Peut-être avons nous assisté à la naissance d’un empire hier au café théâtre Les Etoiles, celui d’Empire of Sound armé pour envahir le noble continent du Jazz Hip-Hop. Pour leur deuxième représentation sur scène depuis leur création, ils ont présenté deux titres de leur premier album OUT OF THE NORM sorti en Avril 2015.
Point de chars blindés, de rockets et autres missiles mais un clavier, une basse, un saxophone, une batterie et un MC au flow aiguisé; c’est le cortège de l’Empire of Sound . Mattic, passé par Wax Tailor, au nom révélateur d’un rap précis et technique, colore l’assemblée d’une touche américaine East Coast qui rappelle les heures de gloire d’un Brooklyn des nineties.
Derrière lui pour le porter et le sublimer, une armada auditive se déploie : Juke au clavier, artisan du Hip-Hop underground français, Romain Joutard batteur exceptionnel qui a fait forte impression ce soir, Julien Herné à la basse, Benoît Medrykowski à la guitare et Lucas Saint-Cricq, saxophoniste, flutiste et DJ, ovationné par Mattic en plein concert.
Une des forces de ce band c’est sa cohésion, la joie de se produire ensemble est palpable, le respect qu’ils se portent les uns les autres est crié haut et fort. Mattic n’a cessé d’encenser, l’heure et demie de concert durant, ses congénères, allant même jusqu’à déposer le micro et rejoindre le dancefloor pour apprécier le show de ses musiciens, en spectateur.
Empire of Sound est un agrégat de musiciens aguerris muent par la même volonté de propager un hip-hop de qualité; comme s’il s’agissait du point d’orgue de la carrière de chacun, d’une liberté conquise et d’une jubilation de pouvoir, enfin, jouer ce que bon leur semble. Il en découle une étonnante fluidité sur scène où tout s’enchaîne comme si le groupe avait des années de bouteille. Que la scène ait été trop petite pour accueillir tous les membres du groupe n’a provoqué aucun heurt dans l’enchaînement des tracks, aussi une personne à coté de vous que vous pensiez être un spectateur lambda, pouvait à tout moment monter sur scène et se révéler un membre du groupe.
Ainsi, il ne fallait pas être étonné de voir un type à votre gauche qui dansait depuis un quart d’heure, monter sur scène, s’emparer d’un saxo et asséner une déferlante de notes composant un solo diabolique. A ce moment là, la probabilité que le barman escalade le zinc pour venir jouer les guitar hero n’était plus à exclure. Empire of Sound a une aspiration à communier avec son public jusqu’à s’y fondre, une interactivité qui se développera certainement au fil des représentations et qui en fera un vrai groupe de scène.
La facilité des exécutions se remarquait également dans les ruptures de rythmes totalement maîtrisées, comme si les musiciens et le MC dialoguaient dans le langage transcendant d’un Hip-Hop-Jazz-Soul sentant l’asphalte et les briques rouges de Harlem. On pense à The Roots, et à RH Factor, et on ne doute pas que Empire of Sound suivra la même trajectoire.
Bonjour, j’avais l’impression qu’ils avaient fait beaucoup plus de deux titres mais ce devait être de très long titres 🙂