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À l’occasion de leur passage à Bordeaux et dans le cadre de leur tournée pour les 10 ans du label Chinese Man Records , nous sommes allés à la rencontre du groupe Chinese Man. Figure majeur de la scène indépendante française, ils puisent leurs influences dans tout un tas de styles : Hip-hop / Funk / Reggae / Dub… Une belle bande de potes qui ne se prennent pas la tête et qui vivent de musique d’amour et d’eau fraîche. 

 

Davycroket : Salut les gars, est-ce que vous pouvez vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas du tout ?

Chinese man : Bonjour, je suis Zé Matéo et je présente SLY & High Ku, et nous sommes le groupe Chinese Man.

Davycroket : Pour commencer, comment vous vous êtes rencontrés et comment vous faites pour maintenir ça depuis 10 ans maintenant ?

Chinese Man : On s’est rencontrés il y a bien longtemps, on était potes avant de faire de la musique ensemble. Au début, on avait juste pour ambition de faire un vinyl tous les 3 pour nos potes Djs et les gens autour de nous et 10 ans après, on en est là où on en est. Et comment ça continue, et bien je pense parce qu’on se connait très bien. Bien sûr, on passe beaucoup de temps ensemble pour bosser, mais on a aussi nos vies à nous, on a trouvé notre rythme, notre façon de fonctionner à 3 et maintenant encore plus nombreux parce qu’on a beaucoup de gens qui travaillent avec nous. C’est aussi un peu l’esprit du label Chinese Man Records, que tout le monde puisse s’épanouir au mieux possible donc s’il y a des moments où on a envie de faire un break, on peut le faire, on est assez libre vu qu’on est indépendant.

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Davycroket : Contrairement aux majors, comment vous vivez votre liberté, de faire ce que vous aimez tout simplement, et d’en vivre, de se faire plaisir ?

Chinese Man : Principalement, ça nous permet de récolter le gros du travail. On récolte ce qu’on a semé, mais entièrement à contrario d’un artiste en major où ton succès va te bénéficier personnellement mais aussi en grande en partie à la major qui a produit le disque. Nous, le fait de faire ça nous permet d’orienter le projet d’une manière beaucoup plus large par rapport à un groupe au sein d’une major. C’est une réflexion beaucoup plus globale ; il y a le groupe Chinese Man, nos compositions, c’est une partie du travail mais il y a aussi des fois du conseil artistique avec Deluxe, de la gestion humaine, de l’organisation de tournée. On va dire qu’on a un boulot d’artiste qui est un peu similaire à n’importe quel artiste à part le fait qu’on est notre propre patron, on peut faire ce qu’on veut. C’est surtout la part annexe qui est importante dans nos vies, et qui fait que c’est une vie qui est forcément différente que si on était en major.

Davycroket : Vous avez commencé une tournée pour fêter vos 10 ans, et pour l’instant comment ça se passe ?

Chinese Man : Bah écoute super. Pour nous, le live de Chinese Man, c’est une grande première là car c’est un nouveau dispositif donc on est en train de peaufiner et ça commence un peu à se roder. Pour Deluxe, c’est un live qui tourne depuis quelques mois déjà et ils l’ont un peu ré-adapté pour ce show. On a un co-plateau où on se retrouve tous ensemble à la fin du show, et on s’éclate vraiment sur cette tournée. Pour le projet, par rapport au label, et bien c’est un peu difficile parce que c’est une grosse organisation, on n’a pas l’habitude de faire des projets aussi grands. Du coup, ça demande beaucoup d’énergie, beaucoup d’investissement de tout le monde. Ça se passe plutôt bien mais ce n’est pas tout le temps facile.

Davycroket : Du coup, vous vous êtes dit ça quand « on va faire un plateau tous ensemble » ?

