Il est de ceux et celles qui donnent foi en l’avenir de la chanson française. Portrait d’Eddy De Pretto qui, avec son premier EP « Kid » sorti début octobre, a véritablement posé les bases d’un univers où la mélancolie et le désabusement s’animent sur des mélodies dansantes et teintées de diverses couleurs.
Après être passé par l’Institut Supérieur des Arts de la Scène, s’être adonné au chant, à la danse ou encore au théâtre sur « ses bancs » et avoir abordé ces différentes formes d’art de la manière la plus globale possible, Eddy De Pretto le savait. Son ouverture d’esprit fraîchement renforcée, il allait l’utiliser pour se créer son univers ou plutôt pour nous le dévoiler de la façon la plus transparente possible. Son univers ne date en effet pas d’hier si l’on se refère aux dires ou au parcours du jeune artiste de 25 ans.
Originaire de Créteil, il grandit une oreille tendue vers la voix du crooner Claude Nougaro et une autre tendue vers les rimes incisives de Sinik, entre autres évidemment. Ceci étant dit, on comprend aisément pourquoi les paire de sneakers aux pieds qu’Eddy défendent sa musique sur scène et surtout pourquoi son flow n’a rien à envier aux rappeurs en vogue du moment. Pourtant, ce n’est pas du rap que nous propose l’espoir de la chanson française. Ni de la chanson française, ni tout autre chose d’ailleurs car ce serait un affront de vouloir à tout prix faire rentrer dans une case l’oeuvre du Kid.
Une écriture à la fois introspective et à la fois criante d’une vérité difficile à entendre pour les plus conservateurs. Eddy de Pretto ne mâche en effet pas ses mots, loin de là. Il les déclame avec élégance et ses sentences n’ont pas à rougir face aux textes les plus poignants de la chanson française tant l’écriture du jeune homme est poétique, certes, mais… Chacune de celles-ci résonnent en ces temps où notre société, bien qu’en pleine mutation, se heurte encore et toujours à des problèmes archaïques comme le diktat d’une virilité imposée (cf. Kid). Loin de s’arrêter à ces thèmes problèmatiques et malheureusement archaïques, le Kid s’attaque également, avec le morceau « Jungle de la Choppe » à une société où l’égo de chacun a pris bien trop de place, en témoigne le nombre d’applications de rencontre-shopping disponibles à l’achat ou au téléchargement.
Comme si la partie immergée de l’iceberg ne lui suffisait pas, Eddy De Pretto s’attaque également à ce qui se cache derrière ces jeux d’apparence : des âmes en peine qui grincent des dents le soir pour oublier qu’ils sont incapable de se dépêtrer de la Toile… L’artiste, salué encore et encore par la critique, est donc un romantique dans l’âme, blasé, mélancolique, dôté d’un sens critique exacerbé et n’ayant d’yeux que pour ce qui le fait vibrer, n’en déplaise à quiconque. La reprise de « Je ne suis pas fou », morceau qu’on doit au rappeur le plus polémique de France (nb. Jul) est ainsi fièrement interprétée, comme si Eddy clamait haut et fort qu’il n’a comme seul conseiller que son cœur.
Un artiste à suivre sans plus attendre, ne serait-ce que pour ce que la diversité de son univers nous laisse imaginer comme featurings à venir : Christine and the Queens ? Feu Chaterton ? Polo & Pan ? Odezenne… Et vous, quels sont vos pronostics ? Une chose est sûre, ces adieux faits en bonne et due forme à sa ville natale « Beaulieu », le jeune artiste doit certainement entendre les paroles de « Le Monde est à moi » d’une autre oreille et de ce fait avoir envie de défendre ce premier projet et ceux à venir sur des scènes de plus en plus grandes.
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