Le rap belge a la frite, la preuve avec Double Hélice, un projet signé Caballero et Jean Jass.

Double Hélice… Ce projet n’a, en soi, rien de surprenant tant les morceaux et freestyles où Jean Jass et Caballero découpent le beat côte à côte sont nombreux sur la Toile.  Tu veux un exemple ? On vous dirait bien d’aller vous faire foutre et de chercher par vous-même, mais on tient vraiment à ce que tu écoutes ce fou morceau qui s’intitule Profondeurs déjà présent sur la tape Laisse Nous Faire Vol. 1. On préfère vous le dire, si vous êtes ce genre de personnes qui une fois un artiste découvert souhaite le voir stagner dans son délire… Ce projet n’est pas pour vous. Avec cet album, les deux belges proposent à l’auditeur qui les suit depuis un moment quelque chose qu’il n’a pas encore entendu de leur part. Juste pour vous, fidèles lecteurs de DavyCroket, on analyse titre par titre ce projet sorti il y a de ça quelques semaines.

Le meilleur pour la fin ? Loin d’avoir conçu ce projet dans cette optique, le duo belge – qui a en ce moment le vent en poupe – nous offre, en entame de projet, l’un des meilleurs morceaux de celui-ci : Repeat. Un son qui porte son nom à merveille. Une production entêtante et efficace signée BBL – jeune compositeur/producteur bruxellois – sur laquelle les deux emcees se livrent à un exercice de style des plus admirables.  Ils s’encensent dans un son teinté d’américanisme servi avec technique, flow, phases percutantes… Tout y est. La construction même du titre est, elle aussi, à souligner puisque le refrain arrive en troisième partie – après les couplets de JJ et Caba – et il passe bien, très bien même. Dab.

Yessaï est le deuxième titre du projet. La production de Mowley est d’une qualité remarquable. Le délire old school et groovy à souhait et la guitare d’Antoine Romeo qui vient, ici et là, sublimer le tout. Les rappeurs belges se livrent à un égo-trip maitrisé du début à la fin. Poussé à son paroxysme, la palme d’or revenant à Jean Jass : « Oui, nous sommes premiers… Oui, moi et moi, je n’ai confiance qu’en mon sommelier. »

Double Hélice est le morceau éponyme du projet. C’est Jean XVI, fusion du Seize et de Jean Jass, qui assure la production de ce titre. L’atmosphère sensuellement funky qui passerait à merveille dans un film d’espionnage des 90’s. Les deux rappeurs font sans surprise leur job nous livrant un refrain qui reste en tête et de solides couplets servis avec un flow tantôt posé tantôt plus incisif (qui plaira ou pas…) et avec une technique irréprochable.

 « Ce que vous faites, c’est rigolo mais les blagues les plus courtes sont les meilleures… » : Message à tous les wacks d’ici et d’ailleurs, Jean Jass et Caballero souhaitent votre silence et ce pour toujours. La production du quatrième titre du projet Double Hélice s’intitulant Verygolo est signée Jean Jass. Il montre une nouvelle fois qu’il est aussi chaud en tant que beatmaker qu’en tant que rappeur. Grosse technique, grosses phases : le duo fait une nouvelle fois le taff même si le refrain aurait pu être meilleur.

« J’mets des baffes de padre dans la face, tu d’vras mettre d’la glace, on va t’appeler Gucci Mane… »

On aurait pu penser que l’ensemble du projet resterait dans le délire égo-trip, mais aussi surprenant que cela puisse paraître, le cinquième morceau du disque Rien de Grave ne l’est pas. Jean Jass et Caballero kickent leurs déboires passées en faisant part de leurs espérances quant à l’avenir… Des phases teintées du blues donc mais aussi de la propension à relativiser des deux artistes. Que dire à propos de la performance de Vince Romeo mis à part qu’elle est juste magnifique ? Rien. L’artiste, armé de son bugle et de sa trompette vient apporter sa touche jazzy/blues à un morceau qui se démarque logiquement du reste du projet.

Sixième track du projet, Elle me veut est produite par Aayhasis et débute par un passage du morceau bien connu Vanessa qu’on doit au Doc. L’instru, mélodique et sensuelle, colle parfaitement aux propos des deux artistes belges qui parlent… d’une femme ? Oui, mais pas que puisque les double sens sont nombreux et ce tout au long du morceau à l’image de cette phase : « Le vrai jeu débute quand j’commence à l’allumer… ». A vous d’interpréter les paroles comme vous le souhaitez…

Avant-dernier morceau du projet si on exclu les deux morceaux bonus (et ouais, les gars sont grave généreux ma gueule !) Merci Beaucoup est produit par Hugz Hefner. Si vous avez déjà vu ce blaze sur la Toile, c’est normal. Il multiplie les collaborations avec des rappeurs de renom (Nekfeu entre autres…) et est signé sur le label Seine Zoo Records. On le retrouvera à la production de tous les titres du prochain projet du S-Crew. Dans le délire, le morceau peut être associé à Repeat de par ses allusions à un mode de vie résolument cainri de par l’instru trap envoutante ou encore avec le caractère égo-trip des lyrics et une technique une fois de plus maîtrisée. Skuuuurt.

« Toujours se brosser les grillz avant de faire dodo. »

La combinaison belge a la bonne recette. La preuve avec le dernier titre du projet : Oh Merde produit par Jean Jass. Les sonorités évasives nous fait d’entrée comprendre qu’on va chiller en écoutant cette track. Plutôt que de kicker comme ils savent si bien le faire, les deux rappeurs décident ici de pousser la chansonnette sur (quasiment) l’intégralité du morceau et… Ça passe terriblement bien ! Niveau paroles, les deux emcees nous expliquent de façon imagée qu’ils arriveront à leurs fins et ce quoiqu’il arrive.

Motivé est le premier morceau bonus du projet. On a ici le droit à un solo de JJ qui nous fait part de sa motivation à être le maître de son destin et à, malgré les événements jouant en sa défaveur, atteindre ses objectifs. La production, signée Nacho, est en soi simpliste mais n’en demeure pas moins très efficace. La touche apportée par Vince Romeo est une nouvelle fois jazzy mais, cette fois-ci, fait naître en l’auditeur un mélange de nostalgie et de rêve.

Le deuxième et dernier morceau bonus du projet est produit par Hugz Hefner qui est décidément plein de ressources. Mystique au possible, cette dernière sert d’appui à un Caballero dans son élément qui nous offre un égo-trip de qualité en s’autoproclamant « Pharaon Blanc » et en crachant des flammes plus brûlantes que la lave.

Avec Double Hélice, c’est donc un projet complet et diversifié que nous a servi le duo belge le plus en vogue du moment. Les deux rappeurs ont fourni un travail impeccable sans aucune fausse note (ou presque…) et les producteurs tels que Vince et Antoine Romeo et en ont fourni un non moins impeccable. Mention spéciale pour Eskondo dont les scratchs apparaissent sur quasiment tous les morceaux de l’album. Une technique maîtrisée qui ajoute une touche old-school à chaque fois qu’on les entend.


Jean Jass

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Caballero

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Double Hélice sur iTunes

A propos de l'auteur

Rédacteur Hip-hop / Future Beat

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