Le Colorado. Vaste état américain célèbre pour ses paysages, son nombre hallucinant de détaillants de cannabis et, en France, pour son Dr. Jeff. Un vétérinaire au grand cœur qui compte 70000 clients et qui semble être l’un des plus demandés aux USA d’Amérique. Il faut dire que le mec peut stériliser un chameau sur le pas de porte d’un chalet de haute montagne et tout ça gratuitement. Si c’est pas un bûcheron de l’extrême, c’est au moins un vétérinaire de talent.
Au delà de ces allusions télévisuelles assez douteuses, Colorado, c’est aussi le nom d’un duo originaire de Saint Brieuc. On est bien loin des étendues sauvages qui font rêver les trappeurs, mais Charles et Martin nous embarquent assez facilement avec eux. Seulement âgés de 35 ans (à eux deux) les deux compères ont déjà un sérieux bagage musical qui laisse penser à des noms connus comme Tellier, Metronomy, pépé Moroder à des choses plus discrètes comme John Maus ou Daroc. Une culture musicale à faire pâlir le responsable de rayon de votre Fnac et que les deux arrivent à modeler pour donner naissance à une musique aussi fraîche que la Bretagne en hiver et attirante qu’en été.
C’est d’ailleurs le cas avec ce premier opus sorti au début de l’année 2016. Wind and Movement s’ouvre doucement pour nous faire découvrir la musique du groupe. Une teinte froide et surtout une envie de mêler sonorités modernes et textures analogiques. S’il fallait nommer le style du groupe, on pourrait laisser entendre qu’il s’agit d’une synthpop réfléchie et maîtrisée, mais on ne serait pas sûrs pour autant de ce que l’on dit tant le groupe s’amuse avec nos références. Nous voilà donc comme l’Académie Française : perdus dans les mots et la musique.
Wind and Movement s’ouvre sur…Wind and Movement. Une voix et une nappe de synthé récupérées par un beat lancinant. On a déjà entendu ça quelque part sans pouvoir trop dire où, mais le cocktail marche très bien et, pour une fois, la Bretagne a du bon même en plein milieu de l’hiver. Colorado ne nous laisse pas attendre pour nous montrer ce qu’ils sont capable de faire avec les conseils du rennais (encore un breton) Timsters qui s’occupe de la prod. Synthé et nappes se retrouvent face à des sons plus récents et le premier morceau nous dirige très calmement vers la suite. Une sorte de relation physique quasi-sexuelle qui nous amène vers un Off The Road puissant. Contrairement à certains types de relations (dont la majeure partie est connue des plus frippons d’entre vous), celle-ci se fait tout en douceur. Aucun matraquage musical ni de « tape dans l’fond, chui pas ta mère ». Colorado, c’est des bisous et des mots susurrés dans l’oreille.
Véritable climax de l’album, ce titre est sans doute le plus violent de l’album. Une jouissance musicale qui s’apaise au long de son écoute et laisse la place libre à la douceur d’un Interlude qui aurait trouvé sa place dans une BO d’un bon film de SF. Enfin, c’est La Vague qui termine l’EP avec, toujours, ce mélange aujourd’hui-hier entre nappe et un vocal qui trouverait sa place dans une prod trap des plus communes. Heureusement ce n’est pas le cas…
Au final Colorado, c’est un peu le nouvel espoir de la Bretagne. Après le Far et le Kouign amann, voilà enfin que la région nous fait envie musicalement parlant. Après ce premier EP qui laisse présager de belles choses pour la suite. On imagine qu’une fois arrivés à 40 ans, le duo aura encore de belles années devant lui.
KENAVO !
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