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DavyCroket est né du marasme gadoueux des festivals. La boue, les insolations anisées, les toilettes sèches et le saucisson suintant sont son essence. Du 10 au 20 juillet dernier, on a passé 8 jours dans ces douces ambiances (t’as fait le calcul, on s’est quand même reposé deux jours). Retour sur deux expériences antagonistes. Tout d’abord, le familial Terres du Son avant la débauché Belge de Dour.

JOUR 1 : Quand Maman s’invite au festoch’

Nous sommes le 10 juillet et nous allons participer à notre énième Terres du Son, avec un peu moins d’enthousiasme que d’habitude au regard de la programmation convenue, un brin caponne. Mais nous connaissons les conditions optimales de ce festival, son cadre royal  dans le domaine du Château de Candé et son ambiance joviale : on plante la tente avec plaisir… Même si l’exiguité du camping nous agace. L’an passé on avait déjà remarqué la négligence des organisateurs face à cette population de campeurs qui devrait pourtant s’attirer la plus grande attention. Le campeur, bien que tout crotté et alcoolisé, est l’âme d’un festival, n’en déplaise à la mémère bourgeoise de 50 ballets interviewée par France 3 qui déplore « l’état indigne de ces jeunes trop souls ».

Alors, Terres du Son, tu choisis la vieille rombière des Prébendes ou le d’jeuns addicte au Caps ? Il semble que depuis quelques temps déjà, tu as fait ton choix en faisant les yeux doux au protagoniste ayant le plus gros pouvoir d’achat et en poussant vers la sortie le dreadeux licencié des Tanneurs.

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On commence notre festoch’ devant la performance de The Do qu’on avait vu en 2008 à Terres du Son. Rien n’a vraiment changé. On pense qu’ils reviendront en 2022 pour miauler On my Shoulder. Dans la foulée on apprend l’annulation du concert de Boris Brejcha, le seul artiste qui nous enflammait un peu à la lecture de la prog’. Tant pis, ce sera notre Don Rimini national qui le remplacera. Il a réussi à pallier l’absence du DJ masqué avec un set éclectique et réjouissant. Enfin, l’autre concert marquant de la soirée : celui de Chinese Man qui, soit dit en passant, est à l’affiche d’absolument tous les festivals d’Europe. On connait l’hyperproductivité des chinois...

JOUR 2 : Les bons produits du terroir

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On n’est pas encore devenu la Nouvelle République, mais ce qu’on aime à Terres du Son, c’est avant tout son village. Cadre magnifique, nourritures exquises et abordables, bonnes bières de Touraine, jazz et electro pépère : on s’y sent bien. C’est ainsi que nous passons ce samedi à flâner. Le soir, on écoutera Thylacine, prodige français d’une musique électronique acoustique ; on snobera Fauve, groupe de variété française prétentieux (le refus d’être pris en photo ou filmé, c’est starlette désolé) dont l’écriture pompeuse fait plus penser aux sensibleries exaltées d’un élève de 1ère Littéraire plutôt qu’à Brel (leur supposé modèle) ; et on appréciera la prestation énergique de Skip&Die, remarqué l’an passé à Aucard de Tours.

JOUR 3 : Record Battu !

Le dimanche, c’est souvent le jour de vérité pour Terres du Son. On y bat les records d’affluence ; Papa y prend sa cuite de l’été et le néo-bachelier-néo-festivalier tombe dans son premier coma éthylique (trop mignon). Bref, un jour de fête, comme un bouquet final. Et qui mieux que Zoufris Maracas, les One Direction des cgtistes pour célèbrer cette liesse populaire ? En plein cagnard, les sétois réjouissent l’assemblée qui se donne du bras dessus bras dessous. Puis, des communistes en cachant d’autres, c’est au tour de Massilia Soundsystem de venir implorer la mort des financiers, pendant que tout ce petit monde dodeline gaiement de la tête en remplissant ses K7, les cartes prépayées, celles qui servent à empêcher ses satanés bénévoles de piquer dans les caisses.

Trampons un peu notre langue fiéleuse et profitons de cet instant pour remercier les organisateurs d’avoir pensé à nous avec un espace VIP qui nous a permis de  vraiment se détendre entre 2 concerts les fessiers posés dans des transates !

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Et puis ce fut le tour de Damian Marley. Un concert un peu décevant parce que trop haché par des « pull up »abusifs. Au moins, il nous a épargné le répertoire de Papa Bob, chose dont ne s’était pas gêné le frère Ky-Mani, l’an passé.

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Enfin, nous sommes revenus au village pour apprécier les performances des DJs du cru. On a aimé le set de Dj Loup-Garou (que nous dénommerons ainsi pour l’exhibition plus ou moins contrôlée de ses canines) qui nous a ravi et a comblé le manque criant de techno dans ce festival à l’aide de tracks à 135bpm et notamment la très appréciée The Gand de Julian Jeweil.

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Nous avons achevé la party avec la prestation convaincante de The Avener, qui de samples pop en remixes éléctro a raccompagné tranquillement tout le monde vers la sortie.

Pour conclure, Terres du Son semble prendre la direction d’un festival à la Vieille Charrue plus orienté variété que musiques alternatives comme auparavant. Il s’est très bien institutionnalisé et pour preuve, il a battu son propre record d’affluence avec 48 500 spectateurs. Si c’est devenu un festival un poil moins enervé et plus orienté famille, il faut saluer ses efforts en termes d’écologie et son engagement auprès des handicapés puisque vous pouviez circuler absolument partout avec un fauteuil roulant, et ça, c’est pas rien.

Pour ce qui est du transport, de l’excitation, de la transe on ira du côté de la Belgique. Dour festival nous voilà.

Crédit photo : Julia Lasry

A propos de l'auteur

Rédacteur Musique et Critique Ciné.

Diplômé en littérature comparée et communication, a étudié la naissance du fantastique en littérature et sa transposition cinématographique ; chroniqueur cinéma et musiques actuelles sur le web.

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