Furi, plus qu’un jeu, une claque sonore et visuelle

J’avais envie de commencer mon article en parlant de cinéma histoire de ramener ma culture ridicule en la matière et tenter de briller dès les premières lignes de l’article. Le fait est que je ne suis pas doué du tout pour ça et que ça risque de partir dans un bullshit sans nom. Le cinéma c’est bien, le cinéma c’est beau et c’est encore plus cool avec de la musique. 

Parce que la magie du cinéma, elle est là aussi. Dans cette relation entre l’image et le son qui vient rajouter une toute autre dimension à ce que l’on voit. Je suis sûr que certains d’entre vous se sont déjà fait des petits films en écoutant tel ou tel morceau. Les autres ont peut être frémi avec les premières notes d’une musique associée à une scène épique. Bref, si le cinéma c’est si bien que ça, c’est aussi parce que la musique a un beau rôle. Celui de capter nos oreilles pour éviter d’entendre le voisin qui s’enfile son popcorn avec autant de respect qu’un pote qui ne finirait pas la bière qu’on lui offre ou bien, plus simplement, de nous plonger pleinement dans ce que l’on voit à l’image. Imaginez que Dark Vador débarque sur le dernier tube de Yvette Horner. Un véritable loupé qui n’aurait pas pu terminer par le mythe que l’on connait autour du personnage.

Loin des frères Lumière et de leur première captation vidéo, on part direction un univers étrange et coloré qui pourrait sortir tout droit de la vague synthwave qu’on vous a présenté avec un certain Carpenter Brut il y a quelques temps. D’ailleurs, la transition est toute trouvée puisque le monsieur fait partie des artistes retenus pour signer la BO de Furi.

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Le nom est lancé. Furi est le dernier jeu du studio français The Game Bakers basé à Montpellier. On a le droit de pousser un superbe cocorico quand on sait que le jeu n’a cessé de recevoir les éloges de la presse spécialisée depuis son annonce. Il faut dire que c’est le genre de jeu qui ne laisse pas de marbre avec son concept des plus simples servi par une direction artistique hyper poussée et maîtrisée de bout en bout. Elle s’installe dès les premiers instants du jeu pour ne plus nous quitter, même si la partie est sauvegardée et la console éteinte. En clair, soit on adhère totalement, soit on passe à côté d’une réalisation parfaite.

Avant de parler de la musique, il faut parler du jeu en lui-même. Furi c’est donc le principe même du jeu vidéo poussé à l’extrême : les boss de fin de niveau. Ici, ces êtres censés vous apprendre la vie en cherchant à vous tuer seront les seuls ennemis que vous croiserez. Une idée simple mais poussée par une mécanique nouvelle, pensée depuis des années par Emeric Thoa, qui donne aux escarmouches une toute nouvelle valeur. En quelques mots, une parade bien placée ou une barre de vie usée et vous regagnez la vôtre. Une règle qui peut vite se retourner contre vous si vous ne faites pas attention et qui donne, par moment, naissance à une partie de tennis à coup d’épées et autres armes bien badass. Certains joueurs reconnaîtront d’ailleurs la touche d’un certain Takashi Okazaki à qui on doit déjà Afro Samurai. Et, s’il fallait le comparer à un autre jeu, on pourrait dire que Furi lorgne sans difficulté du côté de la série des Souls du studio japonais From Software.

Une belle comparaison tout à fait méritée par la direction artistique du studio qui prend encore de la valeur si l’on se penche plus longuement sur la musique du jeu. Une bande originale qui devient, à elle-même, un des personnages du jeu. En plus de signer un jeu qui mérite la note de réussite/20, l’équipe du studio montpelliérain a en effet su s’entourer de quelques artistes plus classieux les uns que les autres pour faire passer l’ambiance du jeu directement dans nos tympans. La direction artistique se trouve en effet magnifiée par des noms plus ou moins connus comme The Toxic Avenger, Danger ou encore Carpenter Brut et Lorn.

Véritable ode au jeu, la bande originale de Furi peut aussi voler de ses propres ailes quand on se laisse prendre dans son univers musical. Pas moins de sept artistes ont ainsi planché sur les différents morceaux qui la compose avec une homogénéité assez hallucinante. Au final, on pourrait presque croire qu’il s’agit d’un seul et même artiste. Ainsi le travail conjoint des noms cités plus haut avec ceux de Scattle, Waveshaper et Kn1ght donne naissance à cet artiste inconnu dont la flamme pourrait facilement brûler sous un monument dédié à son boulot.

Le début de l’album est calme et l’on comprend très vite à quel sein on va être nourri. Quelques secondes suffisent pour qu’un déluge de boules de pétanques s’abattent sur les synthés. Coup de bol, j’adore aller au boulodrome. Tout au long de l’album, on découvre les univers musicaux de chacun et le tout se mêle à la perfection. La violence de l’un se trouve calmée par la petite douceur d’un autre, les explorations du premier s’associent parfaitement à la folie du suivant. Un semi-mélange des genres qui n’en est pas un (CQFD).

Au final, on se promène dans des paysages musicaux différents mais toujours intimement liés les uns aux autres. Je parlais d’homogénéité plus haut, mais le mot ne colle pas à ce qu’on nous propose. Tous les artistes explorent des facettes différentes de la synthwave sans pour autant se marcher sur les pieds pour notre plus grand bonheur. Si ça fait cet effet sans l’image, imaginez alors ce que ça peut donner ingame.

Comme pour affirmer leur réussite, les membres de The Game Bakers sont allés encore plus loin pour le plus grand bonheur des mélomanes avec deux cadeaux.

Le premier

L’intégralité de la bande originale du jeu est disponible en version numérique sur Bandcamp, mais aussi sur vinyle. Une belle édition limitée en 2 disques, un bleu et un rose, qu’on ne peut que recommander. Si le coloris type Un gars, Une fille pourra en rebuter certains, mais le fait d’avoir cette BO sur vinyle risque de convaincre les autres.

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et le second :

Pour fêter cette union d’artiste, The Game Bakers Studio s’installera dans l’enceinte de la Machine du Moulin Rouge à Paris avec quelques uns des responsables de la BO. On pourra ainsi retrouver Carpenter Brut, Toxic Avenger, Waveshaper et Kn1ght le vendredi 8 juillet pour fêter l’arrivée de ce jeu dans les mains de quelques joueurs impatients de se frotter à un boss run des plus hardus (événement Facebook ici).

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Pour finir sur une note plus vidéoludique que jamais, on peut le dire, le fameux rapport durée de vie/prix est là quand on voit le nombre de niveaux de difficultés proposés par le jeu. Quant à la BO, elle risque d’alimenter pas mal de petits films intérieurs et, pourquoi pas, d’accompagner les rage quits des joueurs les plus audacieux.

Pieral Amanette

The Game Bakers

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