Le DJ et producteur Americano-chilien, Nicolas Jaar s’est produit le jeudi 28 septembre dernier à Ramallah, la capitale de l’autorité palestinienne.

Fraîchement débarquée de France au début du mois de septembre, la Palestine m’était totalement inconnue. Quoi de mieux pour découvrir un pays que d’y faire soirée. Sans attendre jetons nous donc dans le bain du concert de monsieur Nicolas Jaar.

L’événement s’est tenu sur les hauteurs de Ramallah, au très huppé Grand Park Hôtel, dans le quartier d’Al-Masyoun. Organisé par le Jazar Crew, le show a réuni plusieurs centaines de personnes. Ce succès incontestable confirme le rôle clé de ce groupe de potes pour la nuit palestinienne. Ils ont fondé le crew en 2009 avec pour objectif de faire découvrir aux palestiniens la diversité de la musique électronique. Diversité, était le maître mot de cette soirée. Qui était à la fois, électrique, poétique et politique.

La première partie a été assurée par Muqata’a,  qui a commencé à chauffer la foule par un set expérimental mêlant sonorités de machines et mélodies funk, avant l’arrivée de la très attendue tête d’affiche à 22h pétante.

Ce dernier a proposé un live de qualité fusionnant musique et prise de position politique. En effet, le choix de certains morceaux tirés de son dernier album Sirens comme no ou Three sides of nazareth. L’un traitant de la dictature sous Pinochet et du référendum de 1988 lors duquel le peuple lui refusait la prolongation de son règne. Le second abordant l’apartheid en Palestine et le mur de la honte érigé par le gouvernement israélien. Le tout mélangé à des envolées expérimentales appréciées par le public à en croire l’atmosphère quasi religieuse que l’on a pu ressentir à certains moments. Preuve que la venue, exclusivement en terre palestinienne, de Nicolas Jaar était évidemment un acte militant pour la cause palestinienne, d’où est origine le père de l’artiste au demeurant.

Il a d’ailleurs introduit son live avec un poème du grand Mahmoud Darwich, Farewell to edward said, symbole de la résistance palestinienne face à l’occupant israélien, suivi d’un opéra également écrit par Darwich, Ahmad al Arabi, interprété par Oumeima El Khalil.

Cette exclusivité palestinienne a été reconfirmée sur la page facebook du Jazar crew qui aborde l’événement comme un acte de soutien au mouvement pacifiste d’indépendance palestinien.

Seule fausse note sur ce live réglé comme du papier à musique, ce dernier a à peine duré 2 heures et comme nous le confira plus tard l’un des spectateurs présents dans la salle « c’était vraiment trop court, nous on avait soif de musique, de sa musique ».

Le closing a été assuré avec brio par Khata’Matt un trio, une femme Makimakukk et 2 hommes Julmud  et Al Nather  , remixant avec génie les sonorités arabes et hip-hop.

Mais pour se rendre encore plus compte de l’ambiance ce soir-là, on a décidé de demander aux personnes présentent dans la salle leur avis sur le concert.

 

Interviews

Nom
Ramzy

T’habite où ?
Ramallah

Tu fais quoi dans la vie ?
Je suis réalisateur

Tu connaissais Nicolas Jaar avant aujourd’hui ?
Oui je l’ai découvert à ses débuts.

T’as pensé quoi du concert  ?
A vrai dire, ce soir j’étais un peu ailleurs, ce genre d’événements un peu trop hype et fancy c’est pas trop mon truc d’habitude. Mais je dois dire que ce type a le talent pour jouer avec le subconscient des gens et je respecte ça. En plus, il est à la croisé des chemins musicalement il est dans l’expérimentation, la mélodie, la house…etc ce qui est plutôt intéressant.

Nom
Maha

T’habite où ?
A Nazareth !

Que fais tu dans la vie ?
Avocate, je viens de finir mes études et là j’ai commencé à travailler.

Tu connaissais Nicolas Jaar avant aujourd’hui ?
Ouais depuis longtemps, je suis une grande fan de son travail.

T’as pensé quoi du concert ?
Pour être honnête, j’ai trouvé le set beaucoup trop court et y avait pas assez de monde. Mais c’est peut-être à cause du fait que Ramallah n’est pas encore bien habitué à ce genre de vibe, des concerts de ce style là sont assez rares. Mais dans tous les cas, la musique de Nicolas est incroyable, j’ai beaucoup aimé.

 

Nom
Ohad

T’habite où
Dans un petit village à coté de Akko.

Tu fais quoi dans la vie ?
J’ai un restaurant, le Savida à Akko.

Tu connaissais Nicolas Jaar avant aujourd’hui ?
J’ai entendu parler de lui bien avant bien sur ! Parce que j’adore faire la fête et sa musique s’y prête bien .

T’as pensé quoi du concert ?
Tu sais moi je suis israélien, donc c’est ma première fois à Ramallah, et quand je vois comment on fait la fête ici je me dis que c’est incroyable. Tu sens que c’est nécessaire ici, que les gens font la fête car ils en ont besoin pour penser à autre chose et pour oublier le temps d’une soirée l’occupation.

A Ramallah c’est vraiment authentique. Pour venir, j’ai du traverser la frontière et au check point y a un message à l’attention des citoyens israéliens qui nous dit que venir en Palestine c’est dangereux et que c’est un territoire interdit pour nous. Mais quand je vois ce que je suis entrain de vivre ce soir, ça me donne de la force et j’oublie l’interdiction.

Nom
Zeina et Lina

Où habitez vous ?
Moi j’habite à Jerusalem (Zeina) et moi à Ramallah (Lina)

Que faites vous dans le vie ?
Je suis chef d’orchestre (elle répond en Français) (Zeina)
Moi je travaille dans une galerie d’art. (Lina)

Comment ça se fait que tu parles aussi bien français ?
J’ai vécu à Angers pendant 2 ans.

Comment avez vous entendu parler de Nicolas Jaar ?
On le connaît depuis longtemps, et je l’ai découvert grâce à Lina.

Qu’est-ce que vous avez pensé du concert ?
C’était vraiment fou on a kiffé !

Nom
Karam

T’habite où ?
Ramallah, j’étais à Berlin pendant 2 mois je suis rentré aujourd’hui.

Tu fais quoi dans la vie ?
Je suis réalisateur et Dj

Tu connaissais Nicolas Jaar avant aujourd’hui ?
Depuis longtemps évidemment, il est tellement créatif, la fusion des différents genres te fait danser et ça reflète beaucoup d’émotions et de sentiments.

T’as pensé quoi du concert ?
J’ai trouvé ça court, j’ai aimé mais beaucoup trop court, c’est pas que je voulais entendre plus de sa musique mais j’avais soif de sa musique donc ça m’a un peu déçu qu’il joue même pas 2h.

En plus, quand il a samplé un poème de Darwich je me suis dis au début mais t’es qui toi pour te permettre de jouer ça mais après quand j’ai appris qu’il était d’origine palestinienne par son père, je me suis dis que c’était cool qu’il intègre un chef d’œuvre de la poésie palestinienne dans sa performance et j’espère vraiment que les étrangers présents dans la salle ont capté le sens révolutionnaire qui se trouve derrière ce poème.

Sara Kheladi pour Davycroket.com

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