Népal de retour avec sa « 445e Nuit » !

Un peu plus d’un an après son projet « 444 nuits », une nuit s’est rajoutée et ainsi, Népal 75 – anciennement Grandmaster Splinter et évoluant également sous le blase de KLM comme beatmaker – vient de balancer sur les réseaux son nouveau projet « 445ème Nuit ». Retour sur la carrière du rappeur/producteur français le plus mystérieux de sa génération et chronique de ce huit titres esthétiquement très abouti.

C’est en 2011 que la carrière de Népal débute, dans les faits du moins. Il forme avec Doum’s le duo 2Fingz et, ensemble, ils sortent leur premier projet, un 4 titres intitulé très simplement « 2 Fingz », reflétant sans doute la volonté du duo de se présenter à leur public. La même année, l’artiste originaire du 14ème arrondissement de Paris, inaugure le concept de freestyle anonyme instauré par la 75ème Session et logiquement appellé John Doe.

2012, Grandmaster Splinter (on espère que t’as bien lu l’introduction mon jeune…) sort ses deux premiers medleys et on te conseille fortement d’aller checker ça si tu es malheureusement passé à côté de ces merveilles techniques. La mixtape « La Folie des Glandeurs », composée de 18 titres, sort en 2013 et prouve que le duo 2Fingz s’est vraiment bien trouvé.

2014, Grandmaster Splinter tire sa révérence en sortant son troisième et dernier medley, se transforme en Népal et le fait savoir en kickant un couplet sur le projet « Paris – Genève » (Panama Bende x 13 Sarkastick x 75ème Session) et en sortant son premier projet solo, un 6 titres sur Faces B. L’année suivante, Népal, sans aucune pression, nous balance son premier projet instrumental (le seul pour le moment) sous son blase de beatmaker (obligé t’as bien lu l’introduction…) : un 12 titres introduit par deux morceaux, l’un d’Ormaz (« Professionnel ») et l’autre de Sheldon, Di-Meh et Sopico (« Gargarismes III »). Cette année là, on peut également le retrouver à la production d’un des featurings francophones les plus savages de ces dernières années qui voit Di-Meh s’allier à… Népal…

2016… L’année de la parution du projet « 444 Nuits », un projet divisé en deux sous-parties, l’une bleue et l’une rouge #matrixstyle. Le projet fait parler de lui à juste titre, porté par le clip du tube « Rien de Spécial » qui a depuis sa sortie été vu plus de trois millions de fois. Le but de cet article est de parler du nouveau projet mais il y’a évidemment beaucoup à dire sur « 444 Nuits ». La même année, Népal est invité à cracher des flammes sur le morceau « Esquimaux »  (extrait de l’album « Cyborg » de Nekfeu) et fait preuve d’une technique lyricale à faire pâlir Ip-Man. On le retrouve également à la production (avec Diabi et Loubensky) du morceau « Humanoïde » toujours sur Cyborg.

21 septembre 2017, date de sortie du projet « 445ème nuit ». DINGUERIE. Bon, on est un webzine très sérieux (follow nous si c’est pas déjà fait d’ailleurs) donc on va pas s’arrêter à ce qualificatif et faire notre taff comme il se doit. Le projet s’ouvre une track sombre produite par Stratega (s/o 5 Majeur ; s/o Fixpen Sill). Dans celle-ci, on retrouve la plume aiguisée de Népal, une plume mêlant  dénonciation, égo-trip et remise en question, le tout avec une quantité de références incroyables et un changement de flow amené à la perfection.

On continue avec « Maladevexa », un morceau turn up ambiançant produit par KLM et Yung Coeur et sur lequel on se verrait bien rider la city jusqu’à pas d’heures. On souligne la phase « Dieu merci j’ai une passion qui fait que samedi soir j’vais pas m’finir à l’exta » qui se termine avec une ambiance extraite d’un son de Travis Scott qu’on sait amateur de toutes sortes de drogue.

La longueur d’une interlude mais la puissance d’un « Demain c’est loin » version des relations amoureuses d’aujourd’hui : Love64 est produit par KLM et fait son effet. Le morceau suivant s’intitule « Deadpornstars » et voit le duo 2Fingz faire ce qu’il sait faire de mieux : découper la prod. Une petite intro sponsorisée par Chaturbate, une instru  à la fois bressom et envoûtante, Népal fait le taff comme il sait le faire et Doum’s impressionne par sa performance censurée (REP Alicia Tyler ; s/o Mia Khalifa).

Le morceau suivant fait plaisir tant la connexion avec 3010 est à la fois inattendue et plaisante à l’écoute. Celui-ci nous offre un refrain smooth et les deux rappeurs nous délivrent des couplets efficaces défendant leur égo-trip en clamant qu’ils sont leurs propres fans et que c’est le plus important : un beau message que Russ validerait sans aucun doute, le tout sur une production assurée par KLM et Stratega. KLM utilise le même sample que le producteur du morceau « Keep It G » d’Asap Rocky pour ce sixième morceau du projet.

L’insomnie de ses 445 nuits a transformé Népal mais l’a surtout rendu triste et blasé et c’est cette facette qui nous a touché sur ce morceau. Une production signée qui fait penser au banger « Lemonade » d’Ash Kidd sur laquelle Népal, paradoxalement à l’ambiance sereine de l’instru, continue dans une vibe triste et torturée où il dépeint son quotidien avec une maturité qu’il semble ne pas totalement assumer. KLM et Stratega s’allient à nouveau pour conclure ce projet.

Comme l’explique un commentaire YouTube : « on dirait de la vaporwave avec du rap ». Comme dans le morceau précédent, la forme du morceau contraste avec le fond, contraste illustré quand Népal nous dit qu’il voit le rap comme « toutes ces putains d’erreurs qu’on finit par refaire ». Il en a marre. De quoi ? Réécoute le projet plusieurs fois et tu comprendras jeune trappeur.

Népal confirme avec ce nouveau projet son univers crée au fil des années, un univers sombre et nocturne. Un univers parfois très proche de ce qui se fait de l’autre côté de l’atlantique mais en imposant sa patte avec une sauce aussi secrète que celle du Big Mac. Ce huit titres est parfait pour rider toute la nuit, un peu moins si on veut la rider avec le sourire tant l’artiste de la 75ème Session semble en avoir gros sur le cœur. Grosse force à lui et à son projet très abouti !

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