Aujourd’hui, Tommy Vaudecrane aka AK47 BudBurNerZ accepte très gentiment et très simplement de répondre à nos questions sur ses différents rôles dans le paysage musical. 
Il nous parle ainsi de l’avenir de la TechnoParade, évènement majeur pour la scène électronique française, mais dont le blason se devait d’être redoré, puis de ses projets avec l’équipe PartyUniq, mais surtout de lui et de sa relation avec la musique. 
Commençons par le commencement.

Enjoy.

Davy-Croket : Ces dernières années, la Techno Parade s’est plutôt essoufflée. En tant que Président de Technopol, comment vas-tu essayer d’améliorer cet évènement dans l’esprit des gens ?

Tommy Vaudecrane : En effet, on peut dire cela. Je pense aussi que la Parade n’était plus exactement en phase avec la réalité du paysage électronique et la manière dont il a évolué musicalement ces dernières années. Une certaine réalité y était fortement représentée, à savoir le mainstream qui occupe les ondes, les charts et que connait déjà ? une grande partie du public jeune. Pour les autres sensibilités moins évidentes, plus pointues, ce n’était pas aussi facile d’exister, sauf pour quelques bastions de résistance irréductibles comme le hardcore avec Audiogenic. J’ai donc été élu co-président en 2010 avec toute la nouvelle équipe (aujourd’hui je suis Président), suite au constat d’un besoin de renouveau et de cohérence avec l’ensemble de la scène électro.

L’amélioration de cet événement est un gros travail d’équipe car justement la richesse de la musique électronique réside dans sa diversité et donc, il est important d’impliquer des gens de toutes les sensibilités pour améliorer et enrichir la Parade, pour qu’elle parle de nouveau au plus grand nombre sans donner la part belle à tel ou tel style. La Parade c’est un formidable outil de découverte musicale et nous comptons désormais l’exploiter comme tel (du moins, le temps que nous serons là).

DC : La 14eme édition, en tant que renouveau, était plutôt réussie, qu’en penses-tu ?

TV : Oui nous sommes très contents ! C’était un défi car nous avons parié sur un parrain moins évident, à savoir Agoria et qu’aucun artiste « blockbuster » n’était présent contrairement à l’année dernière où nous avions Sinclar en tête de cortège et Guetta à la fin. Certains se sont mêmes désolidarisés du projet au sein de l’équipe de peur qu’on se plante et que l’on se fasse dire qu’une parade sans star n’attire pas autant de public. Et bien, avec deux chars en moins, pas de tête d’affiche type « méga pop star », nous avons tout de même eu 30% de fréquentation en plus (dixit la Préfecture), une adhésion forte des médias et du public au message de renouveau et surtout une des plus belles Parade de ces dernières années avec du smile, de la bonne humeur, aucune violence grave, de beaux chars et de la musique de qualité.

Pari risqué mais réussi, qui nous conforte dans l’idée que la Techno Parade dispose aujourd’hui de suffisamment d’attrait médiatique auprès du public pour que nous puissions proposer des choses plus pointues dans le but de montrer au grand public que les musiques électroniques ne se résument pas a Sinclar, Guetta, Afrojack, Solveig et Daft Punk (avec tout le respect que nous pouvons avoir pour ces gens). C’est juste qu’aujourd’hui, ces gens n’ont plus besoin de la Parade pour exister alors que de nombreux artistes et collectifs dans toute la France, eux, ont besoin de nouset de la visibilité qu’un tel événement peut leur apporter..

DC : Pour parler de choses qui te concerne plus personnellement, si tu devais nous décrire AK47, tu le qualifierais comment ?

TV : Grincheux, non conventionnel, speed, ambitieux (pour lui et ceux qu’il aime), passionné, amoureux de la musique (et de sa femme), militant et engagé, honnête et droit.

« Faire des soirées plus grosses, plus folles et montrer que les musiques dures et intenses ne s’adressent pas qu’à quelques excités du cerveau. »

DC : Ton style à toi, c’est plus le hardcore, mais tu as beaucoup d’influences dubstep et DnB également. C’est un mélange de genre qu’on ne retrouve pas si souvent, c’est que tu n’as pas réussi à te décider ?!

