De nombreuses fois portés à l’écran, les concepts de l’influence d’Internet et du jeu-vidéo sur la réalité ont toujours été vendeurs dans l’industrie cinématographique. D’Ultimate Game imaginant un FPS grandeur nature au beaucoup plus discret Disconnect (que je ne saurais que trop recommander), le sujet a de quoi faire parler et Hollywood ne s’en prive pas. Cependant, malgré l’intérêt et le côté polémique des films de ce genre, on ne peut guère dire qu’ils soient bien souvent réussis. Baignant une nouvelle fois dans cet univers, comment s’en tire Nerve ?
Pour résumer très globalement, Nerve nous fait suivre les aventures de Vénus et Ian, deux jeunes adultes (Dave Franco et Emma Roberts ayant respectivement 31 et 25 ans je ne peux décemment pas dire adolescents) s’adonnant à un nouveau jeu en ligne : Nerve. Le concept de ce dernier ? Faire encore plus con que Pokémon Go et permettre aux « Watchers » de dicter des défis aux « Players ». Quand je dis plus con j’entends qu’on passe d’une foule se précipitant sur un Pikachu virtuel à un abruti se lançant à 100km/h sur une moto les yeux fermés. Les choses escaladant rapidement (forcément avec une maigre heure et demie de film, il faut faire vite), la situation dégénère pour nos deux compères qui se retrouvent piégés par la communauté de sadiques « Watchers ».
L’intrigue de Nerve ne va jamais plus loin que ça, le tout se passe en une soirée, de quoi justifier d’avoir des personnages aussi bien écrit qu’un épisode de Gossip Girl. Dès lors, les enjeux sont clairement minimes et archi-prévisibles. Le scénario ne surprend pas, les rebondissements sont tantôt creux et niais, tantôt attendus et d’une facilité déconcertante et le tout donne l’envie sauvage de broyer menu à coup d’accoudoir le projectionniste qui n’en demandait pas tant.
Côté réalisation, on retrouve les jeunes réalisateurs de Paranormal Activity 4 et de Catfish. Autant dire que côté palmarès, si vous vous attendiez à du glorieux, vous allez regretter les J.O. Aucun effort n’est mis en oeuvre, le long-métrage se contentant du minima et d’une épouvantable couche de néons dans 60% des plans. Si vouloir avoir une patte personnelle est louable, aller jusqu’à transformer New-York en salle de LaserGame fallait quand même oser. Rien ne ressort de cette mixture informe aux idées bâclées et l’ensemble devient rapidement vomitif. Sans identité visuelle, Nerve réussit même l’exploit de foirer tous les raccords possibles entre les différentes techniques qu’il essaie de déployer. Des plans en vue subjective à l’interface « web 2.0 » digne d’un mauvais pop-up Youporn, il n’y absolument rien à sauver. C’est lourd, c’est laid, c’est vulgaire et bon sang ce que ça pique les yeux.
Pas d’arrêt sur le casting qui, dans une si misérable aventure, n’avait aucune chance de tirer son épingle du jeu. Dave Franco et Emma Roberts font donc leur possible avec la pauvreté d’écriture des personnages qui leur ont été confiés.
Dernier point outrageant : la bande-son. Anecdotiquement, le meilleur moment dans la salle fut l’attente de la projection où le medley entre « Sous l’océan » de la Petite Sirène et la B.O du Dark Knight Rises sonnait comme un doux paradis à mes oreilles.
Au final, il est presque impossible de dire du bien de Nerve. Le concept de base était intéressant, clairement. Il aurait même pu être exploité de manière subversive. Ici ce n’est jamais le cas, le film se contentant de raconter son histoire sans jamais délivrer aucun message. Pire, il pourrait s’avérer dangereux tant l’absence de conséquences transpire dans la morale du film et en ce que la génération « Y » dépeinte, et à priori le public visé, n’apparaît comme étant qu’une foule de moutons décérébrés, assoiffés de violence et de trash. De bout en bout, Nerve n’est qu’un produit, triste reflet d’un monde qui se barre en couilles.
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