Après vous avoir expliqué que le Rap Belge avait la frite dans un ancien article, il était obligatoire pour l’équipe de rencontrer le duo Caballero et Jean Jass. Dans cette interview, le duo nous s’explique comment ils se bougent depuis des années pour faire vivre leurs vision du rap et nous délivrer de très bons projets. Trêve de bavardage, la lecture se passe juste en dessous.

Ce soir, vous êtes à Poitiers  pour défendre la tournée de votre dernier projet Double Hélice, quand est-ce que le projet est né dans vos têtes ?

JJ : Le projet Double Hélice est disponible depuis Avril 2016 et le premier morceau de ce projet a vu le jour 1 an avant donc ça va faire depuis 2 ans maintenant !

Quels sont les retours depuis le début de la tournée ainsi que pour « Double Hélice » ?

JJ : En terme de vues, nous n’avions jamais fait des scores aussi bons auparavant donc c’est génial ! En fait tout a été augmenté, les dates, les tournées, les vues, donc c’est parfait jusqu’à présent.

Caba : On sait où il faut mettre les priorités de nos jours, donc on a bossé là ou il fallait, que ça soit sur l’image ou sur notre présence sur internet et comme on le repète tout le temps, le travail paye !

BDQ_0194 par Benoit Do Quanq

DC : Comment ça se bosse l’image d’un rappeur à l’heure actuelle ?

Caba : Pour ma part, cela va faire depuis l’âge de 14 ans que j’écoute du rap. Donc depuis mes 14 ans « je vis » dans un clip si tu veux. C’est pas compliqué si tu me ramènes des caméras sur moi maintenant je peux te faire un clip à tout moment. Je suis prêt, allons-y !

DC : En parlant de clip, combien de morceaux de Double hélice ont été clippés ?

Jean Jass : On a quasiment clippé tout le projet à part 3 morceaux il me semble ! Donc il y a 7 clips de disponibles sur Youtube.

DC : Et il y en a d’autres qui arrivent ?

JJ : Sur « Double Hélice » on ne va plus rien clipper, par contre on a commencé à tourner des clips pour Double Hélice II !

DC : Est-ce que vous pouvez nous parler de Double Helice II justement ?

JJ : C’est top secret !

Caba : Alors il y a pas mal de sons en stocks, une dizaine pour le moment mais on ne sait pas encore si on va tout garder. On a encore du tri à faire donc on ne peut pas trop en parler !

DC : En parlant de projets, vous avez terminé votre campagne de financement participatif avec un résultat au dessus de vos espérances, à quoi vont servir les financements ?

Caba : Oui totalement, c’est vraiment mortel d’avoir eu des retours aussi positifs et réussir à faire plus que prévu, on tient vraiment à remercier tout ceux qui ont contribuer à ce projet !

JJ : L’argent va servir à construire notre propre studio, mais pas juste pour nous tu vois. A côté je suis aussi ingénieur du son, donc j’enregistre d’autres personnes comme par exemple, Lomepal etc.. Les financements vont servir à financer une espèce de grand laboratoire sonore où on pourra bosser tous ensemble.

DC : Le fait d’être ingénieur du son Jean Jass, c’est un gros plus pour votre projet ?

JJ : En fait on est vraiment une équipe, donc que ça soit en terme technique pour créer, pour enregistrer, pour mixer ou aussi bien pour trouver des dates, travailler les visuels etc.. On fonctionne d’une façon très autonome. On est dans un mode de production qui nous permet vraiment d’évoluer. On n’a pas besoin de délégué donc c’est un véritable plus pour tout en fait. Caballero par exemple il a une formation de graphiste donc c’est aussi un véritable plus, car il a un avis très intéressant sur les visuels etc.. On se complète très bien !

DC : Qu’est ce qui arrive en projet à part double Hélice II ?

Caba : On a pas mal de trucs sur le feu dont on ne peut pas parler en ce moment.. Après on travaille sur nos morceaux solos à côtés de tout ça mais on ne veut pas tout mélanger donc on prend notre temps.

DC : Depuis quelques temps on ne parle plus de rap français mais de rap francophone avec l’explosion de la scène belge. On peut voir en tête de proue des artistes comme : Hamza, L’or du commun, La Smala, Romeo Elvis, Damso etc..  Comment vous avez vécu ça de votre côté ?

JJ : Bah déjà tu vois parmi les noms que tu viens de citer, je crois que nous sommes les gens les plus âgés. Ca va faire un peu plus de 10 ans que l’on écrit.  Depuis 2003/2004 quelques chose comme ça.

Je fais parti d’un groupe qui s’appelle Exodarap. (ndlr : Paradox à l’envers). Notre premier concert c’était en 2005. Ça va faire 10/11 ans que je fais de la scène. Je fais aussi de la prod depuis 2007/2008 donc ça fait quelques annés que l’on travaille réellement dedans, donc à vrai dire, on vit ça depuis très longtemps, c’est surtout le public français qui commence à s’intéresser à la Belgique !

DC : La Belgique est géographiquement plus petite que la France, et on se demandait comment ça se passe le « Rap Game » belge ?

Caba : Il y a beaucoup de respect, il y a pas du tout de problemes, on se connait tous. Même si on est dans des délires différents. On aime tous tout ce que l’on fait. Dès qu’un rappeur belge sort un clip, on sait très bien le taff qu’il y a derrière, si le son est bien c’est pareil tu vois ! Il y a un studio à payer, un clip à tourner, des mixs à faire, un clippeur à contacter, des sessions de montage, calculer les dates de sorties de clip etc.. On sait les efforts que ça implique et du coup on respecte tout ça !

