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Lecteurs non parisiens, ce n’est que pour vous que nous rappellerons ce qu’est la Concrete. Cette péniche située au Quai de la Rapée est devenue une véritable institution techno et house à Paris. Certains lui attribuent même un rôle pionnier dans la renaissance de la fête parisienne dont on s’était trop tôt persuadé de la mort.

On dit des grands marathoniens kenyans que leur force réside dans ce second souffle qui leur permet d’entrer en quasi état de transe et courir avec la légèreté de Jesus marchant sur l’eau. L’analogie avec le fêtard du dimanche est bien-sûr une hérésie mais n’en demeure pas moins sensée. Car cette musique répétitive porte et transcende le clubber aguerri ou néophyte jusqu’à ce que l’euphorie le submerge et lui donne la force de claquer ses baskets sur le parquet quand bien même le corps serait lourd de quelques sept heures de danse intense.

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Depuis 2011, c’est le crédo de la Concrete : sortir la musique techno de ses sentiers battus et revisiter nos traditions dominicales. De sorte que votre traditionnel « jour-d’après-le-samedi-soir » soit plus qu’une après-midi de cuite, d’oisiveté dans le canapé de Mamie à regarder Michel Drucker les yeux rouges en quête d’un Alka-Seltzer ou de tout ce qui s’y substituerait ; la tarte aux pommes aux comissures des lèvres, le yogging Adadas semainal et la flemme d’un Ours des Vosges en hypothermie régulée. Avec la Concrete et ses bombances diurnes, ces dimanches caverneux  sont sublimés par une ultime journée de liesse et d’ivresse musicale.

Bien qu’il pleuve ce dimanche 16 novembre,  il règne une ambiance bon enfant sur le ponton de la péniche. Des gris anthracite automnaux, de la Seine au ciel, ont beau se faire des œillades, ça n’empêche pas la jeunesse parisienne de chiller comme si nous étions sous le soleil de la Riviera. La monotonie de novembre reprendra ses droits demain, il n’est pas encore l’heure d’y penser. La Concrete peut se résumer comme ça : un « toujours plus » un « c’est pas fini » propre à la musique éléctro, pour ces jusqu’au-boutistes qui pètent de plus en plus leurs câbles à mesure que les BPM accélèrent puis ralentissent puis accélèrent à nouveau. La techno, défie les lois du temps, c’est l’aube qui embrasse le crépuscule, le début qui tutoie la fin, brassé dans un éternel recommencement.

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Il est 17h, la Concrete a commencé il y a déjà dix heures. On descend dans la cale du bateau, et on est à nouveau saisi par ces contrastes, par la torpeur et l’ardeur, l’obscurité absolue assaillie par des spotlights soudains, une sensation singulière à la fois langoureuse et hyperactive. Les corps sont moites, frénétiques, abandonnés à la puissance démiurgique de Nina Kraviz qui nous brinqueballe, pantins de chaires, entre la Techno, l’Acid, la House. Certains sont agrippés aux enceintes, d’autres recherchent l’air des ventilateurs en balançant leurs cheveux au vent donnant à leur danse un supplément de folie, s’il en était encore besoin.

Pas encore tout-à-fait camouflé dans le paysage ambiant, pas encore autant désinhibé au niveau que le réclame la Concrete, nous pensons au lendemain et décidons de nous arrêter après le set de Nina Kraviz. Mais en partant, nous nous jurons de vivre prochainement l’expérience à fond et de vous faire vivre une Concrete de  l’aurore au crépuscule, du crépuscule à l’aurore.

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Crédit Photo : Lambert Saboureux

A propos de l'auteur

Rédacteur Musique et Critique Ciné.

Diplômé en littérature comparée et communication, a étudié la naissance du fantastique en littérature et sa transposition cinématographique ; chroniqueur cinéma et musiques actuelles sur le web.

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