Ce qu’il y a de cool avec la musique, c’est le fait qu’elle peut monopoliser complétement l’un de nos sens. Elle peut s’insinuer dans notre réalité au point de nous en extirper. Soyons francs, on a tous déjà monté le son de la musique pour échapper à une discussion ou tout simplement s’isoler loin de tout. C’est ça qu’on aime avec elle. Mais ce qui est mieux, c’est quand elle devient visuelle et s’accompagne d’un clip magique. Un clip qui nous marque et qui fait qu’on aime encore plus l’artiste qu’on écoute, c’est le cas avec celui de Turbo Killer.

La totalité des scopitones à nous faire frémir l’épiderme n’étant pas énorme, on a trouvé normal de revenir sur ce morceau de Carpenter Brut et son clip signé Seth Ickerman, mais aussi sur le genre musical dans lequel on pourrait ranger l’artiste.

Si le nom de Carpenter Brut ne vous dit rien, ne commencez pas pour autant à paniquer en vous inquiétant d’avoir loupé le dernier truc à la mode ou la dernière sape que tout le monde cherche. Non, Carpenter Brut c’est le nom du projet solo d’un fan de Carpenter connu pour ces morceaux piquants et sans détours. Comme il le dit lui même, c’est de la « Uncool Electro« .

Cher lecteur, si tu veux aller directement aux faits, rendez vous plus bas.

Avant d’aller plus loin, on va s’offrir une belle digression sur le genre musical
auquel il est possible de rattacher Carpenter Brut : la synthwave.

Ce style musical trouve ses origines au début des années 2000 avec une influence résolument rétro largement dirigée vers les années 80. Époque à laquelle John Carpenter a sorti quelques un de ses films de peur les plus connus : Christine (qui a d’ailleurs influencé le nom du groupe), Fog, The Thing (pas le préquel pourri de 2011) ou encore le célèbre Halloween. Des films sur lesquels lesquels il a d’ailleurs mis à la main dans le cambouis pour en signer les BO en s’entourant des meilleurs comme un certain Ennio Morricone pour le thème de The Thing. Sa façon de produire les morceaux de ses bandes originales et d’utiliser de nombreux synthés a joué son rôle pour poser les bases du style musical qu’on connaît aujourd’hui.

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Des ces années folles où le futur des ordinateurs était fait de milliers de petites ampoules qui clignotent et où tout le monde se baladait avec des hoverboards et autres voitures volantes il ne reste pas grand chose. En 2016 les hoverboards ont des roues et, les voitures se contentent de se conduire toutes seules et les ordinateurs jouent au GO avec nous et tombent amoureux de Hitler sur Twitter.

C’est peut être grâce cette envie de revenir à une époque où la vie était aussi cool que Fonzy qu’on a vu arriver les afficionados de la synthwave armés de leurs synthés et de leurs références à une époque où Valéry dirigeait la France. Des synthétiseurs qui sont d’ailleurs poussés dans leurs derniers retranchements par les producteurs de synthwave dont certains se sont fait remarqués par le passé. Ainsi, en 2015, c’est un certain Mitch Murder qui est passé sur les devants de la scène – assez discrètement puisque simplement crédité – avec sa participation au court métrage Kung Fury.

Mais Mitch Murder n’est pas seul à faire parler de lui par un plus large public. Ainsi, Com Truise nous prépare un bel album qui sortira chez Ghostly début avril. On parlait d’ailleurs du court métrage Kung Fury qui est un parfait exemple de ce qu’est la synthwave et de son développement.

Plus qu’un genre musical, c’est aujourd’hui un culture presque underground avec ses artistes musicaux, mais aussi visuels avec des artistes comme Killian Eng mais aussi vidéoludiques. On a ainsi eu le droit à un portage synthwave de Far Cry avec Blood Dragon ou encore les Hotline Miami et sa BO folle où l’on retrouvait un autre français du nom de Perturbator (qui a d’ailleurs inspiré DLC de Payday 2 à la BO aussi folle).

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Voilà donc ce qu’est la synthwave : une utilisation folle des synthés pour un son ancré dans des années que nos parents connaissent mieux que nous.

Cher lecteur qui a souhaité aller directement aux faits, nous revoilà.

Si John Carpenter est le mentor, Carpenter Brut est le disciple un peu rebelle mais véritablement doué. Présent depuis 2013, il suit sa propre synthwave. Nettement tournée vers les ténèbres sans pour autant être 100% violente, elle se reconnait dès les premières secondes. Synthés massifs et granuleux avec des accents proches d’un univers métal que l’artiste développe également dans ses visuels.

Tout un univers qu’il a su développer autour de sa musique et au long de ses précédentes releases. En février 2015 est arrivé Trilogy. Premier long format dans lequel Carpenter Brut laisse éclater toute la puissance de se musique. Violent sans pour autant être dérangeant ou appeler à un headbang dangereux pour nos cervicales, l’album nous plonge dans ce que l’artiste sait faire de mieux avec une énergie sans pareil. Une énergie qu’il partage d’ailleurs directement avec le public dans une belle tournée qui passera par le Printemps de Bourges en avril et la Cigale en mai.

Au final, bien que Trilogy soit sorti relativement discrètement, on recommence à en parler depuis la sortie du clip de Turbo Killer.

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Et c’est là qu’il faut rendre hommage aux personnes qui se sont occupées qui de jouer avec les codes, les images et le montage pour arriver à ce résultat. Ils s’appellent Seth Ickerman, ils sont deux et ils sont aussi français.  Pas forcément connus avant que les internets ne s’emparent de leur superbe travail pour réaliser le clip. On avait déjà pu voir leur talent s’exprimer avec le teaser de Zombi U ou avec leur projet de long métrage Ickerman qui a déjà fait parlé de lui. Une chose est sûre Raphaël Hernandez et Savitri Joly-Gonfard sont littéralement doués et ce clip est une superbe vitrine pour leur savoir faire. On espère maintenant que l’engouement autour d’eux permettra à Ickerman de voir le jour prochainement. En attendant, on s’en lasse pas et on se refait (encore une fois) Turbo Killer.

Mais alors, pourquoi ce clip est une totale réussite et pourquoi certains parlent de lui comme le « meilleur clip synthwave » ?

On parlait plus haut de la synthwave et de tout l’univers qui gravite autour avec ses références sonores et visuelles. Si Kung Fury fait figure de nouvelle référence pour les amateurs du genre, ce court-métrage qui accompagne le morceau s’inscrit dans la suite logique.

Turbo Killer est en effet pensé comme un clip 100% synthwave. Les compères de Seth Ickerman ont en effet poussé l’esthétique du clip pour qu’elle colle parfaitement à ce que l’on connaissait déjà. L’aspect VHS et les couleurs saturées dignes des séries B des années 80 utilisées sont les traits exacts de ce que l’on pouvait attendre d’un clip hommage. À ça viennent s’ajouter des détails et références plus poussées pour faire du clip une véritable réussite.
Le travail du studio va tellement dans les détails que chaque screenshot que l’on pourrait s’amuser à faire prendrait immédiatement sa place dans tout ce que l’on peut trouver en lien avec la synthwave.

Au final, on ne peut que tirer notre chapeau à Carpenter Brut ainsi qu’à Ickerman pour cette release et le clip qui va avec. Si l’envie vous prend de vouloir en apprendre plus sur ce courant et sur les artistes qui vont avec un petit tour sur Synthetix.fm ou New Retro Wave devrait vous donner quelques pistes pour la suite.

Pieral Cantara
CARPENTER BRUT SUR LE NET

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