TV : C’est vrai et je pense qu’il y a plusieurs raisons à cela. D’abord le fait que la première musique électronique qui m’ait vraiment accrochée c’est la première jungle entre 1989 et 1992, découverte dans les sound system ragga. C’est la première musique que j’ai mixée et qui correspondait à mon background hip-hop / ragga. Ensuite je pense aussi que j’ai découvert les musiques électroniques à une époque où tout était mélangé, hardcore, trance, breaks, nous n’avions pas de barrières, n’appartenions pas à tel ou tel milieu et avions donc une ouverture musicale plus large. Aujourd’hui tout est segmenté en styles avec les puristes de ça ou ça, ce qui limite pas mal les Djs dans leur créativité, leur ouverture musicale, etc.

C’est lié aussi je pense au fait que j’aime les choses dures, mais pas linéaires, donc j’ai besoin de breakbeats et j’intègre toujours cela à ma musique. Concernant le dubstep, c’est surtout cette intensité musicale encore jamais égalée et ce mélange d’influences musicales différentes qui me fait beaucoup penser au hardcore ou en tout cas à la manière dont cette musique était créée à l’époque, intégrant toutes sortes d’influences pour en faire une musique totalement folle et déjantée.
Et puis, j’aime les musiques électroniques de tous styles, j’adore mixer et donc je me fais plaisir en mixant de tout, ça va du hardcore à la drum and bass en passant par l’électro, la techno et le dubstep. Quand tu regardes à l’étranger, il y a beaucoup de DJs qui ont cette culture « multi sons » mais c’est vrai qu’en France c’est plus chacun son style et comme je t’ai dit plus haut, je suis non conventionnel donc je n’aime pas être une petite case dans une boîte. « Look out of the box » comme disent les anglophones !

DC : Donc quand peut-on dire que AK47 a vraiment démarré ?

TV : Mon projet DJ a démarré en 1993 avec mes disques de jungle. À l’époque pas trop de nom, juste une envie d’apprendre à mixer. De fil en aiguille, premières dates, premières sollicitations pour des K7 et donc recherche de nom. Les premiers éléments qui ont porté le projet AK47 ont été une série de K7 pour des sound system underground comme Stormcore23 ou Newskin. Ensuite je suis passé à la compo avec mon groupe BudBurNerZ et nous avons produit 6 albums et plus de 17 EPs entre 1999 et 2005. Toujours avec des prestations Djs à côté car c’est vraiment un de mes gros plaisirs que de mixer. Et nous voilà en 2012 presque 20 ans après (la vache !!).

DC : Est-ce de là que vient également ton nom de scène ?

TV : Héhé, un peu mais pas totalement. On m’appelait la mitraillette à une époque mais mon nom a plus une connotation organique liée à certains produits consommés dans l’autre pays du fromage (non, non BudBurNerZ, AK47, aucune fixette sur la consommation de plantes qui font rire ;))

DC : Je suis venue te voir jouer pour le Grand Méchant beat #5, je trouve que tu t’investis beaucoup dans ton set. Finalement, sais-tu d’où te viens ce côté que je qualifierais de « violent » ?

TV : Oui c’est clair, chaque set est un grand moment intense, je transpire, je bouge, je vis la musique et ça, même quand je mixe chez moi (souvent ma femme me voit sautiller et bouger dans tous les sens, ça la fait sourire). Je ne dirais pas que c’est normal car chacun le vit à sa manière mais j’ai besoin d’extérioriser et en plus comme la musique cogne un peu et bien je vis ce que le public vit, avec lui, aux mêmes moments. Je pense que c’est important pour l’échange avec le public, plutôt que de voir un gars caché derrière ses platines ou son laptop qui ne transmet aucune émotion, mais cela reste une question de style personnel. Pour le côté violent, ce n’est pas le terme que j’utilise.

