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On a longtemps hésité pour un week-end du 8 mai traditionnel : repas familial, dérapage germanophobe de Papy qui suit le rouge de trop et promenade digestive embaumée par les nubiles acacias. Au lieu de ça on a préféré écouter 32 heures de techno sur la plage de Torcy, métamorphosée en Disneyland de la teuf. Retour sur deux jours au Marvellous Island 2015.

Après divers moyens de transports, métro, RER, navette, tyrolienne et saut en parachute d’un hélicoptère, nous arrivons à Torcy, banlieue de Seine-et-Marne très feuillue et verte, environnée d’un lac et d’un centre de loisir bucolique, propice à la pratique paisible de la planche à voile. C’est aussi le lieu parfait pour « chiller t’as vu », c’est-à-dire, pour picoler au soleil en écoutant des gros boums-boums technoïdes, les pieds dans le sable. C’était la promesse du Marvellous Island. Pour ce faire, les organisateurs n’ont pas lésiné sur les moyens : line-up prestigieuse composée de grands DJ internationaux, spider-caméras et drônes pour filmer une scénographie haut-de-gamme ; des burgers bio et un stand Jeiggermaster ; un système de paiement high-tech par cartes prépayées pour payer sa pinte 10 balles : vous êtes au Parc Astérix de la chouillle.

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Vendredi 8 mai :

Après l’enchantement que nous a causé les lieux on a vite eu peur de se retrouver dans un simulacre d’Ibiza. La faute a David Reyner et Cesko qui nous ont balancé de la grosse soupe tiède. Après tout c’est peut-être nous qui sommes ringards, pas le « chill-out » du 12h-19h. On a fuit malgré le soleil et on a apprécié la dernière heure des Monkey Safari sous la Temple Stage, qui nous a rasséréné avec une deep house légère et planante. Tout de suite après, sous ce même chapiteau on a eu le plaisir de découvrir Panda Electric Garden. En entendant le blase du groupe, on a mieux compris pourquoi une meuf au physique étonnamment révélateur de sa profession (attachée de presse : cheveux longs, sourire éternel et yeux morts) nous a distribué des masques de pandas. La performance vocale des deux chanteuses était un peu juste, mais c’est comme avec le soleil et la musique cool, ça doit être nous les rabat-joie.

On retourne à la Beach Stage, et la nuit a fondu sur la plage : Citizen Kain a obscurci le sable de sa dark musique. Le portugais prodigue une techno péchue et accessible qui fait la transition parfaite vers Marc Houle et sa minimale atypique. On a en tête ces grands coups de turbines de l’allemand accompagnées par les premières gerbes de flammes. Cet effet spécial avait de quoi plaire : il y a toujours un moment où le blockbuster trouve une issue poétique, même malgré lui. C’est ce dont on a été témoin quelques heures plus tard, avec les jeux de lumières psychédéliques mettant en scène un Adam Beyer anthologique et sa machine-à-laver amplifiée. Le chef du label Drumcode connu pour faire dans la dentelle n’a déçu personne. On ne compte pas les vidéos partagées sur Facebook de fans désespérés de retrouver la track ID d’une des nombreuses réjouissances distribuées pendant son set. C’est un temps fort de ce festival, indéniablement.

Dans la Temple Stage, Adana Twins nous ont ravis. Ils ont été fidèle à la tech-house virile de leur maison Get Physical, tout en basse percutante et en synthé virevoltants. Ellen Allien a fait une parfaite transition en diffusant un mix énergique qu’elle a sublimé de pas de danse tonique. Le jour se lève bientôt, on doit reprendre la tyrolienne et ne pas chanceler pour revenir vivant demain.

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Samedi 9 mai :

Qui mieux que Andhim peut signifier le chill-out ? Une connerie de chaîne YouTube type « The Majestic You Need » avec un joli minois en tshirt court et culotte dans un lit de draps blancs ? Peut-être. Mais enfin, convenons-en, c’est le son rêvé pour buller au soleil en jouant au badminton en string avec des brésilien/nes( ?) ! Encore une fois, ça nous a pas fait lever du transat’ tout ça ! Il a fallu attendre Garden of Gods du label Ellum (Maceo Plex) sur la Jungle Stage pour qu’on s’évade d’une ambiance Jean Roch et qu’on entre dans une deep-house cérébrale mais qui pouvait aussi s’emparer des reins. Puis, retour à la Beach Stage où on était curieux de voir ce que donnerait Fur Coat en live. Nous n’avons pas été déçu. C’est le set le plus original du festival, le plus expérimental, qui nous a fait découvrir des sonorités nouvelles. Après ce moment de lévitation, on rejoint le temple stage où on a sauté comme des pucelles effarouchées par un solo de Kurt Cobain devant un tonitruant Pusch & Pusch.

Enfin nous sommes revenus à la plage et comme Di Caprio dans le film éponyme, n’en sommes jamais repartis. Deetron et Matthias Tanzmann ont mis dans l’ambiance les baigneurs, avec une house parfois proche du versant disco pour le premier, et une tech-house endiablée pour le second. Enfin vint Nicole Moudaber, celle que Carl Cox nomme comme un des djs les plus sous-estimés de la planète techno.

Son set de 3h nous a scotché. Un leitmotiv lancinant nous a hypnotisé et nous n’avons pu nous empêcher de bouger pendant tout ce  temps. Les lourdes basses laissaient de temps en temps échapper un rythme entêtant et enjôleur, assurant un parfait contraste entre la pesanteur du fond musical et la vélocité de quelques riffs apparaissant subrepticement comme une pluie de flèche sur la foule. Un titre de Maceo Plex conclut le festival en même temps que le jour se lève

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Si le Marvellous Island 2015 avait ce côté fête foraine, antre de la consommation qui pouvait agacer, il ne faut pas occulter les performances scéniques et musicales réussies grâce aux grands moyens déployés. Pour sa 4ème édition, le Marvellous devra faire un effort sur son accueil, son camping et sa politique d’entrée.

Un festival ne doit pas être considéré comme un piège à touriste, sans quoi il perd de son âme. Mais à défaut de sa rigidité, il faut reconnaître le professionnalisme de l’organisation. Tout semble s’être déroulé sans heurt, ni technique ni humain, mis à part les quelques voitures brûlées sur le parking….

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 Playlist Marvellous Island

A propos de l'auteur

Rédacteur Musique et Critique Ciné.

Diplômé en littérature comparée et communication, a étudié la naissance du fantastique en littérature et sa transposition cinématographique ; chroniqueur cinéma et musiques actuelles sur le web.

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