Autrefois, les exorcistes employaient l’expression « Vade Retro Satanas » pour chasser les démons. Aujourd’hui, Ichon combat les siens en se disant et proclamant qu’il suffit de le faire. On profite de la sortie de son nouveau projet « Il suffit de le faire » pour dresser un portrait de celui qui est sans nul doute l’une des personnalités les plus atypiques du rap game. 

S’affranchir des codes et écouter son cœur : voilà ce que nous propose un jeune homme déterminé à faire vivre ses passions et à en vivre. Avec ses deux premiers projets Cyclique en 2015 et #FDP en 2016, le porte-parole du mouvement « Venez on s’aime » avait annoncé la couleur : son art est une palette remplie d’émotions, remplie de contradictions et faisant donc de lui un paradoxe vivant. L’artiste, originaire de Montreuil, déclarait lors d’une interview qu’il n’exploserait pas dans les règles, rajoutant ensuite qu’il arriverait par derrière.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces derniers mois ont donné raison : des bangers, des morceaux aux antipodes des codes du rap, des sessions lives, des clips chocs, de l’expérimentation, des featurings et bien évidemment des couplets lâchés sous l’étendard Bon GaminLa quantité, la qualité et l’originalité n’ont fait qu’un et public comme médias – en témoigne le live-concept d’Ichon pour les Inrockuptibles ou encore le freestyle Freshmen sur Konbini entre autres – ont commencé à prêter très sérieusement attention à cet artiste qui excelle pourtant depuis des années.

C’est avec une kippa de cheveux, une tenue digne de Don Draper, un sourire aussi brillant que la voûte céleste et un regard empreint de self-confidence que se présente la pochette du nouveau projet d’Ichon. « Il suffit de le faire » devait à la base sortir au début de l’année 2017 et être composé de 14 titres. Ce sont finalement, et pour notre plus grand plaisir, 18 titres qui sont présents sur cette mixtape sortie il y’a de ça quelques jours.

Sur ce premier long-format, on retrouve sans surprise Myth Syzer à la production de bon nombre de tracks mais loin de se formaliser sur le fait qu’il soient tous les deux des Bons Gamins et que Syzer soit l’un des producteurs les plus chauds de l’Hexagone, Ichon pose sa voix sur des productions d’autres beatmakers. De son entourage mais aussi de beatmakers « inconnus » à l’image de Mingo à qui l’on doit l’excellente production de « 2017 » (la connexion s’est faite vie Instagram). En termes de featurings, ce sont Vent Chi – membre du collectif Plus Mafia – Jeune LC – jeune avant d’être LC – et Loveni – troisième membre du crew Bon Gamin – qui partagent le mic avec Ichon sur trois morceaux, respectivement « Tennessee » ; « Demain » et « Backstage ».

Écrivant tantôt avec une plume de colombe, tantôt avec celle d’un corbeau, l’artiste semble être pris au piège entre son envie de faire le bien autour de lui et sa lucidité quant à la cruauté d’un monde qu’il tâche tout de même d’aborder avec le plus d’amour possible. La carapace d’un fils de pute derrière laquelle se cache un cœur empli de bienveillance, d’amour et de tristesse en somme et c’est une double interprétation des choses qu’Ichon nous propose avec ce nouveau projet. Dansant entre l’ombre et la lumière, Ichon nous parle, mélangeant poésie et trash-talking, de cette sensibilité souvent ravalée face à la dureté de la vie, de sa volonté de réussir en étant lui-même, de ses contradictions assumées et bien évidemment de son mode de vie de rockstar. Une assurance presque insolente à en faire pâlir les plus grands coachs personnels, c’est ce qui caractérise le plus le jeune homme.

C’est cette assurance qui lui permet de s’assumer, de s’accepter comme il est : paradoxal. On ne peut en effet s’empêcher d’être intrigué par ce personnage, aussi romantique que vulgaire, aussi positif que désabusé, aussi fort que fragile, aussi matérialiste que spirituel. Ichon vit en étant conscient des rouages qui régissent ce monde et, bien qu’il dépeigne parfois celui-ci de manière sombre, triste et désabusé, il semble avoir choisi d’utiliser cette lucidité extrême à son avantage plutôt que de se laisser saper par celle-ci.

Il ne nous reste qu’à lui souhaiter dans continuer sur cette lancée, de continuer à le faire et surtout de recevoir toute la reconnaissance qu’il mérité pour ce projet mais également pour son parcours et sa détermination.

 

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A propos de l'auteur

Rédacteur Hip-hop / Future Beat

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