Brodinski n’a jamais caché sa passion pour le hip-hop. Ce grand fan de Gucci Mane (et on le comprend, #FreeGucci) a de nombreuses fois déclaré son amour à cette culture, que ce soit par le biais de collaboration avec des rappeurs émérites (de Kanye West à Beat King) ou en droppant des mixtapes aux couleurs du ghetto. Par ailleurs, il a contribué, à une moindre mesure, au déferlement de la vague beat en France en sortant, via son label Bromance, avec des projets de Jimmy Edgar, Kayranada, et j’en passe..
Cependant, malgrès ces quelques signaux plutôt flagrants, le grand public, ainsi qu’une bonne partie de la presse, a préféré s’attacher à la facette plus « techno » de Brodinski, quitte à réduire un producteur aux influences multiples à un monolithe musical, plus facile à catégoriser.
Du fait de cette présomption, somme toute assez radicale, nombre des fans du Remsois ont levé un sourcil sceptique en apprenant que son premier album serait composé de morceaux en collaboration avec des emcees d’Atlanta. C’est donc dans une atmosphère miltigée que Brodinski a sorti Brava en ce début mars. Et, contre toute attente, le pari est réussi.
A l’exception d’ I LOVE MAKONNEN, le prodige signé chez OVO SOUND, Brodinski a choisi de faire confiance à des jeunes qui poussent. On retrouve donc derrière le micro des gars comme Young Scooter, Peewee Longway ou encore Bloody Jay qui étalent leur maestria sur des productions carrées et puissantes. Outre le très tonique Can’t Help Myself, teasé il y a quelques temps, et le vaporeux Us clippé à Shangaï, on a eu le plaisir de trouver quelques perles dans cet opus.
De Need For Speed, en collaboration avec Louisahhh!!! (sa collègue de Bromance) et Bloody Jay à 51 Bandz , anthem fait pour le club, Brava s’avère être un album intéressant, mais surtout cohérent. Car si Brodinski tend la main au hip-hop, il ne tourne pas pour autant définitivement le dos à la techno. Dans ses productions, il place des synthés très indus et des kicks caverneux, avec l’intention évidente de retourner les dancefloors. Si il fallait se risquer à définir le genre de Brava, il faudrait lui apposer l’étiquette de club-music.
Dans une interview accordée à Konbini, Para One à qui l’on demandait son avis sur cet album, a eu une réflexion très pertinente : « Toute la génération TTC, Institubes, on a toujours revendiqué le fait que le rap, la techno et l’électro sont la même musique ». Le patron de Bromance est avant tout dans une démarche festive, affutant ses missiles sonores dans le but évident de faire exploser la nuit.
Pour finir de nous convaincre, nous avons eu l’occasion de nous rendre à la release party de Brava au Yoyo, histoire de nous rendre compte du véritable potentiel de ce projet en club. Résultat ? Le Remsois a réussi un véritable hold-up en dynamitant le sous-sol du Palais de Tokyo. Confirmant que Brodinski, quelque soit la direction artistique qu’il choisisse, conserve une maestria et une aisance épatante.
Quoi qu’en dise ses fans de la première heure, en grande partie déçus, Brava est, dans son domaine, une réussite totale.
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