Après un show électrique et captivant à la première édition du Festival des Nuits Courtes à Fontenay le Comte, Sopico nous avait accordé un moment afin de nous parler de son projet, ses envies et tout simplement de hip-hop.
DavyCroket : Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore et expliquer un peu le personnage de Sopico ?
Je m’appelle Sopico, je fais du rap depuis 5 ans et demi et je suis rentré dans le monde du rap grâce au collectif 75ème session mais surtout grâce à mon entourage. Je viens du 18ème, qui est un quartier populaire et en même temps qui est très lié avec le rap français d’une certaine génération (Doc Gynéco, Georgio, Scred connexion, Hugo TSR). C’est un quartier où tout le monde se connait plus ou moins. J’ai mis les pieds dans le rap en voyant des gens le faire et on m’a mis le pied à l’étrier en me forçant à gratter un texte. Le tout premier morceau était « TIME » et depuis ce jour là j’avance main dans la main avec mon collectif.
Peux-tu nous parler de tes différents projets ?
J’ai sorti le projet MOJO il y a environ un an, épaulé et produit entièrement par Sheldon (membre de la 75ème session ndlr). Depuis on a réalisé pas mal de projets avec mon équipe, certains minimalistes et d’autres moins. J’ai joué de la guitare devant mon téléphone et de l’autre côté j’ai pu avoir l’honneur de participer au projet COLORS. Il y a mon nouveau projet qui va sortir le 26 janvier prochain qui s’intitule « YE », sous un long format. La seule différence entre MOJO et mon prochain projet est que je l’ai produit entièrement : 14 morceaux avec 14 de mes productions, et en attendant on peaufine le live et on défend les projets sur scène.
Quelles sont tes aspirations concernant ta musique ?
Pour mes aspirations, elles sont souvent extérieures au rap, ça touche vraiment tout ce que je vis au quotidien, des aspirations humaines, que ça soit la famille ou les amis…
Tes clips sont très soignés et bien travaillés, comment ça se prépare tout ça ?
C’est une très bonne question ! Quand on a fait MOJO, on avait déjà sorti quelques clips qui s’apparentaient plus à des street clips qu’à de vrais clips. Avant de sortir MOJO, j’ai sorti un morceau qui s’appelait HEAT, produit par Loop Snatcher, et sur lequel on a essayé de dégager une image assez sombre (capuche casquette) comme sur beaucoup de mes clips. Avant de faire du rap j’ai fait des études dans l’audiovisuel donc j’ai une certaine directive artistique. J’essaie de soigner mon image et de me tourner vers des gens plus orientés cinéma, avec une trame vraiment scénaristique concernant mes clips.
Là actuellement on est en train de bosser avec toute une équipe pour trouver des idées sur les nouveaux clips, de travailler une vraie ligne artistique. Il y aura sûrement un clip qui sera réalisé par moi même aussi. On essaie autant de toucher au micro qu’à la caméra.
C’est assez intéressant toute cette nouvelle génération qui a plusieurs casquettes : rappeurs, producteurs, réalisateurs…
Si je peux suivre ton propos, aujourd’hui grâce à internet on a la possibilité de se mettre en avant à travers différents prismes. On peut balancer directement les morceaux dans les oreilles des gens à travers les services de streaming etc.. Mais en parallèle, on peut emmener notre univers à travers nos vidéos mais aussi grâce à des mises en scène pendant nos lives, ou encore grâce à des marques de fringues etc.. Je pense notamment à mes amis de Walk in Paris. Gary et Léo ont monté leur marque et on a tourné une vidéo qui s’appelle « The Walk » avec une « campagne solidaire » à travers « Walk In Paris » pour laquelle j’ai écrit le texte. Dans la vidéo tu peux aussi bien voir des petits de 16 ans et des mamies de 85 ans et tout le monde marche main dans la main.
C’est plaisant de te voir sur des gros bangers sur scène comme sur des projets plus centrés sur les mots, notamment le projet Colors et Walk In Paris justement.
On a la possibilité de pouvoir s’exprimer, si aujourd’hui je m’enfermais juste dans le rôle d’un rappeur pur et dur je pourrais pas faire passer les messages que j’ai envie de faire passer. Développer tous ces projets c’est aussi attirer la curiosité des gens, ouvrir les esprits et ne pas s’enclaver dans un univers en particulier. J’ai aussi une volonté forte de travailler avec beaucoup de matériel, de techniques etc… J’ai envie de réduire la distance entre ma musique et mon public. Le but c’est d’essayer de sortir un maximum de ce que j’ai à l’intérieur pour l’offrir à un maximum de personnes.
Est ce que tu as expérimenté d’autres instruments que la guitare ?