Chinese man : L’année dernière, au moment où on a décidé d’organiser la sortie des Groove sessions volume 3, on s’est rendus compte que c’était les 10 ans donc on a imaginé faire quelque chose d’un peu original. Du coup, vu que sur le label, il n’y a pas 45 artistes et que depuis le début tout le monde s’accompagne et se suit, on s’est imaginés faire un projet comme ça où pendant 1 mois- 1 mois et demi, on allait tourner tous ensembles. On a donc proposé à Deluxe qui est quand même le groupe le plus important avec Chinese Man dans le label. Il y a Taiwan qui nous accompagne, Youthstar ; Ce soir par exemple à Bordeaux après notre concert,  LeYan et Leo Le Bug, feront un Dj Set dans un bar en after. L’idée, c’était de faire un événement qui soit assez inédit et dans lequel le public puisse à la fois retrouver les artistes qu’ils aiment et en même temps découvrir s’ils ne connaissent pas Chinese, ou Deluxe ou ces groupes là.

Davycroket : Est-ce que, si vous regardez 10 ans en arrière, vous pensiez en arriver là, faire une tournée, avec un gros bus tour, parcourir un peu toute la France ?

Chinese man : Non, non, on n’avait pas vraiment de plan de carrière. Ça s’est vraiment fait par étapes, chaque projet qui réussissait entre guillemets que ce soit une sortie d’album ou une tournée nous permettait de faire le projet d’après. Donc ça a continué, pour nous ça a été assez progressif. On ne pensait pas faire ça au début quand on a commencé, mais quand tu es dans le truc, ça te parait être des évolutions logiques.

Davycroket : Il y Groove Sessions volume 3 qui est sorti, est-ce que vous pouvez en parler un petit peu ? Comment ce projet est né ? Qu’est-ce qui vous a poussé à sortir le troisième volume ?

Chinese man : Nous déjà au niveau de Chinese man, on n’avait pas envie de repartir sur un album, en plus c’était les 10 ans du label. Les Groove sessions étant des compilations du label depuis le début de cette histoire, déjà on se disait que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas sortis de volume donc c’était peut-être l’occasion d’en sortir un, et c’était les 10 ans. En plus, c’était l’occasion de mettre l’accent sur le label et les différents groupes qui le composent. Donc plutôt que de sortir un album pour Chinese man, ça nous paraissait plus juste ; et en plus pour la tournée qui allait suivre, de faire un disque avec Deluxe, avec Taiwan MC, de pouvoir partager tout ça ensemble sur scène.

Davycroket : C’est sympa de voir justement des labels comme ça où il y a l’esprit de coopération, d’équipe, de faire kiffer les potes et c’est vraiment chouette. Est-ce qu’il y a un moment dans votre carrière qui vous a vraiment marqué ? Quelque chose qui vous a marqué dans le label ? Une aventure ?

Chinese man : Il y en a beaucoup, en 10 ans. Il y a les tournées à l’étranger, la première grande tournée en Asie du Sud-est. On s’est retrouvés dans un projet créé par des copains, à plein sur une plage en Thaïlande, à faire la fête, à jouer, à faire des concerts, c’est un des premiers souvenirs, entre guillemets importants. Ça veut dire que ton projet t’amène à voyager, donc ça gagne.

Davycroket : C’était où cette tournée ?

Chinese man : On a fait une tournée en Asie du Sud-est où on faisait Corée, Thaïlande et Indonésie. Quand le projet est apparu, on a aussi mobilisé les gens qui gravitaient autour du projet, les copains, les copines.

Davycroket : Je ne sais pas si c’est pareil pour vous, mais on a rencontré d’autres artistes qui nous ont parlé aussi de l’Asie, en nous expliquant que le public était assez réceptifs, sur plein de styles différents.. 

Chinese man : Oui, on a eu des belles occasions de partager notre musique, après c’est souvent par le biais d’alliances françaises ou de réseau un peu culture France. On alternait entre des scènes où il y avait pas mal d’expatriés et un peu des gens locaux et des trucs où vraiment tu joues en extérieur donc tu joues sur la ville, et vraiment n’importe qui passe et peu s’arrêter. Donc à chaque fois c’est des belles expériences.

