Avant toute chose, il faut souligner que cette critique porte sur la version originale et non-censurée du film. Afin de profiter pleinement de ce dernier, il est même recommandé de ne voir que celle-là. Sur cet avant-propos, critiquons, mes bons !

Les films de super-héros sont légion depuis quelques années et envahissent petits et grands écrans, au point où le public peut parfois frôler l’indigestion. Nouvelle année oblige, de nouveaux blockbusters se profilent à l’horizon. Mais alors que la quasi-totalité des regards est tourné vers « Batman vs Superman » qui doit sortir cet été, que vaut ce long-métrage portant sur l’anti-héros le plus connu de l’univers des comics ?

Pour résumer le personnage de Deadpool à ceux qui ne le connaisse pas, ou que le matraquage web/publicitaire a épargné, il s’agit d’un personnage tiré de l’univers Marvel se démarquant par des traits particuliers : plus qu’un héros il s’agit d’un mercenaire, officiant donc du bon comme du mauvais côté suivant qui paie le plus. Il est doté d’un humour aussi noir qu’un ramasseur de coton et aussi sanglant que le dos de ce dernier, et enfin il adore casser le quatrième mur pour venir parler directement à ses lecteurs.

Il était donc essentiel de retrouver ces quelques ingrédients dans le long-métrage qui lui était dédié. S’agissant du premier opus (et peut-être du dernier) consacré à l’irrévérencieux trublion, l’histoire est on ne peut plus classique puisqu’il s’agit des origines du héros jusqu’à la fin de ce qui pourrait être le premier comics. Aucune subtilité de scénario ni de rebondissements majeurs ne sont à prévoir et ce n’est d’ailleurs pas le but du film. Non, Deadpool est là pour deux choses : distribuer des bonbons et casser des gueules. Sauf qu’il est à court de bonbons.

Il est agréable de voir derrière la caméra un réalisateur dont le nom n’est pas forcément hyper connu mais dont l’annonce saura ravir les fans : Tim Miller, qui n’est autre que le superviseur des effets spéciaux de « Scott Pilgrim ». Sans partir dans la digression, Scott Pilgrim est un véritable culte du cinéma de la dernière génération, hommage vibrant aux icônes de la culture-pop, et se distinguant autant par son traitement loufoque que par sa mise en scène visuelle hyper-élaborée.

deadpool1-gallery-image

Tim Miller a gagné en discrétion cependant depuis « Scott Pilgrim » et la réalisation se voit épurée de tout les effets « geeks» (bulles à l’écran, effets tirés de jeux-vidéos, etc) pour passer à un genre plus sobre mais tout aussi efficace. L’américain n’a en effet pas perdu de sa fougue ni de sa vivacité et dès les premières images, il tient à nous servir un long-métrage au style visuel propre.

Ainsi,  dès le générique d’introduction (qui est une réussite incontestable), les plans de Deadpool et le rythme du film sont travaillés au mieux afin de refléter le caractère survitaminé et délirant du mercenaire rouge. Plusieurs séquences s’avèrent remarquables tant elles empruntent avec justesse à l’univers des comics Marvel et révèle une mise en scène jouissive. La première scène d’action en est le parfait reflet avec son passage du « chargeur de douze balles » qui donne au cinéma de super-héros ce qui lui manquait depuis longtemps : le petit grain de réalisation en plus qui fait la différence.

Loin des réalisations aseptisées que peuvent être les Avengers ou autre Captain America, Deadpool s’impose autant par son visuel que par son personnage ultra-charismatique, interprété par Ryan Reynolds.

Loin de son rôle critiqué de Green Hornet, Ryan Reynolds devient indissociable du personnage de Deadpool pendant les 1h49 de film. Aidé par une écriture du héros des plus fidèles au matériau de base, on sent que l’acteur a pris un plaisir énorme à interpréter l’irresponsable anti-héros, allant jusqu’à se vanner lui-même.

A  l’exact opposé, le reste du casting est anecdotique. Le budget a été très serré, et ça se sent : 50 millions de dollars pour produire le film. A titre de comparaison, le dernier opus des Avengers a coûté 250 millions à produire et le salaire moyen de DiCaprio est de 10 millions par film. Passé au spectre de l’industrie Hollywoodienne, on réalise vite que des sacrifices ont été faits. Cependant, ce n’est pas pour autant un point si noir. Certes on note l’apparition de seulement deux X-Men et les méchants sont clairement en carton, mais le personnage de Deadpool se suffit à lui-même. Pas besoin de plus d’aide pour botter des culs, il y a Deadpool. Pas besoin de sidekick pour faire des blagues, il y a Deadpool.

Enchaînant les références musicales et cinématographiques, taclant volontiers ses camarades X-Men et brisant en permanence le quatrième mur, il porte à lui seul le film. C’est d’ailleurs toute la prouesse du long-métrage. Pour qu’un film de super-héros soit réussi, on note généralement au moins un méchant charismatique ou une équipe d’alliés venant ajouter du sel à l’intrigue et aux joutes aussi bien verbales que physiques. Pour l’exemple, The Dark Knight voit son succès autant dans la force du Batman de Bale que dans l’éclat de l’interprétation d’Heath Ledger en Joker sociopathe. Ici, rien de tout ça, Deadpool remplit tout les rôles, et il le fait à merveille.

deadpool-header-2

Le film n’est certes pas parfait. Quelques incrustations sont encore trop visibles, certains effets visuels (surtout concernant le personnage de « Negasonic Teenage Warhead ») sont mêmes un peu ratés. Il est également trop court et se dote d’une trame narrative très classique, révélant une écriture un peu inégale et qui, en dehors de son personnage principal, n’a pas pris de risques.

Cependant, il y a presque trop de bonnes choses à souligner sur 109 minutes pour s’attarder là-dessus. Entre auto-dérision, passages complètements barrés, bande-son excellente, Deadpool enchaîne les bons points à une vitesse fulgurante nous faisant bien vite oublier ses petits défauts.

Au final, Deadpool ne plaira certainement pas à tout le monde tant il peut être trash et peu conventionnel pour un Marvel. Sortant mondialement aux alentours de la St-Valentin il est même peu recommandé d’emmener votre douce voir ce film sous peine de finir la soirée sur Tinder. Violent à souhait, doté d’un humour omniprésent et d’une mise en scène sous acides, le film saura pourtant largement conquérir un public las des productions trop classiques qui nous sont matraquées chaque été. Si vous êtes à la recherche d’un vent frais et de nouveauté, les affiches l’ont annoncé : vous allez prendre votre pied.

A propos de l'auteur

Rédacteur Cinéma

Spectateur compulsif de cinéma et de séries, écrivain passionné, chroniqueur web.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié.