Ce qui fait marcher les grands cinéastes, c’est la recherche de la vérité. Dans son regard aiguisé, Clint Eastwood n’oublie jamais de montrer l’Amérique et ses travers d’une façon collective, en prenant part malgré tout à la vision d’un individu.
Le thème de la vengeance est toujours là, et ne lâche pas le cinéaste de Josey Wales hors-la-loi, en passant par Impitoyable. Sur le terrain de guerre, ses points du vue de Mémoires de nos pères et Lettes d’Iwo Jiwa expliquaient clairement la folie que l’Amérique possède pour créer des symboles vide de sens, et ou les personnages sont neutralisés par les traumas de l’après guerre, sous couvert de Dieu.
Pour son nouveau film, le cinéaste retourne sur le genre des films de guerre, avec un aspect plus contemporain : le point du vue d’un homme pendant et après la guerre en Irak. Pendant les vingts première minutes, Clint Eastwood offre une leçon d’explication par le montage qui donne à voir pourquoi ce personnage se doit de partir à la guerre : le parallèle de sa jeunesse à apprendre à tuer des animaux, et de l’environnement d’un père odieux et dont l’ordre passe par la Bible ; une éducation de Cowboy aussi basique qu’inquiétante.
Tout passe par la violence psychologique et l’humiliation des entraînements, avant de partir en guerre. Pourquoi ce personnage va tuer femme et enfant par le regard d’un sniper ? Légitime défense de sa nation ? Rare sont les films de Clint Eastwood qui donne un pouvoir de regard aussi ambiguë et glaçant sur la guerre et les chocs post-traumatiques liées à celle-çi. Le stade vraiment humaniste du film réside sur la femme du personnage principal, dans une perte de repère mais nagant malgré tout dans l’amour de son mari.
Les scènes, les plus fortes émotionnellement réside dans la tristesse et l’incompréhension du mari, gardant tout en lui et s’enfermant dans son propre déni. Il est un fantôme, sans émotions. Le réalisateur englobe cette spirale pour donner à la fois un certain mystère et une tristesse profonde, non pas sur le personnage, mais sur la nation. Un paradoxe assez amer qui a du prendre de plein fouet la population Américaine. Sur cela, sa dénonciation est fine, il reste dans son optique de démocrate (de par les thèmes de sa carrière en tant que auteur), et de par des idées sublimes (la tempête de sable, métaphore de la guerre sans visage) emportent un réel élan sur ce qu’est le cinéma.
En parallèle, on vous conseille le documentaire Of Men and War (Des Hommes et de la guerre) de Laurent Bécue-Renard, même thème que American Sniper.
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