Hey, les kids, si je vous dis: Michael Jackson, y’a un truc qui remue là haut? Ne me dites pas que vous avez grandi dans une grotte ou une dimension parallèle, je ne vous croirai pas. Aujourd’hui, on exhume le King of Pop, disparu en 2009, pour observer de plus près sa période cuir… non, pas celle-là, l’autre.

C’est avec une âme de gosse que je sors la galette de son étui blanc et noir. Je me souviens, à l’époque, avoir reçu la cassette pour un anniversaire, puis rapidement user la bande magnétique à force de ré-écouter en boucle, ainsi que mes fringues (à danser par terre et me toucher là où il faut pas en poussant des cris), sans omettre les oreilles de mes chers géniteurs…

La faute au «Number One», LE roller disco d’Agen qui alliait roller skating et piste de danse. Je vous l’avoue aujourd’hui: BAD a tout simplement changé ma vie.

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Rappelons au passage qu’à même pas trente ans, c’ est le 7ème effort solo du gars Michael depuis ses débuts en 1972,  en parallèle avec les Jackson 5…s’il n’a pas de la ressource, ce môme!

Ainsi donc, le premier morceau, judicieusement intitulé Bad, devait à l’origine être un duo avec Prince, l’autre prétendant au trône Pop des 80’s. Officiellement, le nain pourpre de Minneapolis aurait refusé l’offre, prétextant que cette chanson était déjà un tube en puissance et qu’il n’amènerait rien de plus à poser sa voix fluette et colorée. Sauf que plus tard, on apprit qu’il avait senti comme un affront en lisant les premières phrases («Your butt is mine, gonna tell you right») que Michael lui adressait. La guerre entre les deux camps, bien que puérile, valait celle que se livraient les Beatles et les Stones vingt ans auparavant.

Le titre est super rythmé, très percussif, pour appuyer des paroles ouvertement «bad boy», cassant ainsi dès le début de l’album l’image du gentil Michael. En gros, Bambi en a dans le froc en cuir… Faut pas lui casser les sabots. Non mais.

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The way you make me feel est aussi un morceau marqué par le beat, mais vachement plus smooth, en six temps…la valse moderne, quoi! Une envie de breaker se fait sentir dès la première mesure, mais le thème abordé fait beaucoup moins «mauvais garçon». La chanson parle de l’effet qu’une fille lui procure, que sa solitude s’est envolée, bref, notre bad boy est tout love et va jusqu’à rythmer le pont instrumental comme un acte sexuel (oui oui, écoutez bien les passages de halètement, c’est über coquinou…)

Une moto qui démarre, la basse synthétique qui prend le relais, et voici Speed demon. Mike the bike roule comme un branque, l’œil dans le rétro, et se rit de tout ce qui ne tourne pas rond dans sa life. Mauvais, qu’on vous dit! Le morceau intègre un pont dégueulasse composé de voix superposées dans les aigus (et parfaitement incompréhensibles) se terminant dans un bruit d’accélération. Un grand merci à Jean Michel Bruitage qui a bien participé à l’élaboration de l’album. Là, ça a un peu vieilli, faut se l’avouer.

La fin du titre est un «fade out». Une note (un Sol dièse, si mon oreille est toujours aussi fiable) s’immisce, ponctuée de bruits de jungle (oiseaux, bruissements de feuilles, criquets, tigres musqués, chaton affamé, à vous de deviner)

Et cela donne une transition pour le titre suivant: Liberian girl. une intro susurrée en …je n’sais pas quelle langue, mais on l’a tous chanté à l’époque, même si ça ne voulait absolument rien dire. La chanson d’amour classique, syncopée, avec des percus afros. C’est rigolo, parce que ça reste un niveau bien au dessus de ce qu’on entend aujourd’hui sur la plupart des radios pour toi, le jeune. Gims, Keen V ou encore Jul, rentrez tout de suite au vestiaire, vous avez pas la pointure pour ces crampons-là, les gars!

