Imaginez un instant que vous êtes un personnage de film. Le réalisateur plante son décor : votre histoire se déroulera de nuit, dans un décor urbain. Le nom de la ville n’est pas spécifiée, mais il s’agit très sûrement d’une métropole européenne. Elle vous est familière, mais pourtant, ce soir la, vous ne la reconnaissez plus. Une atmosphère surréaliste, venant de l’on ne sait où, lui donne pour quelques heures un nouveau visage, inconnu mais loin d’être effrayant. Le temps brumeux masque par moment la lune et les étoiles, laissant les lampadaires être la seule source de lumière fiable.
Vous marchez vers une destination inconnue pour le spectateur, rencontrant aux grès de vos pérégrinations d’autres noctambules. Souvent seuls, parfois accompagnés, votre public a l’occasion, durant tout le temps que dure cette ballade, de découvrir à travers vos yeux des tranches de vies de ces autres personnages. Vous voyez le genre ? Et bien, ce film n’est pas encore tourné, mais ce qui est bien, c’est que l’on a déjà la musique pour l’accompagner.
Music For An Imaginary Movie de The End, sorti sur Cosmonostro (encore un label parisien qui commence sérieusement à faire référence) a un pouvoir de suggestion incroyablement puissant : comme son titre l’indique, cette bande originale n’est associée à aucun film. C’est à l’auditeur de se monter le sien au cours de l’écoute des treize pistes instrumentales (l’exception qui confirme la règle est le très délicat The Key, en featuring avec la belle voix de Echo, seul son comportant une véritable partie chantée) qui composent ce projet, guidé par des mélodies d’une beauté saisissante et des samples de dialogues ou de bruit d’ambiance.
Un concept original, qui ne fait cependant pas oublier la qualité des tracks qui composent ce projet ambitieux. A la foi sobre (très peu de basse, des batteries souvent très discrètes) et riches, plusieurs pistes de synthés se superposant par moment dans un ballet musicale assez fantastique.
Notre duo explore ici différentes ambiances, du gentil et bondissant Buck que l’on verrait bien dans un film de Jacques Tati, au beaucoup plus mélancolique The Confrontation, sans jamais rien perdre de sa maestria.
Si ce n’est pas déjà fait, je ne peux que vivement vous recommander d’écouter cet album décalé, faussement désuet (évoquant presque un Yann Tiersen sous acide) et surtout émotionnellement très chargé. A écouter au casque, les yeux fermés, vous verrez, les images viennent toutes seules.
Le cadeau bonus de la semaine, on vous glisse la derniere mixtape de The End pour Now Futur. Bisous
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