Débutée en 2012 par Gary Ross, la saga Hunger Games se voit clôturée cette année sous la direction de Francis Lawrence, réalisateur depuis le second volet. L’adaptation de la série de livres éponyme de Suzanne Collins qui, sous la pression d’Hollywood ,a vu son dernier chapitre scindé en deux parties, atteint-elle enfin son apogée ? Réponse dans la suite.

 Les franchises de romans pour adolescent connaissent un véritable succès au box-office depuis l’adaptation de Twilight en 2009. J’oublie volontairement la saga Harry Potter (2001) qui à mes yeux ne s’adressait pas totalement au même genre de public malgré les quelques errements du sixième épisode. Ainsi pêle-mêle ont été adaptés Divergente, le Labyrinthe et la série littéraire qui nous intéresse aujourd’hui : Hunger Games.

Pour résumer de manière simple l’histoire à ceux qui n’auraient pas vu les trois premiers films, Katniss Everdeen vit dans une société dystopique où son pays est divisé en 12 Districts tous contrôlés par une capitale dictatoriale : le Capitole. Chaque District a un but bien précis et afin de faire régner l’ordre et de faire passer l’envie de toute rébellion a une population qui se sait exploitée, le Président Snow organise chaque année un petit jeu sanglant : les Hunger Games. Au cours de celui-ci sont réunis deux tributs de chaque districts (24 en tout donc) devant s’affronter à mort dans une arène truffée de pièges. Autant dire que le rendez-vous annuel de Panem a autrement plus de gueule que la reprise estivale de Secret Story sur TF1.

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Hélas, et il fallait s’y attendre, vient un moment où le gentil peuple en a marre de voir ses enfants massacrés et, menée par Katniss Everdeen, une rébellion va avoir lieu. Le premier épisode voit donc les bases de l’histoire se mettre en place, une grande reprise de certains classiques littéraires, la vision de Georges Orwell pouvant très aisément être reconnue comme l’inspiration principale. En effet, la société de Panem et l’organisation des Hunger Games n’est rien d’autre qu’un Battle Royal se déroulant dans l’univers de 1984. Clôturant cette session d’amusement macabre, Katniss et Peeta, son fidèle compagnon de district au nom de Kebab, sortiront tout deux vainqueurs de l’épopée, marquant ainsi le premier geste rebelle à l’encontre de la dictature du Capitole.

Dans le second volet, et suite à la mise en place de jeux ayant pour but de faire passer les quelques dissidents de vie à trépas, la rébellion s’organise véritablement nous entraînant vers le troisième volet, promesse d’un final grandiose.

De prime abord, le défaut du dernier opus cinématographique est d’être divisé en deux parties, nous offrant ainsi pas moins de 4h15 de film, dont une bonne heure et demie est de trop.

Alors effectivement pour le bien de l’adaptation, il fallait prendre le temps de retranscrire toutes les scènes du livre, plaçant les producteurs et réalisateurs face un choix : faire un long film de trois heures ou deux films de deux heures, quitte à ce que l’un des deux soit un peu pauvre. Dilemme me direz-vous? Que nenni, Hollywood sait y faire et a besoin d’argent, le choix était donc aisé.

Une fois passé la très longue introduction qu’est la première partie de « La révolte », on peut enfin connaître le dénouement de l’histoire de Mme Collins. Alors, Katniss choisira-t-elle le pain a Kebab ou la maladie cutanée ? Le président Snow paiera-t-il pour ses crimes ? Cette œuvre adolescente dispose-t-elle vraiment d’une profonde portée politique ? Est ce que je pose trop de questions alors que je parle d’un film où le public moyen visé est les 12-20 ans ?

Dans un premier temps, il est a saluer qu’après le changement de réalisateur lors du second volet, passant de Gary Ross à Francis Lawrence, la direction est depuis restée la même, permettant ainsi à la saga d’acquérir une certaine stabilité visuelle, loin des poursuites « caméra à l’épaule » du premier épisode. Si la réalisation est malheureusement un peu quelconque, Francis Lawrence étant plus un exécuteur de cahier des charges qu’un artiste diffusant un message, le film reste néanmoins agréable à l’oeil. Malgré quelques fonds verts biens visibles, mis en exergue par la présence d’une 3D inutile, les deux heures de films s’avèrent bien réalisées, suffisamment en tout cas pour dire que ce n’est pas ce point qui va desservir l’histoire.