Changement d’atmosphère et de rythme, Just good friends, un duo presque passable (comparé à d’autres chansons plus élaborées ou personnelles) avec Stevie Wonder, l’un des derniers géants de la soul Américaine. Le titre sonne étrangement estival, comme une après-midi ensoleillée à Los Angeles où deux amis parlent gonzesses autour d’un thé glacé…

Quoique réussi, cet album pêche par manque d’homogénéité à mon goût. En le ré-écoutant, l’ordre ou le choix des chansons aurait pu être différent, chose impossible sur «Off the Wall».

Ainsi, Another part of me me laisse un peu froid, quand Man in the mirror me retourne littéralement. Cette richesse mélodique et harmonique, ces paroles qui veulent dire quelque chose et prouvent un réel engagement social et humain de la part du plus gros vendeur de disques de tous les temps. Hééé oui, avant Bono, Chris Martin et autres Brad Pitt, Michael Jackson sauvait le monde avec des chansons.

Oserais-je avouer que j’aime reprendre ce titre à la guitare folk, le soir au coin du radiateur, en regardant passer les oiseaux migrateurs à travers le double-vitrage? Non, jamais je n’oserais.

Le duo avec Siedah Garrett proposé dans I just can’t stop loving you est foutrement plus sexy et tubesque que le premier (sans rancune, Stevie!). Les raisons sont simples: la voix humide et langoureuse de Siedah, l’ouverture des cordes synthé, tout est réuni pour produire le titre parfait.

Ce titre a été enregistré d’ailleurs en plusieurs langues, dont une version en Français, et… je dois admettre que les paroles ont dû être traduites sur commande par un stagiaire Erasmus de chez EPIC, car certaines phrases n’ont aucun putain de sens ! Si vous avez le 45 tours, gardez-le jalousement, la C.I.A doit le rechercher pour terrorisme artistique.

Le rock est au programme dans Dirty Diana, chanson dépeignant une groupie plutôt insatiable qui n’hésite pas à se taper tous les musiciens qui passent dans son secteur…ça sent le vécu, ça, les amis. On est plus habitués à voir les Guns, AC/DC, Aerosmith parler ainsi des ladies, mais Bambi, so shocking! Le clip se termine logiquement torse nu (adieu virilité pubère) dans une limousine avec la dame en question. La comparaison avec le Stan d’Eminem n’a donc pas lieu d’être. Et c’est tant mieux.

Pour terminer en beauté, le maître du clip nous réserve LA pépite, Smooth Criminal.

Un single aux dimensions dantesques qui raconte l’histoire d’un crime sordide, mis en musique grâce à des innovations technologiques sur la programmation, les synthétiseurs, boîtes à rythmes…même le battement de cœur ouvrant le morceau est celui de Michael… enregistré par son toubib de l’époque (pas celui de 2009, heureusement pour nous tous…) Si vous n’avez pas vu le vidéoclip, courez le mater, le niveau scénaristique, chorégraphique et technique dépassent de loin n’importe quel Black M.

Que retenir de cet album, vendu aux quatre coins de la galaxie à environ 45 millions de copies?

Well, force est de constater que le bonhomme continue son évolution vers une image plus musclée et agressive, malgré quelques moments de poésie adolescente. Le public a vu, en cinq années et trois disques, le jeune héritier de la soul et du funk estampillé Motown devenir le Willy Wonka d’une usine à tubes calibrés pour les radios, les gangs de bad boys, les jeunes filles en fleur et les gamins en recherche de frissons.

Essai qu’il transformera naturellement avec Dangerous, quelques années plus tard…Michael Jackson savait capter la tendance et se placer devant tout le monde pour choper la vague, un peu comme Black Eyed Peas, l’Auto Tune en moins…

A propos de l'auteur

Rédacteur Musique

Né à Lille, grandi à Agen puis réfugié politico-musical à Bordeaux, Hell Touane a subi l'influence de sa famille proche au travers de nombreux standards vinyles bien avant l'avènement du Compact Disc et son premier méfait: Claude Barzotti. En thérapie par l'écriture depuis.

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