Davycroket : Pour revenir un peu plus sur Chinese man, comment se passe le travail d’équipe ? Qui fait quoi ? Est-ce qu’il y a des rôles attitrés ?

Chinese man : Non, non, il n’y a pas vraiment, en tout cas dans la composition il n’y a pas de rôles attitrés. On travaille tous les trois. On part d’un sample avec les platines puis on construit le morceau un peu par calques, par couches, d’abord la section rythmique. Après dans la pratique effectivement, Matéo est un peu plus au clavier, SLY un peu plus aux platines, moi (High Ku) au séquençage, mais ça fait 10 ans donc chacun touche un peu à tout maintenant. C’est pareil pour le live en fait, c’est vachement collégial, tout le monde a droit à la parole, on essaie de trouver un consensus pour que tout le monde soit content artistiquement.

Davycroket: Comment ça s’est passé la rencontre avec Deluxe ? Comment vous en êtes venus à les signer sur Chinese Man Records ?

Chinese man : En fait, ils viennent d’Aix en Provence, donc pas loin de Marseille et ils se sont fait une bonne réputation en live, ils ont joué dans les bars, dans la rue tout ça. C’est Matéo  qui est allé les voir en premier. Ils étaient à un moment tout simplement où ils avaient besoin de conseils, ils voulaient commencer à mettre un peu de sampling dans leur musique, un petit peu d’éléments électroniques. Donc au début Matéo a été vraiment là pour les accompagner et ils ont évolué. Au moment où ils ont voulu faire leur première sortie, ça semblait logique de leur filer la main. Dans la musique, il y a quand même des liens, même si leur musique est différente on a quand même des inspirations communes donc ça semblait assez logique. C’est à la fois la proximité, le fait qu’humainement ça se soit bien passé et que musicalement ça offrait une nouvelle palette à Chinese Man records. C’était une musique qu’on avait pas vraiment exploré, donc c’est une rencontre humaine avant tout.

Davycroket : En tout vous êtes combien d’artistes sur le label ?

Chinese man : Il y a Chinese Man, Deluxe, Taiwan, Leo Le bug, le Yan, Thomas Pam , et Skoob le roi donc 8 artistes. Les trois derniers artistes font beaucoup de soirées mais ils ont sortis un projet, un 45 tours.

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Davycroket : Sur une interview, j’avais vu qu’un de vous trois aimait la musique brésilienne, est-ce que vous êtes toujours dans ce délire ? 

Chinese man : En fait on écoute un peu tous des styles très variés.

Zé Matéo  : C’est vrai que moi à un moment j’ai un peu bloqué parce qu’il y avait des styles qui étaient vraiment cools à jouer en Dj set et que ça permettait toujours de changer, de varier les styles, de passer d’un truc hip-hop à un truc brésilien et de revenir sur un truc drum’n’bass ou quoi. Mais on est tous les trois assez fans de musique brésilienne en général.

Davycroket : Est-ce qu’en ce moment il y a un artiste ou un style que vous écoutez plus que d’habitude ?

Zé matéo : Là j’avoue, j’essaie de retrouver des vieux sons brésiliens qui ont fabriqué un peu les styles qui ont vu leur succès dans les années 70. Des vieux vieux sons des années 30 où tu vois les origines vraiment du forro ou de la bosanova. J’ai chopé des trucs un peu mais j’écoute plein de choses en ce moment. C’est vraiment par phases.

Chinese man : Quand on est dans le bus ensemble, chacun met sa musique, c’est bien pour nous, ça nous donne des idées.  On n’est pas fermés, on écoute pas mal de trucs différents.

Davycroket : Pour finir, quel est le dernier morceau que vous avez samplé ?

Chinese man : Un 45 tours de musique africaine, de percussions complètement barrées. Un truc bien cool dont on taiera le nom pour garder le mystere..

Davycroket : Merci beaucoup à vous les gars !

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Crédits Photo : Boby Allin

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