Se renouveler dans le monde des séries est une tâche difficile, les producteurs américains ne le savent que trop bien. Ainsi, au milieu du paysage très science-fiction/teenage shows, il n’est pas aisé de se faire une place. Loin des séries de vampires et autres loup-garous, HBO (Games of Thrones) réussit cependant l’exploit en proposant une série basé sur la religion, les questions existentielles et l’incompréhension qui, souvent, nous gagne. Décryptage d’une première saison bluffante.
The Leftovers est pour moi l’énorme surprise de 2014 du côté des séries. Un pilote que j’ai regardé par pure curiosité, un synopsis assez mystérieux en soit, il y avait de quoi attirer. Et puis bon c’est estampillé HBO, alors quelque part on y va les yeux fermés.
L’histoire qui nous est contée est celle de la communauté de Mapleton, New-York, touché comme la plupart de la planète par la disparition de 2% de la population. Une disparition soudaine, inexplicable. Dès lors, la foi de chacun va être questionné, leurs motivations, leurs existences même est remise en cause par ce fléau soudain et silencieux. D’un tel point de départ, de multiples questions vont se poser, mais faut-il y répondre ?
La réussite de la série tient justement sur ce point, de toutes les interrogations qui sont soulevées, peu trouvent de réponses, mais c’est pour mieux susciter la réflexion du spectateur. Le ressenti est alors total, tant on est imprégné par le sentiment d’abandon, de perte, de désespoir de ces laissés pour compte qui doivent réapprendre à vivre.
Chaque épisode se concentre sur le parcours d’un protagoniste particulier, en lien avec « the departure », chacun doté d’une histoire et de convictions profondes. Ainsi, l’homme de foi tentera d’expliquer le fléau en y voyant une volonté divine tandis que le pragmatique ne cherchera même pas d’explication. Pourtant, chacune de ses positions se valent en ce qu’elles nous font réfléchir sur nos propres existences
Côté casting, HBO a divisé ses choix. D’une part, Liv Tyler (Arwen dans le Seigneur des Anneaux entre autres) occupe un rôle majeur, d’autre part la majorité du casting revient à des acteurs peu connus mais vraiment talentueux. Justin Theroux qui occupe le rôle principal par exemple ne brille pas par sa filmographie et pourtant vient ici crever l’écran.
La mise en scène aussi participe au brio du show. The Leftovers ne se regarde pas comme un film de Michael Bay, ni même comme une série tel que Arrow ou The Flash. Les effets visuels ne sont pas légion et le rythme est plutôt lent, jouant avec justesse sur l’impact émotionnel de chaque scène. Consolidant ce rythme, la bande-son est irréprochable.
Les thèmes principaux, composés pour l’occasion, sont d’une beauté rare, tout comme les morceaux choisis. Mention spéciale à l’inclusion de « Nothing Else Matter » dans sa version au violoncelle par l’excellent groupe Apocalyptica, qui vient enrichir de la plus belle manière une scène poignante du neuvième épisode.
Au final, les fausses notes sont rares dans cette série d’envergure. On ressort à chaque fois d’une heure de visionnage troublé, perdu. L’émotion est au rendez-vous, toujours. Cette première saison s’avère donc éblouissante, véritable révélation pour un paysage de série qui tendait à devenir lassant. Reste à voir si HBO réitérera l’exploit dans un an, et quelle direction va être choisie quant à toutes ces interrogations sans réponses.
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