Quelques moments s’avèrent même très bien amenées, comme un éclair de technique au cœur d’un film à la réalisation en soit aussi calibrée qu’aseptisée. En effet, les mécaniques bien que huilées en soit sont parfois archi-réchauffées. En tête de liste le jump scare le moins cher de ces dix dernières années ou encore le Deus Ex Machina le plus gros depuis l’arrivée du Tyrannosaure Rex dans Jurassic Park (si vous venez de vous faire spoiler, honte à vous). Malgré ces quelques défauts, il serait injuste de s’en prendre au film sur ce point tant des réalisateurs jusqu’ici brillants ont pu être décevants sur l’adaptation de certaines séries (allez, au hasard, le Hobbit deux et troisième du nom).

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Dans un second temps, côté casting on reprend ici toutes les têtes connus et on rajoute un peu plus de l’équipe de Game of Thrones. En effet, outre Natalie Dormer (épouse de Joffrey dans GoT), Gwendoline Christie (Brienne de Tarth) vient faire une courte apparition. Du côté des acteurs principaux, on sent encore que Jennifer Lawrence doit porter le film. Ce n’est pas le charisme d’édredon de Liam Hemsworth qui va subjuguer les foules (excepté pour la gente féminine de 15 ans, oh wait…), et encore moins celui de Josh Hutcherson qui doit disposer en tout et pour tout de deux expressions faciales à son jeu d’acteur. Dès lors on se repose sur Jennifer Lawrence qui livre tant bien que mal une prestation convenable au sein d’une équipe qui ne l’aide pas toujours.

De ce dernier opus il faut cependant souligner la qualité de l’adaptation. Si tout les spectateurs n’ont pas lu les livres, ce point reste néanmoins d’importance. A l’inverse d’une saga telle qu’Harry Potter ou du Seigneur des Anneaux, ici aucune coupe n’a eu lieu et le rythme comme les répliques du livre sont respectés à la lettre. Il faut dire aussi que le matériau de base n’est pas tout à fait le même. En comparaison le dernier volet du Seigneur des Anneaux réalisé en un film compte à l’origine près de mille pages contre 400 pour celui d’Hunger Games réalisé en deux fois. Certes le pari n’était pas difficile mais il faut tout de même souligner l’effort de l’équipe réalisatrice.

Loin de l’avis certaines critiques « professionnelles », on ne peut pas dire qu’Hunger Games dans son ensemble comporte de message politique fort. L’univers dystopique mis en place est des plus classiques, n’emportant ni les enjeux ni la force d’une œuvre telle que 1984 ou le Meilleur des Mondes. Si une réflexion est certes établie, elle ne porte pas à mon sens sur la résistance à la dictature (pensée initialement diffusée dans le livre) mais plutôt sur la réitération des erreurs au cours de l’histoire et sur l’esprit naturellement dirigiste de l’être humain.

Si le but de ce volet est d’apporter une conclusion relativement épique à la série, ce pari est tenu. Le rythme est bon, alternant entre phases contemplatives et moments d’actions bien menés. Si en revanche, il fallait ici trouver une position politique claire et une réflexion philosophique profonde, la réussite est bien moins franche.

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Au final, The Hunger Games : la Révolte partie II corrige les erreurs de son prédécesseur. Distillant un meilleur rythme, une action soutenue et disposant d’une réalisation soignée et d’une écriture qui, au delà des incohérences nombreuses de l’oeuvre initiale, force le respect quant à au soin de l’adaptation, il est un film qui clôture correctement la série. Sans brillance, sans éclat mais sans énormes travers, il est cependant à regretter que la saga n’ait pas pu profiter du souffle véritablement flamboyant que l’on nous promettait depuis le second volet.

A propos de l'auteur

Rédacteur Cinéma

Spectateur compulsif de cinéma et de séries, écrivain passionné, chroniqueur web.

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