Je faisais de la guitare avant de faire du rap. Je joue aussi un peu du piano mais je suis très autodidacte donc j’ai aucune notion de solfège, j’avance au fur et à mesure. J’ai envie de rapprocher mes inspirations à un produit final avec un rapport assez minimaliste. Par exemple pour le projet Colors, à l’origine c’est un combo guitare + voix. C’est quelque chose que je peux jouer partout à partir du moment où j’ai 6 cordes avec moi . Je pense de plus en plus à intégrer des choses que j’ai jamais utilisées dans ma musique. Si je pouvais communiquer un message par rapport à ça c’est tout simplement qu’il n’y a aucun instrument inaccessible : il y en a des plus difficiles à comprendre que d’autres mais chacun peut dégager une musique d’un instrument.
Comment ça s’est passé la rencontre avec les fondateurs du projet COLORS ?
L’histoire est plutôt marrante : j’ai reçu un mail de l’équipe COLORS alors que je venais juste de découvrir le projet la veille. J’ai découvert ce projet avec Tommy Ca$h. Je me suis réveillé le lendemain avec une proposition de faire la même chose que lui et ça m’a tout de suite emballé ! Donc on s’est dit qu’on allait partir à Berlin et on en a profité pour clipper 3.33% là bas. En parallèle on est parti faire le Colors. C’est un véritable projet à échelle humaine et je les respecte à fond pour le travail qu’ils réalisent ! C’est un projet qui connecte les pays entre eux, qui véhicule des émotions, peu importe d’où tu viens, c’est les émotions qui parlent à la place du texte ou des instrus.
Le projet COLORS m’a aussi permis de me connecter actuellement avec pleins d’artistes du monde entier. Et c’est encore plus plaisant de trouver des confrères sur COLORS avec Isha, Krissy ou encore Slimka ou Doums ! D’ailleurs j’en profite pour dire qu’il y a un morceau en préparation avec ISHA qui arrivera très prochainement ! Je suis très content d’avoir réalisé ce COLORS et ce n’est pas impossible que j’en fasse un 2ème…
On se rend compte aussi qu’il y a de plus en plus de ponts entre les courants musicaux..
On est tout simplement le produit de notre environnement, on a vu beaucoup d’artistes Rock et Rap se mélanger ces dix dernières années. Je suis beaucoup plus intéressé par ce que provoque une réflexion artistique qu’une représentation esthétique. J’ai un rapport à l’image qui est assez précis et intéressé mais du coup je pense qu’il faut allier un peu tout ça pour extraire un maximum de ton prisme artistique.
Certains artistes vont plus privilégier l’image que le contenu au final…
On va pas leur tirer dessus hein mais en réalité on sait très bien qu’une belle image peut contribuer à la réussite de beaucoup. Je pense que les artistes qui sont vraiment passionnés et qui ont une volonté forte de développer leur côté artistique doivent aussi faire cet effort de travail sur l’esthétisme et sur l’imagerie car c’est aussi grâce à l’image que l’on dégage que les gens accrocheront leurs yeux et puis leurs oreilles. Qu’on le fasse dans un sens ou dans l’autre, si l’on néglige ni le fond et ni la forme, normalement on arrive à être soi même et c’est ça le plus important je pense !
Dans quoi tu puises toutes tes inspirations, que ce soit sur l’image ou le contenu de tes textes ?
J’ai beaucoup appris avec la 75eme session ! On est un collectif, un label et on est un vivier artistique énorme, c’est surtout ça le plus important. Cet espèce de bouillon artistique nous a permis de se confronter aux volontés artistiques des autres et de se forger la nôtre. Sinon après, je suis fan d’énormément de choses, que ça soit ancien ou récent … : D’angelo, Lauryn Hill, Lunatic, Arsenik, Nirvava, Led Zeppellin… Et après dans les artistes actuels tels que : Asap Rocky, Christine and The Queen, Mathieu Chedid… Ce qui fait le point commun entre tous ces artistes c’est surtout leur originalité et le fait que leur identité soit l’un des enjeux principaux de leur musique. Je me suis beaucoup inspiré de ça dans ma jeunesse, j’ai vraiment eu une envie forte d’être au cœur de ma musique sous toutes ses formes.. De la production au clip en passant par les textes..
Comment ça se passe sur scène actuellement ?
J’ai fait quelques dates, j’en suis au début. Ce qu’on fait en live est en évolution constante et c’est ça qui est très intéressant ! Les personnes qui m’entourent sont dans le même rapport évolutif que moi donc on joue des anciens morceaux comme des morceaux qui sont jamais sortis… Le live est l’un des meilleurs endroits où j’ai l’opportunité d’être grâce à ma musique.
Facebook // Youtube // Twitter // Itunes
Laisser un commentaire