Les dragons de la série Game of Thrones ne sont pas les seuls à faire leur rentrée ce printemps, les Little Dragons du label Because Music (Justice, Metronomy, Django Django, Major Lazer) ont eux aussi de la braise ardente à cracher.
La première irruption porte le nom de Mirrror : une mystique entrée en matière, mais enfin, quel plaisir de retrouver la voix suave et sensuelle de Yukimi Nagano. Un premier titre très contemplatif qui va donner le la au reste de l’album. Ils l’avaient annoncé en interview, le nouvel opus des petits dragons sera moins électronique, moins vitaminé et visitera l’autre versant de la pop eighties inspiration du groupe, la melancholic one. C’est à cela que nous devons les variations vocales très Joe Cocker, chemise ouverte, poils humides au vent.
Deuxième titre, Klapp Klapp le premier single sorti de la coquille a été qualifié de « Hottest record in the world » par le très influent animateur radio britannique Zane Lowe sur les ondes de la BBC1 le 31 mars dernier. S’il s’est probablement enflammé (on le comprend, face au charisme de la chanteuse Yukimi Nagano digne d’une Daenerys Targaryen, difficile de rester de glace). Cette track a la lourde responsabilité d’être le tube de l’album, et il porte fièrement ce sobriquet sur ses épaules. La lente montée en pression est caractéristique du savoir-faire de ces suédois qui aiment à déglinguer les édifices qu’ils érigent, ainsi font-ils avec l’apparition d’une cascade vocodée de la voix de Yuki qui déclenche une déferlante électronique rétro-futuriste paroxystique et jouissive.
Pretty girls : Deuxième single sorti sur l’album. Une franche réussite dans le style que s’est imposé le groupe pour cet album. Un beat monochrome qui laisse à Yukimi tout le luxe de bringuebaler les gammes vocales où bon lui semble. Un petit violon vient nous flatter l’échine et nous froisser l’épiderme. Putain, du Little Dragon poétique, ouais, un qui trace la fréquence en cardiogramme de nos attentes mouvantes.
Voluptueuse cette ambiance, distinguée aussi, ainsi se charge de le signifier Underbart avec une instru sombre, sourde et bourdonnante que quelques échos de la voix de Yukimi ravive. Un peu de dynamite avec Paris nous extirpe un temps de la léthargie imposée depuis la première vibration sonore de cette galette. Un refrain qui n’est pas sans rappeler celui de Klapp Klapp.
Retour à l’extatique et au contemplatif avec le méditatif Only One dont les gémissements yukimien nous chatouille incivilement les organes. Les synthés font leur come back à la fin de ce morceau, et on croit même se téléporter sur une plage quelque part un soir d’août bulgare en plein délire Eurodance. La prochaine track, Killing Me, c’est l’after de la beach party transylvanienne, dans une ancienne bouche de métro soviétique désaffectée.
Pink Cloud est un bijoux de #popprogressivepsychéplanantetoussa agrémenté des petits délires vocaux yukimiesques, ces éléctrochoques érotiques qui donnent implacablement envie de se taper la première commode aux alentours.
On finit avec Let Go collage surréaliste de gimmicks et de sample ordonné par la chanteuse qui, si elle était la muse des premiers albums semblent aujourd’hui être la maîtresse de classe du nouvel opus.
L’album de la maturité que ce Nabuma Rubberband, dirait le premier journaleux pas trop dérangé par les phrases toutes faites. Il y aurait de quoi lui donner raison néanmoins, tant il est vrai que NR swing moins que le premier album éponyme, a perdu (volontairement) la fougue eighties insolente de Machine Dreams et l’énergie électro de Ritual Union. Mais dans l’ombre de tous ces albums rampaient le spectre d’un pop band ténébreux, fanatique et tribale qui ose, sur ce disque, se saisir du jour. Talentueux, Little Dragon a le mérite, avec Nabuma Rubberband, d’assumer et de rendre hommage à la molécule dépressive qui constitue, aussi, le parc génétique du groupe.
Et pour finir en beauté on vous rajoute deux fabuleux remix de Nosaj Thing et Totally Enormous Extinct Dinosaurs, et oui rien que ça !
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