C’est plutôt le côté intense que j’aime et c’est d’ailleurs le dénominateur commun au hardcore, à la drum and bass et au dubstep je trouve. L’intensité musicale c’est ce que je recherche, aussi bien dans un morceau que dans un mix, faire monter la sauce, maintenir la pression et à la fin, le public a perdu deux litres de sueur mais a gardé le smile. Le mot violence a une connotation négative et quand je vois le smile des gens quand je joue et dans nos soirées en général, et bien je me dis qu’ils vivent un beau moment intense plus qu’une ratonnade violente.

DC : De manière plus large maintenant, quels sont tes futurs projets ?

TV : Oula, beaucoup de choses et pas assez de temps pour tout faire ! Me remettre à la production musicale et sortir de nouveau de la musique (en cours et bien avancé). Continuer les soirées Le Grand Méchant Beat avec mes amis et mon crew Party Uniq, faire des soirées plus grosses, plus folles et montrer que les musiques dures et intenses ne s’adressent pas qu’à quelques excités du cerveau.

Poursuivre mon aventure chez Technopol et essayer de servir les musiques, les cultures et les acteurs qui en ont vraiment besoin. Lancer notre label et développer les jeunes artistes de la scène française qui est extrêmement riche mais ne rayonne pas encore assez à l’international surtout pour les musiques comme le hardcore, la drum ou le dubstep. Bref, pas beaucoup dormir, faire la fête en travaillant et passer du bon temps avec mes amis, ma famille et tous ceux qui ne me font pas chier dans la vie.

DC : Tu t’occupes vraiment pas mal dans la vie, j’imagine que le son est ta passion, qu’est-ce que tu conseillerais à quelqu’un qui aimerait se lancer dans le milieu, sachant que la concurrence est extrêmement rude ?

TV : La musique est ma passion, mais aussi ma frustration (on voudrait toujours faire plus). Pour un jeune, je lui dirais bosse, innove, ne copie pas, ne pense pas que les autres vont faire les choses à ta place, n’hésite pas à passer par la fenêtre si on te ferme une porte et surtout crois en la musique et en ta passion car des fois c’est tout ce qui te resteras avec tes yeux pour pleurer. Ceci s’adresse bien sur aux passionnés et pas aux wannabees, haters, copycats et autres parasites qui viennent pourrir la musique avec leur égo, leurs envies déplacées et leur vision plate et fade de la musique.
Accessoirement prend quelques cours de marketing, de web et de community management car aujourd’hui un artiste doit être polyvalent et pour se faire remarquer il doit souvent tout faire tout seul (production, communication, commercial, manager, etc).

DC : Une question subsidiaire, on parle de ta musique, mais toi, quand t’es chez toi, ou que tu es dans le métro avec tes écouteurs (si ça arrive), tu écoutes quoi ?

TV : Beaucoup de mixs, ceux d’artistes que je respecte et les miens. Je n’aime pas trop les albums, je préfère les mixs c’est plus dynamique, ça rythme la musique et ça raconte une histoire. Pas mal de hardcore, dubstep, drum and bass et plein d’autres trucs que je découvre et qui font plaisir à mes oreilles – et OUI dans le métro j’ai souvent un casque sur les oreilles (j’aime pas le métro).

DC : Un petit mot à ajouter pour conclure tout ça ?

TV : Merci à tous ceux qui me soutiennent et qui soutiennent mon crew Party Uniq ! Continuez et venez nous voir à notre prochaine soirée :
• Le Grand Méchant Beat 666 – 22 Décembre 2012 – On fête nos un an alors venez nombreux trinquer avec nous!
Hard music for life !
www.partyuniq.com

Plus d’infos :
http://www.facebook.com/AK47.BudBurNerZ?fref=ts
http://www.facebook.com/LeGrandMechantBeat
https://twitter.com/PARTY_UNIQ

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A propos de l'auteur

Chef de bord

Chef de meute. Tu me trouveras quelque part entre Bordeaux, Poitiers et La Rochelle, soit dans un festival ou dans une salle de concert.

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