Booba il est tout simplement au sommet de la chaîne alimentaire ! Il mange tout le monde, personne ne peut le manger.

Tu sais comme je dis souvent en interview, c’est une scène pour nous les belges, qui nous est énormément familière, en fait c’est vous qui la voyez maintenant, mais nous on sait qu’il y a toujours eu du bon rap en Belgique en fait avec des gars comme Bandit, Isha.. Et il continue d’y en avoir !

DC : Dans pas mal de vos textes ou interviews vous faites des références à Booba, vous en pensez quoi ?

Caba : C’est tout simplement le boss du rap jeu !

JJ : Si tu considères que le rap est une entreprise..

Caba : Non non tu peux pas considérer ça comme une entreprise, c’est la jungle !

JJ : Bon ok si tu considères que la rap c’est la jungle, Booba il est tout simplement au sommet de la chaîne alimentaire ! Il mange tout le monde, personne ne peut le manger. C’est pas forcément le rappeur qui vend le plus mais par contre c’est devenu un média à part entière avec aussi sa marque de fringue..

Caba : Ouais parce que à côté des artistes comme Jul ou Maitre Gims par exemple vont vendre plus mais tu vois direct que les mecs ne sont pas les « boss » de ce foutu rap jeu ! Booba j’ai l’impression qu’il est constant depuis le début. En fait pour nous c’est aussi un exemple de réussite.

DC : En parlant de Booba justement, il y a le rappeur belge Damso qui a été signé sur son label 92i. Damso vous le connaissez depuis longtemps ?

JJ : En fait on connaît surtout son équipe.

Caba : Damso est assez discret et les fois où on s’était croisés, on ne s’était pas vraiment calculés. Lui-même le disait, il ne sortait pas grand chose, il voulait bien aiguiser son sabre avant de frapper et il a eu raison car il vient de faire disque d’or il y a quelques semaines donc c’est super quoi !

DC : ça fait déjà quelques fois qu’on vous croise un peu partout, que ça soit en festival ou en concert, comment ça se passe la construction d’un live ?

JJ : C’est des heures de boulot. En fait quand tu crées les morceaux en studio, tu prends déjà en compte quels seront les morceaux qui fonctionneront sur scène.  Le show Double hélice on l’a repeté 5/6 jours non stop enfermé dans un local.

DC : Quand on est « Artistes » et qu’on sort des projets comme vous avec « Double hélice », le public ne voit que la partie émergente de l’iceberg en fait ?

Caba : Exactement, on insiste à chaque fois là-dessus, que ça soit dans nos textes ou dans nos interviews, à n’importe quel niveau en fait il y a du boulot ! On donne tout faut le savoir !

JJ : Mais comme dans n’importe quels taff en fait. Si tu veux monter les échelons, avoir un profil plus important ou gagner plus, il faut charbonner tout simplement !

DC : Vous étiez déjà venus sur Poitiers avant ce soir ?

JJ : Non jamais c’est une première pour moi !

Caba : J’étais déjà venu avec Lomepal. En fait si tu veux avant de commencer la tournée Double hélice, j’ai fait toute la tournée de Lomepal en tant que Backeur

JJ : En fait si tu veux c’est pas juste mon backeur, c’est aussi le backeur de Alpha Wann et Lomepal !

DC : Caballero, le backeur officiel de tous les rappeurs du rap français ? (rires)

Caballero : En fait si tu veux ce qui est vraiment cool en étant backeur sur certaines tournées, les rappeurs avec qui je pars aiment mes sons et ils les kiffent sur scène aussi. Donc c’est de l’entraide, je les assiste sur scène et en même temps je peux aussi jouer mes sons solos.

DC : Qu’est ce qui vous a fait tomber dans le rap pour votre part ?

JJ : Pour ma part c’était une succession de choses.. Dans mon collectif Exodarap, il y a un mec dont le cousin est membre de Starflam, l’un des premiers groupes de rap belge qui a vendu énormément de disque, c’est un peu nos NTM à nous. Ils avaient fait disque d’or etc enfin bref.

Caba : Maintenant c’est Damso haha

JJ : Mais non Starflam ils ont vendu au moins 200 000 disques..

Caba : Ah ouais ! Autant pour moi !

JJ : Après ensuite j’ai acheté Touche d’espoir de Assasin et ça m’a fait vriller.

Caba : Pour ma part, j’avais un pote Dj, on passait notre temps dans sa cave, c’était la caverne d’ali baba, au début on s’amusait à faire semblant d’imiter le dj tu vois. Et on passait pleins de vinyles de vieux rap ricain et c’est comme ça que je suis tombé dedans, la suite tu la connais !

DC : Pour finir cette itw, quel artiste vous conseilleriez pour quelqu’un qui n’a jamais écouté de rap ?

Caba : Bah écoute, à l’heure actuelle, un bon vieux nekfeu tu vois, il comprendra un peu tout ce qui peut se faire dans le rap actuel !

JJ : Qu’il écoute Cyborg de Nekfeu et oui  il comprendra c’est certain !


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Double Hélice sur iTunes

Crédits photos : Guillaume Kayacan – Benoit Do Quang – Maximilien Marie

A propos de l'auteur

Chef de bord

Chef de meute. Tu me trouveras quelque part entre Bordeaux, Poitiers et La Rochelle, soit dans un festival ou dans une salle de concert.

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