qu’il y a quand même une interaction, aujourd’hui on a des machines avec des couleurs et ça joue beaucoup.

DC : Et du coup, les jeunes sont peut-être plus exigeants maintenant qu’avant.

TT : Et tant mieux. Nous, on ne demande qu’à avancer. Si les standards et les instruments restent les mêmes, on va finir par se faire chier. C’est pareil dans le rock, il y a des groupes qui décident d’évoluer vers l’électronique et d’autres qui restent garage. Nous, on est dans la technologie, on aime ça, et en même temps on reste conservateur sur d’autres choses, comme les samples.

DC : Pour finir, c’est quoi la dernière grosse claque que vous avez eu, un artiste qui vous a marqué ou un morceau ?

Dj iRaize : Vraiment vraiment, c’était Apashe Battle Royal, mais c’était il y a un moment déjà. C’est celui qu’on a remixé d’ailleurs.

Fho : Je me suis pris pleins de claques, j’ai du mal. Je ne sais même plus comment il s’appelle haha

DC : Merci beaucoup et bon show !

 Crédits Photo : Yvain Michaud

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